Dragon Age - A Warden Story

7. Fuite à travers bois

La trappe se referma dans un lourd vacarme, plongeant le Garde des Ombres et la jeune femme dans une obscurité quasi totale. La lanterne que Duncan avait prise dans le cellier avant leur descente dans le passage secret était leur seule source de lumière. Sa lueur faiblarde n'éclairait pas à plus d'un mètre. Il y eut un bruit dessus d'eux, le frottement d'une caisse lourde contre le sol, qui s'arrêta juste au niveau de la trappe. Reann étouffa un sanglot qui secoua ses épaules. Sa mère venait de condamner l'issue. Plus personne ne pourrait passer par là, pour revenir ou fuir.
Elle essuya les larmes coulant sur ses joues et embrumant ses yeux avant que Duncan ne pose la main sur son épaule. Sans attendre que l'homme ne parle, Reann lui dit de passer devant, puis lui emboîta le pas.
Bâtit sur la plus haute colline des bords de côte et entouré de rempart, le château de Hautecime et sa cité furent pensés pour tenir un siège. Mais ces anciens habitants avaient également creusé la terre et la roche sous l'imposant édifice pour fuir en cas de nécessité. Le tunnel était étroit. L'humidité et la corrosion sur les blocs de pierres grossièrement taillés prouvaient que l'endroit n'avait pas été rénové depuis plusieurs siècles. En posant sa main sur le mur pour s'aider à avancer, des souvenirs en lien avec ce lieu secret emplirent l'esprit de Reann. Elle entendit raisonner les rires moqueurs d'un Fergus adolescent voyant sa petite sœur trébucher sur un cailloux avant de dévaler les marches comme un vulgaire tonneau, le rire nerveux d'un Roland encore enfant, soucieux d'être réprimander pour son absence au château, puis le rire chaud d'un amour passé qu'elle retrouvait ici pour partir sur les côtes et échapper aux regards indiscrets des domestiques ainsi qu'à ceux plus inquisiteurs de ses parents. Ce lieu, autrefois apparenté à l'insouciance pour Reann, se verrai à jamais entaché par le sang de ses proches abandonnés et le souvenir de sa fuite.

Peu à peu, les blocs laissèrent place à de la roche, et les pavés à de la terre. Un courant d'air fit frissonner Reann. Il portait avec lui l'intensité lourde d'un orage en approche mêlée à une odeur de fumée âcre. Duncan éteignit la lanterne lorsque la sortie fut en vue afin de ne pas risquer d'attirer l'attention. Il la laissa sur le sol, puis s'aventura prudemment à l'extérieur. Reann resta dans l'ombre, juste à l'entrée de la grotte. Elle regarda à sa droite, là où, à quelques mètres seulement, se trouvait le rivage. Grâce à la lune pleine, elle distinguait parfaitement les ondulations de la mer ainsi que la masse de nuages sombres qui glissait doucement vers le sud-est. Malgré l'orage à venir, l'idée de fuir seule lui traversa l'esprit. Elle pourrait trouver une barque, puis suivre la côte vers l'ouest, jusqu'aux Côtes Orageuses. Là-bas, elle y retrouverait la famille de sa mère, les Mac Eanraig, et ils l'aideraient. Howe ne se risquerait surement pas à aller la chercher là-bas, car le bannerai des Côtes Orageuses avait pour réputation d'être sauvage, et la famille à sa tête peu cordiale avec les étrangers, et plus encore envers les traîtres. 

— La voie est libre, dit Duncan en revenant vers elle. Nous devons partir vite, avant que l'aube ne commence à poindre.

Il s'élança sans réellement attendre, et dans la précipitation, Reann lui emboîta le pas. Le duo pénétra dans le bosquet de pins. Duncan restait prudent malgré son empressement. Sentant Reann fatigué, il s'arrêta sur une colline voisine à celle où était bâtit Hautecime. De là, Reann pouvait voir la fumée s'échappé du château. Seul le bruissement du vent dans les arbres et les grondements de l'orage s'entendaient, mais Reann se rappela aisément les cris et le son des épées s'entrechoquer en voyant sa demeure périr dans les flammes. Ce n'est qu'à l'instant présent, alors qu'elle se trouvait en sécurité, qu'elle prit pleinement conscience de l'horreur de la situation et le poids avec lequel elle devrait vivre. Elle n'avait plus rien : ni demeure, ni famille.

— Je ne puis vous suivre, dit-elle perdue tout en laissant couler ses larmes.

— Que voulez-vous dire ?