Dragon Age - A Warden Story

5. Le calme avant la tempête

Jamais elle n'aurait imaginé que sa soirée se terminerait sur une note un peu plus légère. Après un repas tendu, où les plus caractériels avaient retenus certains de leurs propos sous l'influence des plus diplomates, Reann avait accompagné Dairren jusqu'à la bibliothèque. Elle avait saisie cette opportunité pour quitter la table au plus vite, et comptait se débarrasser du jeune homme rapidement pour retourner à sa tranquillité, mais elle se surprit à apprécier leur discussion sur les livres traitant des mythes de Thédas et des dragons. Alors qu'ils pénétraient dans l'aile ouest, Reann se demanda comment leur échange avait dérivé sur les potins de la haute société, mais écoutait tout de même les propos de Dairren avec une oreille attentive.

— Est-ce vrai ? ricana-t-elle profondément amusée. C'est ce qu'on dit ?

— Je vous l'assure. Nombre de féreldiens souhaiteraient voir votre père sur le trône.

— Je présume que la dispute entre lui et Howe avant le repas avait un rapport avec ces qu'en-dira-t-on. Mais c'est ridicule. Mon père ne réclamerait jamais le trône de Férelden. Il est fidèle aux Theirin, et a beaucoup d'estime pour le roi Cailan.

— Il pourrait y être contraint si le peuple venait à en faire la demande.

— Je doute que cela arrive. Férelden à mieux à penser tant que l'Engeance n'est pas repoussée. Il faudrait être fou pour déclencher une révolution avec une telle menace sur nos terres.

— Ou un fin calculateur, ajouta Dairren. Mais il est vrai que nous aurons bien mieux à faire à Ostagar.

Reann jeta un coup d'œil vers lui. Précédemment, il lui avait avoué être ici pour se joindre aux combats contre l'Engeance et seconder le tiern Bryce Cousland. Une marque de confiance que le jeune homme prenait avec une grande humilité.

— Partir au front ne vous effraie pas ? demanda Reann plus concernée qu'elle ne l'aurait cru.

— J'avoue appréhender l'idée de combattre l'Engeance. Mais cette cause est des plus nobles.

Après une hésitation, il se confia :

— Pour tout vous dire, je donnerai cher pour pouvoir intégrer la Garde des Ombres et devenir un héros. Mais je ne serai jamais digne de leur intérêt. J'ai remarqué comment Duncan vous prêtait attention lors du dîner, même s'il restait discret. Je sais que je ne vous égale en rien : ni dans l'art de l'escrime, ni dans la prestance, ni de rang, ni...

— Cessez ! le coupa subitement Reann qui s'arrêta au milieu du couloir.

Son intonation froide surprit le jeune homme, et elle s'en voulu aussitôt. Même si elle ne voulait rien entendre au sujet de Duncan, et que les éloges de Dairren la gênaient terriblement, ce dernier n'avait pas à subir sa colère. Elle se calma, puis dit sur un ton plus compatissant :

— Cessez de vous rabaissez. Ce sont les actes qui prouvent notre valeur, pas notre rang. Laissez les guidez votre destin.

Elle regarda les lèvres du jeune homme s'étirer en un sourire attendri, puis baissa les yeux vers ses mains qu'elle triturait nerveusement. Elle s'éclaircit ensuite la gorge pour s'aider à reprendre contenance.

— Puis-je compter sur vous pour me donner des nouvelles de père ainsi que des votre une fois là-bas? Même s'il venait à écrire, je crains qu'il ne cache certains détails pour nous préserver. Je serai rassurée de savoir que quelqu'un veille sur lui.

— Je le ferai, à la seule condition que vous répondiez à mes lettres.

— J'en avais l'attention.