Dragon Age - A Warden Story

1. Un invité de marque

— Huit mois auparavant —

Hautecime, 10 Chavande 9:30 Dragon —

 La jeune elfe courrait aussi vite qu'elle le pouvait. Trébuchant en dévalant l'escalier du chemin de ronde, elle ralentit à peine lorsqu'elle arriva dans le couloir menant au pont-levis. Depuis plus d'une heure, Ririll cherchait la fille du tiern. Elle avait fouillé chaque recoin du château sans trouver la moindre trace de Lady Reann Cousland. L'elfe avait demandé à d'autres domestiques s'ils l'avaient vu, mais seul un palefrenier put la renseigner : « J'ai sellé son cheval à midi et depuis elle n'est pas rentrée. Mais elle arrivera sûrement bientôt.» lui avait dit le jeune homme.

Après avoir recueilli l'information, Ririll se précipita hors du château. Elle préféra longer les fortifications et emprunter un layon descendant vers les côtes plutôt que de se rendre au village. Par une aussi belle journée d'été, Ririll savait qu'elle avait plus de chance de trouver Lady Reann sur la plage.
Elle descendit le long du coteau jusqu'au chemin de terre en contrebas. Il suivait l'inclinaison des collines et était bordé de fleurs sauvages et de hauts pins touffus. Leur ombre était néanmoins insuffisante pour atténuer l'inhabituelle chaleur estivale. Étouffant, l'elfe s'arrêta au milieu du chemin. Courbée en deux et les mains posées sur ses genoux frêles, elle lutta pour reprendre son souffle. Une brise iodée rafraîchit son visage brûlant et transpirant. Elle essuya son front du revers de sa manche, puis se remit en route.
Alors qu'elle arrivait sur la plage, l'elfe regardait tout autour d'elle. Ses yeux d'ambre scrutaient l'horizon à la recherche de sa maîtresse, mais elle n'en vit aucune trace. Seule l'étendue mélangeant sable et galets et la mer verte s'offraient à son regard. Ririll fut soudain face à un dilemme ; devait-elle continuer de chercher sa maîtresse, ou devait-elle rentrer au château ? L'après-midi était bien entamée, et la jeune elfe avait encore beaucoup de corvées ; repas, lessives, linge à plier et ranger, eau à faire chauffer pour préparer les bains, et bien d'autre encore. Une multitude de tâches qui ne se feraient pas seules. Rebroussant chemin, Ririll jugea qu'il était plus sage de retourner au château. Lady Reann finirait bien par rentrer. De plus, personne ne sermonnerait la jeune noble pour son retard. Or ce ne serait pas le cas de Ririll si cette dernière ne terminait pas son travail de la journée.
L'elfe tourna les talons pour rebrousser chemin lorsqu'elle entendit un bruit au loin. Des sabots raisonnaient sur les galets. Ririll se retourna aussitôt. À plusieurs mètres d'elle, une silhouette montant à cheval s'approchait. L'elfe plissa les yeux pour s'assurer qu'il s'agissait de sa maîtresse, puis une fois son impression confirmée, Ririll courut ver elle.

— Noble Dame ! s'exclama-t-elle en gesticulant. Noble Dame ! Noble Dame !

Le cheval ralentit et s'arrêta à sa hauteur. Ririll leva une main au-dessus de ses yeux pour les protéger du soleil et regarda Lady Reann. Droite sur son étalon féreldien, la jeune femme aux longs cheveux bruns et ébouriffés par le vent affichait sur ses lèvres roses un sourire amusé. Ses yeux d'un bleu limpide et pur brillaient d'une lueur taquine.

— Et bien Ririll, que d'agitation. Le château est-il en train de brûler pour que tu t'affoles ainsi ?

L'elfe ne prêta nullement attention à l'intonation espiègle de sa maîtresse et lui répondit d'une voix sérieuse :

— C'est votre père, Noble Dame. Il réclame votre présence. Tout le monde vous cherche depuis des heures !

À cette remarque, Reann sembla moins encline à plaisanter. Le sérieux de Ririll la rendait perplexe quant à la gravité de la situation.

— Vraiment ?

— Et bien oui, Noble Dame. Je suis même surprise que le tiern n'ait pas encore envoyé de gardes à votre recherche.