Être malade, c'est voir sa vie comme une énorme horloge, laisser défiler les minutes jusqu'au jour fatidique.
Mes yeux sont fermés, mon casque sur les oreilles je ne fais que profiter du son qui s'en échappe en mettant la main sur ma poitrine. Je me remémore tout ces jours, toutes ces soirées.
À fumer, aussi bien la cigarette que la chicha mais aussi boire autant d'alcool que possible. Je voulais m'évader, le temps d'un instant, oublier ce que je vis au quotidien.Une larme vient couler le long de mon visage en repensant à tout ça. Cela fait quelques jours que je vis avec, pourtant cet épisode me hantera toujours autant.
Je suis assis dans la salle d'attente du médecin, cela fait plusieurs semaines que j'ai des douleurs de plus en plus forte au cœur. Je ne voulais pas y aller, mais ma petite amie m'y a obligée, j'ai beau lui répéter que ce n'est rien, elle veut en être sûre. Je suis donc là, à attendre, pourquoi les médecins sont toujours en retard ?
-Jeremy Gris ?
Je me lève tout comme mon père, allant jusqu'à l'homme pour lui serrer la main avant d'entrer dans son cabinet.
-Qu'est ce qui vous amène ?
-Mon fils se plaint de douleurs au cœur depuis quelques jours.Il me force à aller sur le lit recouvert de papier, que je froisse tout le temps en m'asseyant dessus. Il commence à m'examiner comme à son habitude, me posant plusieurs questions.
-Sur une échelle de un à dix, sur combien vous situez la douleur ?
-Ça dépend, avant c'était environ à deux.
-Et maintenant ?
-Sept ou huit.Je le vois surpris, puis il écoute mon cœur, laissant la pièce silencieuse. Je déteste ce genre d'examen, je n'aime pas que des inconnus me touchent en réalité.
Son regard commence à me faire douter, qu'est-ce qu'il a mon cœur ?-Vous voulez bien faire quelques squats pendant 1 minute s'il vous plait ?
Je me lève à contre cœur puis m'exécute sous les yeux de mon père, je me sens humilié et cet instant est vraiment gênant pendant plusieurs secondes.
Je reviens ensuite vers lui, puis il écoute à nouveau mon cœur.-Vous fumez ou buvez ?
-Les deux.
-Je vois.Il retire ensuite son instrument puis je me rhabille en me mettant sur le siège.
-Je vais vous rediriger vers un cardiologue.
-Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai ?
-Et bien, je ne peux pas être sûr mais, je pense que vous souffrez d'Heartsick.Nous fronçons les sourcils mon père et moi.
-Et..C'est quoi ça ?
-Votre cœur est irrégulier, il bat beaucoup trop lentement ce qui endommage votre cœur, c'est souvent du à du stress, le tabac ou la consommation excessive d'alcool, mais aussi beaucoup d'autre.
-C'est..c'est grave ?
-Pas énormément, disons que ça se soigne, mais je vais vous faire passer un électrocardiogramme pour être sûr, lorsque nous saurons nous pourrons diagnostiquer un traitement.Ma main vient automatiquement sur ma poitrine, j'ai encore mal, soudainement.
C'est ainsi que j'ai appris pour Heartsick, suite aux tests ils m'ont effectivement confirmés que je suis atteint de cette maladie, et m'ont donné un traitement.
Dans un flacon en verre, celui que je dois prendre tout les jours, tandis que la boite concerne mes douleurs au cœur.
Au fil du temps, j'ai compris d'où vienne ces douleurs.Elles viennent de mes émotions, la colère, la tristesse, la jalousie.
Je n'ose pas en parler à Caroline, comment avouer à la personne qu'on aime que chaque geste, chaque parole qu'elle prononce peut nous détruire ?Je tiens donc mon portable, cela fait une semaine que j'évite le sujet, qu'elle sait juste que "tout va bien" mais elle n'est pas idiote, elle sait que je mens.
Ce soir, quand je l'appellerais, je lui dirais.Je ne peux pas lui annoncer en face, c'est beaucoup trop dur.
Ma mère n'a rien dit, après tout, ça doit lui faire plaisir, nous n'avons jamais eu d'affection l'un pour l'autre. Certains disent que c'est impossible, que ne pas aimer sa mère c'est être un monstre.Qu'en est-il de celle qui n'aime pas son enfant ?
Je soupire en séchant mes larmes, puis je retire mon casque en descendant manger avec ma famille. Ma grande sœur Estie n'a plus le même regard envers moi, j'ai l'impression qu'elle a pitié de moi et j'ai horreur de ça.
Je ne veux pas qu'on ait pitié, je ne veux pas qu'on fasse attention à moi. Je ne veux pas les changer, je veux juste les voir comme ils sont vraiment.Le repas se passe dans le calme, comme tous ceux passés après la fameuse nouvelle, nous sommes déjà pauvre financièrement mais avec mon traitement en plus et la mutuelle qui ne rembourse presque pas, c'est encore pire.
Parfois, j'aimerai juste prendre tout le flacon avec une bouteille d'alcool, et m'endormir sans jamais me réveiller.
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Heartsick
General FictionCes drogues. Ce liquide normalement froid mais qui réchauffait mon corps. Ce poison qui me faisait penser à autre chose. J'ai cru me libérer, de tous ces problèmes. Mais je n'ai fait que m'emprissonner dans une prison encore plus étroite. Et découvr...