Chapitre 18

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J'attends Corentin une fois de plus sur le banc d'un parc, il est rentré y'a à peine 2 heures mais veut quand même aller courir avec moi, pourtant bizarrement je n'en ai pas envie. Comme si le fait qu'il l'avait fait avec ses autres amis ne signifiait plus rien pour moi, plus aucune envie, mais aussi plus aucune complicité.

Je sais que je n'ai rien à dire, il s'est excusé alors tout est censé rentré dans l'ordre, pourtant je n'y arrive pas, mais il va bien falloir que je fasse semblant.

-Hey !

Je redresse la tête en le voyant puis sourit en allant lui faire la bise.

-Ca va ? Bien rentré ?
-Oui oui super et toi ?
-Pareil.
-On y va ?

Je sourie faiblement en hochant la tête, puis nous commençons notre course, de mon côté j'ai l'impression d'être froid et distant mais vu son comportement on dirait que je suis un très bon acteur finalement. On fini par s'arrêter à un bord de route pour boire et reprendre notre souffle.

-Alors, t'es prêt pour le bac ?
-Ah-Ah-Ah.
-Je vois, on pourrait reviser ensemble si tu veux.
-Si tu veux.

En réalité j'en sais rien, à la fois je n'ai plus trop envie qu'on se rapproche et à la fois je n'ai pas du tout envie de perdre notre lien, j'ai l'impression d'être un vrai extra-terrestre.

-Et ton cœur ?
-J'ai rendez-vous chez le médecin demain, il va me dire si continuer le traitement aide vraiment ou si je peux l'arrêter.
-On croise les doigts alors.
-Exactement.

Je respire un grand coup, même si je sens les battements de mon cœur rapide dans ma cage thoracique, je voudrais vraiment arrêter le traitement, ça voudrait dire qu'il y a au moins un petit peu de progrès dans tout ce que j'ai du faire.

-Dis, qu'est ce que tu compte faire plus tard ?

Je me tourne vers lui, surpris de sa question puis réfléchit.

-Je sais pas vraiment..J'ai pas d'idée de ce qui me plait.
-T'as pas de passions ni de projets ?
-Si, mais rien qui ne rentre dans le cadre d'un métier.
-Je te parle pas forcément de boulot, je pense surtout que les travails c'est ce qui tue le plus le moral chez les gens, métro boulot dodo pour ensuite mourir c'est pas la vie parfaite.
-Je te le fais pas dire, mais pour tout ce que je veux faire il faut de l'argent.
-T'aimerais quoi ?
-Voyager, voir toutes les belles choses dans les autres villes.
-Vu ton talent en langues il va falloir progresser.
-T'es obligé de casser mon délire ?

On rit légèrement, puis après quelques minutes de silence on décide de reprendre la course jusqu'à chez nous, c'est triste que ce truc auquel j'étais tellement heureux autrefois me rend simplement blasé, comme quoi un rien peut tout changer chez moi.

-Tu veux venir chez moi ?
-Non je vais rentrer, si je commence pas à réviser ma mère va encore me saouler.
-D'accord, à plus tard.
-A plus.

Je commence à rentrer en mettant les mains dans mes poches, j'appréhende ce rendez-vous demain, et si jamais tout mes efforts ne servent à rien ? Que c'est déjà foutu pour moi ? Je ne sais pas si je supporterais cette routine toute ma vie.

***

Je me réveille péniblement, pourquoi à t-il fallu qu'elle prenne un rendez-vous le matin ? Sûrement me faire chier, ça se tient. Je descends donc prendre mon petit-déjeuner avec mon père qui n'est pas encore partit au travail, c'est rare.
Le silence commence à régner, ne laissant que les bruits de cuillère contre les tasses et la mâchoire détruisant les biscuits à table. Ce blanc malaisant finit par s'arrêter lorsque ma mère fait son entrée.

-Bon dépêche toi Jeremy on a rendez vous à 9h25.
-Pourquoi t'as pris si tôt alors que je suis en vacance et que tu travailles pas ?
-Ce n'est pas parce que je n'ai pas de travail que je ne fais rien de mes journées.

Mon dieu elle allait rater sa pauvre petite série de ménagère, comment ca s'appelle déjà ? Ah oui ! "Les feux de l'amour", quelle merde.

Au bout d'une heure, je finis par être prêt me retrouvant seul dans la voiture avec elle, je n'ai jamais autant voulu être dans une salle d'attente au plus vite, seul avec elle je me sens vulnérable, comme si tout mon être savait qu'elle était mauvaise, dangereuse pour moi et mon moral. Heureusement la musique dans mes écouteurs me donne une excuse pour ne pas lui parler, puis nous arrivons à destinations.

Mes jambes tremblent légèrement une fois assis dans la salle, je ne me rappelle que trop bien de la dernière fois que je suis venu ici, c'était le début d'une succession de problème, déjà que je haïssais les médecins avant je les déteste d'autant plus depuis ce jour.

A chaque fois que sa porte s'ouvre, et que j'ai l'impression que c'est mon tour mon cœur se serre péniblement, je n'ai pas pensé à prendre mes médicaments, heureusement que les douleurs se sont estompées depuis le temps sinon je serais déjà en position fœtale sur le sol. Notre tour vient enfin puis je m'installe sur la chaise, j'ai l'impression que dès le premier pied entré dans le cabinet mon esprit à totalement quitté mon corps, comme si une barrière était apparut pour me protéger d'une éventuelle mauvaise nouvelle.

Il commence à m'ausculter, comme toujours je déteste ces moments et ce foutu instrument froid qui se pose sur ma poitrine.

Après une série de questions comme "tu prends bien ton traitement ?" "Comment vont tes douleurs ?" Et de tests, il décide enfin à me laisser me rhabiller.

-Bon et bien c'est déjà mieux, continu tes progrès c'est très bien.
-Jusqu'à quand ?
-Et bien si tu avais fait ça depuis le début tu aurais sûrement beaucoup moins de mal à guérir, mais vu que tu as continué malgré mes conseils et que tu t'y est pris tard et bien il va falloir être patient.

Je la sens pouffer, connasse.

Mais après tout il a raison, je ne peux m'en prendre qu'à moi et mon karma, j'espère juste pouvoir continuer jusqu'à ma guérison.

HeartsickOù les histoires vivent. Découvrez maintenant