L'Accident [Inac]

Bain de minuit

Jeudi 25 juillet, jour 161 - 24e semaine

Ma fatigue s'est envolée en même temps que le feu de camp a disparu derrière nous. Je me tiens serré si près de Mei qu'elle en a du mal à marcher, mais nous en ricanons comme des idiotes. Elle est légèrement éméchée, ce qui rend son état assez proche du mien finalement. Deux jeunes filles en état d'excitation croissant, marchant ensemble vers leur lit... Une soirée qui ne peut que bien finir. 

Nous arrivons au portail de la maison de location. Tout est calme et noir. Les autres dorment probablement déjà. Alors que Mei pousse discrètement le battant, je laisse une main baladeuse glisser le long de sa hanche. Elle frémit à mon contact, et je me sens pousser des ailes. Je la plaque un peu brutalement contre le portail en scellant nos lèvres en un baiser passionné. Ses mains fourragent mes cheveux en profondeur, pendant que les miennes malaxent son dos à la recherche d'une prise. Nos lèvres se tordent les unes contres les autres, nos langues se cherchent et s'enroulent comme des folles, et je sens une bouffée de chaleur monter en moi. Après quelques minutes de cet intense échange corporel, je détache nos lèvres, afin de reprendre mon souffle. Mei est pantelante, entre mes bras, mais la lueur d'excitation n'a pas disparu de son regard. 

-Qu'avait dit le docteur, déjà? Une libido très importante? Fait elle remarquer en ricanant. 

-Pas plus que d'habitude... fais-je avec un sourire malicieux. 

-Tu rigoles? Tu es complètement en chaleur, là...

-Il faudrait quelque chose pour me rafraîchir, dans ce cas...

Et pour appuyer mes propos, je glisse une langue malicieuse le long de sa clavicule apparente, avant de descendre vers son décolleté. Un gémissement lui échappe; et rien ne vaut un gémissement de Mei pour m'exciter d'autant plus. 

-J'ai ce qu'il te faut... me murmure-t-elle à l'oreille. La mer est encore chaude, ça te dit une petite baignade dans la crique? 

Mon attention est tout de suite captée. La fameuse crique? Celle à l'arrière de la maison, à laquelle on peut accéder grâce à un petite chemin taillé dans la roche? Je ne suis pas encore descendue là bas, mais tout ça m'a l'air extrêmement excitant. Mei m'entraîne par la main et nous contournons la maison pour nous diriger vers le fond du jardin et vers l'eau noire, scintillant sous les lumières de la nuit. L'entrée du chemin est quasiment invisible depuis le jardin dans la pénombre nocturne, mais Mei connait l'endroit comme sa poche. 

Les marches sont raides et le passage un peu étroit, mais un rambarde en métal encastrée dans la roche permet de ne pas tomber. Après quelques dizaines de marches en enfilade, je pose enfin les pieds sur le sable fin de la petite crique. Des algues séchées sur la plage embaument l'air autant que la brise marine. Les vagues viennent s'échouer dans un petit bruit régulier sur le rivage... 

Face à nous, s'ouvre la baie, surplombée par la lune opaline. C'est une ambiance magnifique, presque féerique... Tout ce qu'il y a de plus romantique. 

-Tu viens? Me demande Mei en me tendant la main. 

Elle a déjà ôté ses vêtements, et se trouve en maillot de bain face à moi. Je rougis légèrement, mais me laisse aller à défaire ma robe et à la laisser tomber à mes pieds. Je n'ai pas de soutiens gorge, ce soir... et Mei le remarque immédiatement. Avec une lenteur calculée, je m'approche de l'eau. Un doigt de pied y trempe, alors que Mei est déjà entrée jusqu'à la taille. L'eau est un peu fraîche, mais garde encore assez de chaleur de la journée pour être appréciable. Je me laisse aller au flots noirs, et m'enfonce peu à peu en me dirigeant vers Mei. Nous nageons et batifolons longuement dans la petite crique, comme deux enfants loin de tous les problèmes du monde. Notre monde n'est réduit qu'à nous deux et à cette crique qui nous protège de l'extérieur. Personne pour nous juger, nous parler d'avenir, de projets, pas d'ex surgissant des tréfonds du passé, pas de parents intolérants, plus rien... rien d'autre que nous deux et que les flots qui nous accueillent en leur sein, avec douceur, comme de vieux amis. 

Ma main glisse lentement le long des courbes de Mei. Malgré la fraîcheur de l'eau, j'ai plus chaud que jamais. Et un volcan entre en éruption dans mon corps lorsque sa main touche mon entrejambe. Lentement, mais sûrement, nos corps se rapprochent, nos respirations s'accélèrent et se synchronisent. Ses mains et ses doigts jouent avec mon corps, m'envoyant un peu plus proche du nirvana à chaque mouvement. Ses lèvres courent le long de ma peau, les miennes griffent sous dos. La caresse de l'eau rajoute encore au tumulte de la situation, et le plaisir me noie plus  que les flots dans lesquels nous retombons, pantelantes, une fois notre affaire achevée. 

Nous sommes allongées dans l'eau, là où les petites vagues viennent s'écraser sur le sable. D'un simple coup d'oeil, j'entraperçois la poitrine de Mei qui s'élève et retombe à un rythme rapide, tout comme la mienne. Je souris, et roule sur le côté afin de me blottir au creux de ses bras. Je m'y sens tellement en sécurité... plus que jamais au court de ma vie. Les événements des derniers mois... je n'en regrette plus aucun. Tout me semble à sa place, même les malheurs, puisqu'ils m'ont permis de me retrouver dans cette position si chaleureuse et enviable... A cet instant, je n'ai plus peur de rien. Tout me semble à sa place. Tout me semble correct. 

Tout me semble parfait.