Fin juin

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Mardi 25 juin, jour 131 - 19e semaine

-Vous allez donc quitter Lyon, Anna?

-Oui docteur. Dis-je sans cacher mes intentions. Probablement vers fin août, début septembre.

-Eh bien, il nous reste un peu de temps pour nous occuper de ces deux petites! Comment vous portez vous?

-Plutôt bien. Je fatigue vite, mais pas de douleur particulières.

Le docteur ouvre mon carnet de grossesse et enfile ses lunettes.

-Et elles bougent un peu?

-Beaucoup, oui. Elles bougent, mettent des petits coups...

-De futures sportives, hein?

-J'espère!

-Pas de saignements? De pertes?

-Non, aucun problème de ce côté là, tout se passe bien. Pas non plus de contraction ou quoi que ce soit du genre.

-Paaarfait. Profitez bien des vacances pour vous reposer dans ce cas là, et mangez correctement surtout! Ce n'est pas le moment de se laisser aller.

-C'est noté docteur.

-Bieen. On va pouvoir passer à l'échographie. Peut être la dernière que je vous ferais passer du coup...

J'ai un petit sourire triste en pensant à cela. En effet, si je pars bientôt, je risque de ne plus revoir ce gentil docteur que j'aime tant.

-N'oubliez pas de vous inscrire dans une maternité dès que vous saurez où vous irez!

-C'est noté.

-Bon... on y va?

-Oui!

***

Vendredi 28 juin, jour 134 - 20e semaine

La clef tourne dans la serrure et j'entends Mei pénétrer dans l'appartement en trainant des pieds.

-Je suis rentrééée...

Mei a passé la semaine à se balader à droite à gauche en France pour ses concours, et je suis donc allée l'attendre chez elle pour l'accueillir à son retour. Comme le laisse entendre sa voix, elle est exténuée.

-Ça s'est bien passé? Dis-je en la prenant dans mes bras.

-L'oral? Ça va... je me rends pas trop compte...

Je sens immédiatement qu'il y a quelque chose d'autre.

-Qu'est ce qu'il y a, Mei? Il s'est... passé quelque chose?

-Oh, rien de spécial... j'ai juste parlé de toi et des petites à mon père, et comme prévu... il s'est énervé.

Elle soupire.

-Il est ridicule, vraiment. Il est à ce point effrayé à l'idée d'être grand père? J'arrive pas à y croire... enfin bon, ça lui prendra peut être un peu de temps mais il s'y fera.

Je souris en lui caressant les cheveux. Si elle n'arrive même pas à s'inquiéter pour ça, c'est qu'elle est en effet vraiment trop fatiguée...

-Ne t'inquiète pas... lui dis-je. Repose toi, et concentre toi sur les oraux qui te restent. Allez, viens dormir.

Je guide Mei jusqu'à son lit, et elle s'y effondre avant de s'endormir quasiment immédiatement. N'étant pas encore particulièrement fatiguée, je quitte la chambre en refermant délicatement la porte.

-Vous allez faire comment? Me fait sursauter une voix dans mon dos.

C'est Rose, la petite soeur de Mei.

-C'est à dire?

-Eh bah, normalement on part en vacances avec papa et sa copine Karol quand elle a fini ses oraux. Mais papa est en colère contre Mei, alors vous allez partir avec nous?

-Eh bien... on va espérer que ça aille mieux d'ici là. Dis-je avec un petit sourire gêné. Ce serait dommage de gâcher les vacances à cause d'une bête dispute.

-En plus, Karol aussi est enceinte. Fait remarquer Rose. Vous vous entendriez probablement bien. En plus elle veut te rencontrer, même si papa s'est énervé, alors...

-Alors on va croiser les doigts! Dis-je avec un sourire en allant m'assoir à la salle à manger, où le chat dort sur la table en profitant des rayons du soleil. C'est une douce soirée très agréable, et la fin de l'année se fait sentir. Mes prochaines se feront cependant sans Mei, dont les oraux durent jusqu'au 20 juillet. Cela me permettra donc de finir de régler quelques affaires... dont la prochaine, l'emménagement de Joy dans mon ancien appartement. En effet, après une bataille rude menée contre ses parents, ces derniers ont finalement décidé d'accepter de la laisser partir à condition que l'emménagement se fasse au plus tôt.

Je dois également m'occuper avec Camille de finaliser nos inscriptions pour les facultés l'année prochaine, et chercher les propositions de logement dans les différentes villes dans lesquelles nous pourrions finir, avec Marianne, la mère de Mei. En toute préférence, nous aimerions un appartement assez grand pour loger également Camille, ce qui permettrais de diviser le loyer en deux puisque je suis incapable d'en payer un seul centime à moins de trouver un travail - ce qui est hors de question pour tout le monde, même si j'ai bien précisé que je le ferais volontiers.

Nous avons plusieurs villes en vue. Lyon, évidemment, ce qui serait le plus pratique mais pas le plus probable. Strabsbourg, là où Mei désire le plus aller, et qui est donc notre principal lieu de recherche. Paris, évidemment, car difficile de postuler dans des écoles sans postuler à au moins une là bas, mais la taille et les prix révulsent beaucoup Mei, malgré le fait que sa mère y ait étudié. Lille, qui semble un bon compromis entre Lyon et Paris, même si le climat me fait un peu peur - je suis plutôt une habituée du chaud, la faute à mes gênes sud-américains probablement. À l'inverse, Mei est plutôt peu motivée à l'idée d'aller dans un endroit trop chaud, Nice étant une autre nos possibilités. Notre dernière cible, la plus probable en cas d'échec de la candidature de Mei pour Strasbourg, est Toulouse. Cette ville nous convient plutôt bien à toutes les deux.

Toujours est il que tout cela fait beaucoup de paperasses et de recherches, et je ne cesse de me stresser et de maudire les concours de Mei qui donnent leur résultats si tard - début août! Pour une rentrée en septembre pour Mei, et un peu plus tard pour moi, ça laisse tout de même une marge de manoeuvre assez faible. Mais Marianne, la mère de Mei, ne cesse de me rappeler que l'on y peut rien, et je sais qu'elle a raison. Il n'empêche que j'ai peur de ne pas pouvoir m'inscrire à la fac à temps, ou de ne pas trouver de logement assez grand pour offrir une chambre aux deux petites.

Je discute un peu avec Marianne quand elle rentre du travail, et nous continuons nos recherches jusque tard dans la nuit, puis, décidant de ne pas abuser de sa bonté et de ne pas aggraver sa fatigue, je lui dis d'aller se coucher. Je reste moi même quelques temps sur internet à regarder des propositions de logement et de location, avant de refermer l'écran de mon ordinateur. Brume, la chatte, me jette un regard fatigué lorsque je me lève de table, et je marche sur la pointe des pieds dans l'appartement endormi pour aller me faufiler dans le lit au côté de Mei. Son souffle chaud me rassure, et sa main s'enroule autour de ma taille dès que mon corps touche le sien.

L'Accident [Inac]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant