Chapitre 20 : Liens familiaux 2/2

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 - En effet tante Leila. J'ai remarqué que j'étais plus endurante et plus rapide. Je peux également percevoir les auras, enfin, j'essaye et ce n'est pas vraiment bien concluant pour le moment, mais ça, c'est grâce à l'entraînement de mon amie Claudia, une sorcière.

Leila hoche la tête, l'air satisfait.

- C'est un bon début Haemelya. Tes pouvoirs se révèlent lentement, mais sûrement. Avec de l'entraînement, tu arriveras à maîtriser ces nouveaux dons peu à peu. Et n'oublie pas, dès que tu auras 18 ans, tout s'éclaircira enfin sur tes véritables origines. Mais en attendant, profite de cette période pour découvrir tes capacités et t'épanouir. Tu as besoin de contrôler les capacités qui te viennent avant ton anniversaire, c'estest important.

Je lui fais un grand sourire, rassurée par ses paroles réconfortantes. Malgré toutes mes incertitudes, je sens que je peux compter sur le soutien de Leila.

Je m'assieds en tailleur sur le bout de son lit. Je dois en savoir plus sur mon père. Malgré le fait que je pourrais être n'importe quoi, en savoir plus sur lui pourrait m'aider à me découvrir. Elle me regarde en souriant.

– J'espère que tu viendras me tenir au courant du reste de tes changements physiques ou psychiques.

– Bien sûr, mais s'il te plaît...

– Très bien.

Elle vient s'asseoir à côté de moi et prend quelques minutes avant de répondre. Sûrement le temps pour elle de rassembler ses idées.

- Ton père n'a jamais laissé savoir qui il était. Lorsqu'il a eu 18 ans, cela a été très dur pour lui de savoir ce qu'il était, je l'ai vu. Nous avons cinq ans d'écart lui et moi, et il était mon grand frère, mon protecteur, je pouvais être sans cesse dans ses pieds que jamais, il ne s'est plaint. Et pourtant, à partir du jour de ses 18 ans, il ne m'a plus laissée l'approcher et s'est enfermé mettant une barrière entre nous. Revenons aux changements physiques que l'on a un an avant d'être complètement transformé si je peux dire. Pour ton père, cela a été dur, de type gringalet, il est tout à coup devenu très puissant, très fort et sûr de lui. On n'arrivait pas à voir son aura, il nous l'a cachée. Avec tes grands-parents, nous l'avons soupçonné d'être un loup-garou pour avoir autant de changement physique en si peu de temps, mais nous n'avons jamais su la vérité. Puis, il a disparu.

Elle reprend son souffle, faisant le tri dans ses pensées. Alors mon père avait déjà fui auparavant. Un sentiment de colère m'envahit envers cet homme que je ne connais pas, incapable semble-t-il de rester à un endroit, proche des siens. Je reporte mon attention sur Leila qui est prête à continuer son récit. Je la regarde un sourire encourageant sur les lèvres avant de poser ma main au-dessus de la sienne.

– C'est seulement une fois que j'ai eu 18 ans, une fois que j'ai fini mon apprentissage de sorcière que j'ai pu le revoir. Par la même occasion, j'ai fait la connaissance de ta mère. C'est lorsqu'il est parti, qu'il l'a rencontrée. Il n'a jamais voulu revenir vers nous et la laisser. Nous habitions dans la campagne et avions beaucoup d'argent. Ce que tu dois savoir, c'est que ton grand-père est un des membres du conseil des anciens. Il est, jusqu'à sa mort, le dirigeant du conseil surnaturel. Lorsqu'il est parti, la première fois, nous avons appris qu'il était allé faire ses études en ville. On ne le voyait plus. Il nous envoyait cependant des lettres chaque mois afin de nous donner de ses nouvelles. Puis il a à nouveau disparu. Les lettres ont cessé d'arriver, il ne nous donnait plus de signe de vie. Lors de sa dernière lettre, nous avons appris qu'il avait rencontré une femme et qu'il était persuadé d'avoir amavé. Il nous à dit combien il nous aimait, mais combien savoir ce qu'il ait été dur pour lui. Vivre en ville a été reposant pour lui, loin de surnaturels et loin des villes sanctuaires. Il acceptait enfin ce qu'il était. Il nous disait également qu'il avait amavé, que c'était une certitude. Il nous disait au revoir. Au revoir afin d'enlever le poids à mon père d'avoir à l'exiler. C'est dans sa fonction, aimer un humain est interdit et l'exil est la seule possibilité pour ces couples. Mais il s'exilait aussi pour éviter que nous soyons en danger ou interrogés pour connaître sa localisation. Ce passage-là, nous ne l'avons pas compris. C'est seulement lorsque j'ai réussi à le retrouver, à mes 18 ans que j'ai compris. Je l'ai forcé à me garder dans sa vie, acceptant ta mère. Je l'ai menacé de ne faire que le chercher s'il fuyait encore. Il a accepté que je reste dans leur vie. Sans vivre avec eux, mais en allant les voir régulièrement. J'ai ainsi pu donner de ses nouvelles à tes grands-parents et une fois que tu es née, j'ai pu leur annoncer cette grande nouvelle. Malheureusement, tu connais la suite, ta naissance a été sue et ton père a fui loin de vous et de nous.

Elle me regarde tendrement et je comprends que son récit est fini. Mais je ne peux parler, ayant du mal à comprendre ce mystère autour de la nature de mon père. Comment pouvait-il ainsi se cacher et renier une part de lui-même, même auprès de sa propre famille ? Comment une famille pouvait à ce point avoir de secrets les uns pour les autres.

Je ne comprends pas pourquoi mon père pensait qu'il pouvait attirer le danger sur nous. Parce qu'après tout, quoi qu'il puisse être, sa famille l'aurait soutenu. Je comprends à la limite son exil. Je comprends également qu'il se soit enfui, car tous les surnaturels étaient à ma recherche et rester avec lui pouvait me faire retrouver plus facilement, mais tout ce mystère sur ce qu'il est m'interpelle et me donne encore plus envie de savoir ce qu'il est.

Je regarde ma tante, réalisant tout ce qu'elle a sacrifié. Comment a-t-elle pu vivre sous forme de chat si longtemps pour protéger la fille de son frère, qui ne lui a jamais révélé sa véritable nature avant de fuir ? Après toutes ces révélations, plus nombreuses en quelques heures que ce que m'a dit ma mère en 17 ans, la seule chose que je trouve à dire est :

– Merci.

Elle me sourit et me prend dans ses bras. Cette étreinte fait immédiatement redescendre la tension de ces dernières semaines. Je me mets à nouveau à pleurer. Je pleure sur le chagrin et la douleur de ma mère. Elle a dû me protéger, mais aussi, elle a continué à aimer une personne qui a disparu. Je pleure également pour mon père qui n'a pas assumé auprès de sa famille qui il était, d'avoir dû fuir, partir et de ne pas avoir revu ses parents depuis maintenant plus de 20 ans. Je pleure pour Leila, elle n'a pas eu de vie depuis 16 ans, croyant devoir me protéger.

Puis, en dernier, je pleure pour moi, pour toute cette douleur qui est venue quand je suis née. Pour ne jamais avoir connu un père qui a fui en pensant me protéger. Pour mon futur encore incertain et toutes ces énigmes qui font partie de ma vie. Je respire et sèche mes larmes avant de me redresser. J'ai seulement 17 ans, mais ma vie est désormais changée à jamais. Je n'ai plus que deux mois avant de savoir qui je suis et ce qu'était mon père.

Mais je sais que je vais réussir, c'est comme une crise d'adolescence. C'est douloureux et incompréhensible pour les parents, là, c'est pour moi. Comme un pansement, on le tire d'un coup pour éviter d'avoir mal.

Je me promets d'être forte pour ma mère, car je sais qu'elle en a besoin. Je souris à Leila.

– Bonne nuit, merci beaucoup de m'avoir tout dit.

– Je t'en prie, tu te dois de connaître ton histoire.

Je sors de sa chambre afin de rejoindre celle de ma mère.

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Chers lecteurs ❤️
Un long monologue et de grosses révélations dans ces derniers chapitres.
Merci d'être toujours la ✨

Si j'avais suOù les histoires vivent. Découvrez maintenant