Le soleil tape sur mon visage ; la chaleur de la fin août reste intense dans cette petite région au sud du pays. Je sors de ma nouvelle maison, un manoir qui me paraît toujours irréel même après un mois.
Les grandes colonnes du perron rappellent les demeures d'époque. En entrant, on pourrait s'attendre à une ambiance de château hanté. Heureusement, ce n'est pas le cas. L'intérieur est moderne et chaleureux, avec des meubles aux couleurs claires et du bleu roi, la couleur préférée de ma mère.
Soudain, elle apparaît à côté de moi, me faisant sursauter. Malgré ses boucles flamboyantes qui descendent en cascade, sa petite taille lui permet de surgir sans bruit. Elle affiche un immense sourire qui met en valeur ses yeux bleus, les mêmes que les miens. C'est notre seul point commun. Je la dépasse d'une tête, du haut de mon mètre soixante dix et mes cheveux noirs contrastent avec son roux éclatant. J'ai toujours regretté de ne pas avoir hérité de ses cheveux, mais je suis ravi de ne pas avoir son teint de porcelaine.— Maman, tu m'as fait peur !, dis-je en lui lançant un regard de reproche.
Elle rit et me fait un clin d'œil.— Je suis désolée ma chérie, mais tu sais que tu ne peux pas sortir seule. Les règles n'ont pas changé malgré le déménagement.
Son sourire est plein d'émotions et de tendre précaution. Mais son regard ne trompe pas, elle ne me lâchera pas.— Je vais juste faire du shopping, rétorquai-je en espérant qu'elle cède. Je ne crains rien ici.
— On ne sait jamais, je viens avec toi. Rappelle-toi, on ne prend pas de risques.
Sa décision est prise, ferme et définitive. Elle m'emboîte le pas jusqu'au centre-ville. J'aime ma mère, c'est indéniable, mais elle est surprotectrice, voire paranoïaque. Avant, nous habitions un appartement à New York, bien loin de cette petite ville de Samtuki où tout le monde se connaît. Malgré le peu d'habitant présent ici, elle n'a pas abandonné son désir de me protéger plus que tout.Enfant, elle ne m'a jamais quittée. Elle m'a élevée seule et n'a eu aucune relation avec des hommes d'aussi loin que je me souvienne. Je n'ai pas connu mon père. Je ne sais pas à quoi il ressemble, et j'en aime encore plus ma mère de prendre autant soin de moi. D'aussi loin que je me rappelle, elle a constamment veillé sur moi, allant jusqu'à devenir ma surveillante dans chaque école, collège et lycée que j'ai fréquenté. Je n'ai jamais participé à des sorties scolaires, elle trouvait ça trop risqué.
J'ai tout de même pu m'échapper avec la pratique du sport. Mais une fois encore, c'est elle qui a décidé des sports que je devais exercer. Cela se résume en un mot : self-défense. Je maîtrise un bon nombre de sports de combat : boxe, judo, karaté, taekwondo, escrime. À l'inverse de quelques amies que j'ai pu me faire, qui faisaient de la danse ou du chant. Depuis toujours, j'ai une vie particulière que je partage avec ma mère. Et je ne regrette rien.
Être proche de ma maman est un vrai plaisir ; cela nous a permis de tisser des liens quasiment indestructibles et j'ai une totale confiance en elle. Certes, sa surprotection peut être handicapante, mais je sais que c'est parce qu'elle m'aime alors, je ne lui en veux pas.
On reste plus de deux heures dans les quelques boutiques de Samtuki. Finalement, c'est bien mieux que ce que je pensais. Qui m'en blâmerait ? J'ai passé dix-sept ans à New York où, à chaque coin de rue, on trouve des boutiques renommées et des cafés. On s'arrête avec nos sacs de shopping dans le seul café de Samtuki, et ma mère me laisse à la terrasse afin d'aller commander.
J'en profite pour observer le centre commercial. Il est plutôt pas mal si je cesse de le comparer à New York. Un grand nombre d'enseignes de marque sont présentes, j'ai pu faire des folies dans ma boutique de jeans préférée.
Mais je n'y peux rien, la grande pomme me manque. Les gratte-ciels, les gens, le bruit, les cafés, les hot-dogs... Certes, on trouve tout cela ici, mais tout est si petit. En tant que fille de la ville, j'ai du mal à m'y habituer. Le calme surtout, m'effraie. Habituée au bruit ambiant, à la foule, au trafic de la ville qui ne dort jamais, j'ai du mal à me sentir bien dans tout ce silence de campagne.
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Si j'avais su
ParanormalJe m'appelle Haemelya Renaldi. Avant, je pensais être une personne ordinaire, avec un prénom un peu original. Mais tout a changé quand j'ai déménagé. Ce n'est pas le monde qui a changé, mais ma perception de celui-ci. Enfant, je lisais des histoires...