Chapitre 37 : Enchaîné

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Lorsque j'ouvre les yeux, je ne sais pas où je me trouve. Je bouge légèrement, essayant de reprendre mes esprits, mais je me rends vite compte que je suis entièrement attachée.

J'observe ce qui m'entoure. Je suis dans une pièce éclairée et humide. Déjà, elle est lumineuse, merci les clichés des films... La pièce est si étroite que je commence à étouffer. Les murs sont sales et miteux, des morceaux sont même tombés. Je suis au centre de la pièce, assise sur ma chaise, entravée par des chaînes. Je remue mon corps et mes bras en vain. Je n'ai même pas un peu de mou, je suis saucissonnée. J'essaie de faire progresser la chaise en gigotant dans tous les sens. D'un coup, me faisant sursauter, deux hommes entrent dans la pièce. Je les reconnais et mon regard tombe directement sur celui qui nous a trahis. De haine, j'essaie de lui sauter au visage, mais en vain. J'arrive seulement à faire déplacer un peu la chaise vers eux.

– Que fais-tu là ?! Pourquoi as-tu fait ça et putain, qu'as-tu fait de CLAUDIA ??

Il me regarde sans me répondre, tournant simplement la tête vers l'homme qui est entré avec lui. Je le reconnais, le sosie de Lucas. Je veux m'empêcher de penser à ça, mais je n'ai pas le choix. Des pensées parasites envahissent mon cerveau. Ai-je été trahie par le seul homme qui a su se frayer un chemin jusqu'à mon cœur ?

Ma tête tourne à regret vers cet homme et je le fixe de mon regard noir sans dire un mot. On reste ainsi, lui et moi, à nous juger du regard durant de longues minutes avant qu'il ne finisse par s'approcher de moi et m'interroger.

– Qu'es-tu ?

Je lève les yeux au ciel. Non mais ce n'est pas possible. C'est la seule chose qu'ils veuillent de moi ? Savoir ce que je suis. Ils ne peuvent pas changer de discours ? Je ne sais pas, j'ai des choix possibles. Où est ton père ? Comment tu t'appelles ? Non mais je ne sais pas, histoire que les questions varient un peu. Je me concentre à nouveau sur l'homme en face de moi et mon regard noir croise le sien.

– Sérieusement ? Encore cette question ? Tu ne penses pas que, si je le pouvais, je te laisserais lire et savoir ? Ça en devient épuisant que ce soit la seule question qu'on daigne me poser.

Mon regard ne le quitte pas. Le fait de l'avoir tutoyé l'a déstabilisé, je le vois. Comment une gamine peut-elle se permettre de le tutoyer alors qu'elle ne le connaît absolument pas ? Ma mère m'a toujours dit de respecter les adultes et de les vouvoyer. Si je ne le faisais pas, ça risquerait d'énerver les adultes. Eh bien, j'allais voir si son conseil porte ses fruits. J'enchaîne donc sur un comportement de petite fille mal élevée pour tester sa patience.

– D'ailleurs, tu es qui ? Pourquoi tu ressembles à Lucas ? Il est où Lucas ? Pourquoi tu nous as kidnappés ? Et bon sang, elle est où Claudia ?

Il me regarde sans dire un mot et je ne le quitte pas des yeux. Je sens son corps se tendre à chacune de mes questions et sa patience disparaître doucement. Il ne doit pas être un habitué des interrogatoires s'il est aussi facile pour moi de l'énerver. Il s'approche de moi, me soufflant son haleine âcre sur le visage. Je ne bronche pas. Mes yeux dans les siens, je ne veux pas briser ce jeu de regards et lui montrer qu'il m'intimide. Il finit par briser le silence.

– Tu es une gamine vraiment très irrespectueuse. Tu ne sais pas ce que tu es ? C'est intéressant. Je n'avais jamais rencontré de personne qui ne savait pas qui elle était. Où est mon fils ? Dans une salle pas loin, en train de réfléchir à ses actes. Il a disparu pendant presque une semaine et je le retrouve avec la personne que nous recherchons. Il doit penser à la famille avant tout. C'est un Harwal et ce nom implique des responsabilités. Ton ami qui nous a servi d'appât ? Oh elle, je ne sais pas, nous l'avons laissée au milieu de la rue, elle ne nous servait plus à rien.

Si j'avais suOù les histoires vivent. Découvrez maintenant