Chapitre 3: Réveil et surprise

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Je me réveille brusquement quelques heures après. Je jette un coup d'œil à l'horloge accrochée au mur, faiblement éclairée par la télévision. Elle me surveille telle une gardienne silencieuse. En m'étirant, je remarque qu'il me reste encore quelques heures avant de devoir me lever et je me demande ce qui a bien pu me sortir du sommeil. J'éteins l'écran qui continue de diffuser les émissions de la nuit. Là, j'aperçois la veste de maman posée dans l'entrée. Je fonce dans sa chambre et la vois en train de se déshabiller pour se coucher. Je l'observe en silence, cherchant le moindre changement notable, jusqu'à ce qu'elle me voie. Son regard s'attarde sur moi, et je suis certaine d'y discerner une lueur d'angoisse avant qu'elle s'exprime.

— Dis donc jeune fille ! s'exclame-t-elle. Tu es encore debout à une heure pareille !?

Je la regarde, stupéfaite et un peu vexée par ses propos. Je l'ai attendue et cherchée toute l'après-midi.

— Non, je t'attendais tout simplement et je me suis endormie. Je suppose que c'est le bruit que tu as fait en allant te coucher qui m'a réveillée.

Je préfère passer sous silence le fait d'être allée seule en ville, je ne veux pas recevoir de réprimandes à une heure semblable.

— Tu n'aurais pas dû m'attendre, tu dois te lever dans quelques heures pour ton premier jour de cours. Tu ne peux pas le louper ou être en retard, c'est inadmissible. Je te rappelle que tu dois dormir afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Maintenant, au lit. Et quand tu rentreras, on devra parler toutes les deux.

Dès que ces mots ont franchi ses lèvres, je sens la peine et le regret dans sa voix. Je frissonne alors que la chair de poule apparaît sur ma nuque. Son regard, empli de tourments, se détourne. J'esquisse juste la tête, la mâchoire serrée avant de monter dans ma chambre. Je retrouve mon chat en boule sur le lit. Il ne m'a pas attendu pour dormir.

Je m'habille rapidement d'un pyjama avant de me glisser sous les draps. Avant de m'endormir, j'ouvre la fenêtre pour laisser entrer une légère brise et éviter de suffoquer dans la chaleur de la pièce.

Comment peut-elle me jeter en pleine figure ce genre de phrase ? Je bouillonne intérieurement alors que je ferme les yeux. Je dois me concentrer. Je dois trouver le sommeil et laisser ma rage et mon anxiété de côté.

Je me demande ce que maman a à m'annoncer et pourquoi j'ai senti des regrets et autant de chagrin dans ses yeux. Et surtout, la question qui reste suspendue dans la pièce lorsque je sombre peu à peu est : qui est cet homme qui a tant chamboulé ma mère pourtant si calme et protectrice ?

Des yeux oranges scintillent dans le noir, me transperçant de leur regard. La nuit nous a engloutis et la seule source de lumière sont ces billes orangées qui ne me quittent pas. Je me sens si fatigué, si épuisé, mais je dois rester sur mes gardes. Un flash et je me retrouve dans cette ruelle. Je regarde autour de moi sans savoir comment je suis arrivée ici. Je touche la pierre de la pulpe de mes doigts alors que ma tête me tourne. Des pas se font entendre dans mon dos. Je tourne la tête, mais je ne vois rien à part cette rue qui n'en finit pas. Non, ça recommence. Ainsi, comme à chaque fois, je cours. Je prends mes jambes à mon cou et je foule le sol de mes baskets.

Quelque chose à changer, je suis plus lourde que d'habitude. J'ai plus de mal à courir, à avancer. Mon souffle est saccadé, rapide et irrégulier. J'essuie la transpiration qui coule sur mon front, mais à l'inverse, je l'étale. Je ne cesse de courir. Le calme est revenu dans la ruelle alors que seul mon souffle se répercute sur les murs. Je regarde mes mains et je sens mes poils se hérisser sur ma nuque. J'avale difficilement ma salive tandis que je fixe le sang qui les imprègnes. Ce n'est pas le mien, je le sais. Qu'ais-je fais ? Je tourne dans tous les sens sans voir d'où cela peut provenir. Je fais demi-tour. Je fonce vers le danger, mais je ne trouve rien. Je n'en vois pas le bout. Tout d'un coup les pas de mes poursuivants se font encore entendre. Un claquement sec résonne à mes oreilles alors que tout s'éteint.

Je me réveille en sursaut, le cœur battant à deux cents pourcents. D'une humeur maussade, je peine à sortir du lit. Je regarde l'heure sur mon téléphone. Je dois me bouger le cul.

Je descends les escaliers lentement afin de rejoindre la cuisine pour prendre un petit déjeuner.

Je trouve la maison complètement close, loin de l'habituelle effervescence matinale de ma mère. Toujours levée et de bonne humeur, il est coutume que ma mère cuisine dès le matin un bon petit déjeuner. Là, tout est fermé. Je me trouve un bol, un paquet de céréales et le dévore en un clin d'œil avant de remonter me préparer. Perdu dans mes pensées entre mon cauchemar ainsi que le stress de la rentrée, j'en oublie mes interrogations.

Ce n'est pas ma première rentrée des classes. Ce n'est pas la première fois que je débarque dans un nouvel établissement. Mais c'est ma dernière année de lycée et ça change tout.

Je m'habille de façon à passer inaperçue : un short noir, des baskets grises et un débardeur. J'accompagne le tout d'une veste en jean bleu, puis je laisse mes cheveux pendre dans mon dos.

J'attrape mon sac et descends les escaliers une fois prête et légèrement maquillée. Je n'ai jamais été du genre à passer des heures dans la salle de bain pour me faire belle. Je n'ai jamais eu de copain qui me donne envie de m' apprêter Je n'ai pas non plus eu de meilleure amie pour me maquiller avec elle. Et ce n'est pas dans cette ville-là ni dans ce énième lycée que ça va changer.

Alors, je suis restée simple et fonctionnelle. On ne peut pas dire que j'ai un physique parfait avec les formes là où il faut. Je ne vais pas me vanter, je me trouve normale. Peut-être une poitrine un peu trop présente, ma silhouette est fine grâce aux activités sportives auxquelles je m'adonne. Ma peau cependant est naturellement hâlée, mais je passerais inaperçu au milieu de toutes ces filles bronzées grâce à l'été. Je ne serais pas contre la chevelure rousse de maman, cela me donnerait un peu d'originalité. Au lieu de ça, mes cheveux noirs me permettent de me fondre dans la masse.

Je souris en me souvenant que jamais, mes camarades de classe n'ont deviné que ma mère était la surveillante. Je jette un coup d'œil dans sa chambre. Vide. Je lève un sourcil intrigué. Je ne l'ai pas entendu se lever. Au vu de l'heure, je dois partir sur le champ si je ne veux pas être en retard. Aucune trace d'elle dans la maison.

Naïvement, je pensais qu'elle allait m'accompagner comme d'habitude, mais elle n'est pas là. Peut-être me laisse-t-elle en totale autonomie maintenant ?

Malgré mon inquiétude et les questions qui bourdonnent dans ma tête, je me résous à sortir. Je sais qu'elle ne voudrait pas que je loupe ma rentrée, elle me l'a dit à nouveau la veille. Je décide de faire un petit détour pour prendre une bouteille d'eau et remarque un bout de papier ainsi qu'une paire de clefs inconnues sur la table. Ce n'était pas là tout à l'heure lorsque j'ai pris mon petit déjeuner. Un mot est écrit sous les clefs.

"Ma chérie, je suis partie pendant que tu te préparais. J'ai des choses à faire aujourd'hui, fais attention à toi, voilà les clés de ta nouvelle voiture. J'aurais aimé te les donner en main propre, mais je ne peux pas. Fais bien attention, je serai là à ton retour et on devra parler. Bonne chance pour ta rentrée.

PS : S'il te plaît, ne fais pas de vague.

Je t'aime."

Je grogne intérieurement de ne pas avoir été assez à l'écoute pour l'entendre se lever puis partir pendant que je me préparais. Je me rassure en me disant qu'elle ma mère est adulte. Malgré cette certitude, l'incompréhension est présente dans mon esprit. Qu'est-ce qu'il s'est passé hier pour qu'elle devienne aussi froide, distante et pleine de mystère ? Ma mère ne m'a jamais rien caché et ce soudain revirement de situation m'angoisse. Que me cache-t-elle ?

Je sors de mes pensées pour me bouger. Je prends les clés de la voiture, celles de la maison, et me dirige vers le garage. Je l'ouvre et un sourire immense apparaît sur mon visage.

Le garage s'ouvre lentement, révélant une silhouette imposante et racée. Mes yeux s'écarquillent en découvrant le bolide de mes rêves : une Chevrolet Camaro noir mat. Je m'approche, touchant délicatement la carrosserie lisse et froide, mon cœur battant à tout rompre.

En montant à l'intérieur, je détaille chaque contour du tableau de bord avec une révérence presque religieuse. Mes mains tremblantes se posent sur le volant. Quand j'allume le moteur, le ronronnement grave et puissant envahit l'espace, dissipant mes doutes et questions.

Un sourire invincible étire mes lèvres alors que je prends la route vers le lycée, chaque seconde de conduite écartant un peu plus mes inquiétudes.

Si j'avais suOù les histoires vivent. Découvrez maintenant