Chapitre 17: Dans ses pensées

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Durant le trajet, je me remémore tout ce qui a bien pu se passer, tout ce que j'ai bien pu apprendre et je me mets à rire. Je ris pendant de longues minutes comme une hystérique. J'essaye de me ressaisir, en vain. Je m'arrête sur le bas-côté devant une étendue d'herbe et de quelques arbres. Je coupe le moteur et mon rire cesse. Des larmes commencent à couler sans que je puisse les arrêter. Je ne contrôle plus rien. Elles dévalent mes joues tandis que ma respiration se fait plus sifflante et rapide. Je viens mettre mes bras sur le volant avant de poser ma tête sur mes mains.

Je finis par me calmer et contrôler ce torrent de larme. Mon corps tremble légèrement, ma tête me tourne et j'ai toujours du mal à respirer.

Ma discussion avec Leila tourne en boucle dans ma tête. Des flashs de notre conversation ne cesse d'apparaître dans mon esprit comme un film que je n'arrive pas à arrêter.

Ce qui tourne également, c'est ma mère. Son regard blessé lorsqu'elle écoutait Leila. Son corps soudain rattrapé par les années. Fragile, fatiguée, lui faire revivre cette perte a été un moment terrible pour elle. Je m'en veux terriblement d'avoir été la responsable de son malheur. Malgré cela, je lui en veux, c'est plus fort que moi. Je sais que tout cela a été fait contre son gré et elle n'a pas eu son mot à dire. Cependant, ce n'est pas une raison pour m'avoir caché cette vérité toute ma vie. Elle m'a enfermé dans une tour comme une princesse de comte de fée. Elle ne m'a pas laissé connaître mon héritage. Perdu entre ces deux mondes, je n'ai jamais pu entrer dans un dès deux et y faire ma place. À peine ces pensées ont traversé mon esprit qu'une larme coule sur ma joue.

Je ne devrais pas lui en vouloir. Elle est ma mère et a pris les décisions qu'elle pensait nécessaire à ce moment-là. Un cri de rage s'échappe de ma gorge alors que je tape rageusement le volant de ma voiture.

Sérieusement, comment est-ce que j'ai pu en arriver là ? Ma vie, elle était loin d'être parfaite, je n'avais pas grand-chose, mais là... Cela fait beaucoup à encaisser en si peu de temps. Ça commence à faire beaucoup, même pour moi. Ma vie était déjà particulière, mais jusqu'où est-ce que je vais aller ? Malgré mon enfance, mes déménagements, l'impression de n'être jamais à ma place. Ma mère, surprotectrice, toujours sur mon dos à me surveiller. Mes cours de sport intensif, cette manière de m'apprendre tous les moyens possibles pour les combats. Tout cela ne m'a jamais fait penser que je pouvais être une personne spéciale. Suis-je si naïve ? Est-ce que je suis idiote de ne pas voir les choses ? Avec le recul, je me rends compte qu'absolument rien n'était logique dans cette éducation.

J'ai beau être forte et avoir réussi à suivre jusque-là, je sens que je commence une sérieuse crise de nerfs. Puis j'ai bien le droit après tout ! Ma mère pète les plombs, je découvre que ma vie n'est pas du tout comme je le pensais, je ne sais plus qui croire. Je viens de découvrir que mon père n'est pas mort. D'ailleurs, je ne sais même pas quel est son prénom, ma mère m'a toujours dit qu'il s'appelait Éric, mais est-ce que je dois la croire ?

Elle m'a dit qu'il était mort, mais ce n'était pas le cas. Je sais que je ne dois pas en vouloir à ma mère, car si elle l'a fait, c'est seulement pour me protéger de la vérité. Comment dire à une enfant que son père est parti et l'a abandonnée pour sa protection ? Mais c'est plus fort que moi. D'ailleurs, je ne pense toujours pas être en danger, je ne l'ai jamais été, je ne vois pas pourquoi cela devrait changer maintenant que je suis ici. En quoi serais-je plus en danger ici, au milieu de nulle part, qu'à New York avec tout ce qui peut se passer dans les grandes villes ? Pourquoi m'avoir amenée ici, au milieu des surnaturels qui souhaitent ma mort ? Ma vie est-elle réellement en danger ?

Je sais que j'ai découvert des choses que je ne pensais pas réel, mais c'est devenu mon monde désormais. Je ne connais pas toutes les règles, les histoires, les récits. Mais je sais que je dois y faire ma place. Je me suis fait une amie. Pour la première fois de ma vie, je ne suis pas seule. J'ai une personne sur qui compter, une amie qui tient à moi comme je tiens à elle. Qui sont ces personnes qui ont peur des hybrides ? Et d'ailleurs, pourquoi ne suis-je pas morte ? J'aurais dû mourir avant ma naissance, ou bien mourir dans les jours, semaines qui ont suivi ma naissance. Pourquoi moi, est-ce que j'ai survécu ? Ma tête me tourne je ne me sens pas bien.

Je vais devoir demander plus d'informations à Leila. Puis, elle aussi, une tante qui débarque de nulle part. Je n'avais pas de famille, personne à part ma mère. En réalité, ils ne savaient même pas que j'existais...

Je dois en savoir plus, car vivre ici sans savoir ce que je suis et ce que je dois devenir n'est pas la bonne solution. Je dois en apprendre plus pour pouvoir décider de ce que je vais faire par moi-même.

Je me ressaisis et sors de la voiture pour profiter du vent sur mon visage. Mon tournis commence à passer, j'étais en train d'étouffer.

Il fait agréablement frais dehors comparé à la température qu'il y a eue toute la journée. Je me pose contre ma camaro et ferme les yeux, me concentrant simplement sur rien, le vide, afin de pouvoir faire face à ce qui va encore me tomber dessus dans les jours à venir. Comme lors de mes crises d'angoisse, j'inspire profondément avant d'expirer très doucement. Je me vide entièrement de l'air que j'ai en moi dans le but de me remettre en relation avec mon corps, reprendre possession de moi-même.

Un bruit sourd dans les herbes me fait relever brusquement la tête. Les arbustes et les arbres sont baignés par la lumière dorée du soleil couchant, rendant difficile de discerner quoi que ce soit. L'hiver s'en vient, avec ce soleil bas pour une heure pourtant pas si tardive. Le contraste entre ce soleil qui descend témoigne de l'automne déjà entamé avec la chaleur néanmoins encore chaude des journées et douces pour les soirées.

Tout à coup, je l'aperçois, vêtu d'un t-shirt à manches courtes noir. Ce haut le met vraiment en valeur, mais de manière discrète. Seuls ses muscles, se laissent deviner au travers son t-shirt. Son visage concentré, ses cheveux bruns en bataille, il m'observe derrière un arbre comme s'il m'espionnait. Je le regarde et toute ma peine, mes doutes et questions s'envolent. Simplement portée par la colère, je rugis et pars dans sa direction. Les quelques secondes que je mets pour arriver à sa hauteur suffisent, il a disparu.

La seule chose qui me permet de savoir que je n'ai pas rêvé sont les herbes légèrement aplaties là où il s'était tenu.

Depuis combien de temps Lucas Harwal m'observait-il ?

La seule chose que son apparition a eue de positif est que cela m'a permis de me ressaisir. Non mais qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Je deviens obséder, je dois me faire soigner !

Je remonte en voiture et conduis jusqu'à chez Claudia avec une seule question en tête. Que me voulait ce sale voyeur ?

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