Chapitre 33 - Je te fais confiance

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Mon ventre me fait mal, je me sens barbouillé depuis ma dernière discussion avec Avianna. Alors quand Juan propose au groupe d'aller manger un morceau avant notre passage sur scène, je refuse. Je prétexte avoir une nouvelle mélodie de guitare à réviser, et reste calfeutré dans le camping-car. Grant me lance tout de même un « ça va ? » auquel je réponds positivement par un faible sourire. Je n'ai pas envie de parler des petits moments intimes entre Avianna et moi. Ils me font déjà bien assez de mal sans avoir à mettre des mots dessus.

Je profite du silence apaisant pour m'allonger sur mon lit. Le plafond du camping-car est tout aussi blanc que celui de ma chambre. Cette similitude a un côté réconfortant. Face à tant d'inconnus, pouvoir se rattacher à quelque chose de familier permet de garder un point de repère. Comme une tâche d'ancre sur une feuille vierge, mon regard s'y accroche.

Être seul me fait du bien. J'apprécie énormément la compagnie de Grant, Avianna, Karlie et Juan, mais me retrouver avec moi-même est important. J'ai si longtemps été sans ami que je ne me souvenais plus que cela demandait autant d'implication. Il faut savoir être diplomate, vivre avec le caractère de chacun, être en permanence dans la communication. Tout cela demande des efforts lorsque l'on a perdu l'habitude de les fournir. J'avais besoin de ce temps calme pour me reposer, faire le point sur tous les évènements complètement fous qui me sont arrivés ces dernières semaines.

La sonnerie de mon téléphone portable met fin à ce moment de plénitude. Je me tourne avec fainéantise afin de l'attraper. Le nom de « maman » s'affiche sur l'écran, je m'empresse de décrocher pour entendre sa voix qui me manque déjà malgré notre récente dernière conversation.

— Maman ? dis-je par pure réflexe.

— Coucou mon chéri, rigole-t-elle.

Je ferme les yeux et me laisse bercer par son rire si agréable. Mon dos vient rencontrer le petit matelas de mon lit, je me réfugie sous la couverture, tout habillé.

— Je sais qu'on a discuté hier soir et que tu ne veux pas avoir ta maman protectrice tout le temps sur le dos, mais j'avais besoin d'entendre encore ta voix.

Cette fois, c'est mon rire qui raisonne dans le camping-car. L'entendre dire qu'elle a besoin d'écouter ma voix alors que moi c'est de la sienne dont j'ai envie, c'est tout bonnement ironique. A ce même instant, comme si les astres l'avaient décidé, nos deux étoiles devaient se retrouver pour continuer de briller.

— Ne te moque pas, c'est la première fois que tu es si loin et depuis si longtemps, me réprime-t-elle gentiment.

— Je ne me moque pas du tout, au contraire, moi aussi je voulais te parler.

— Tout va bien avec tes amis ? demande-t-elle un brin d'inquiétude dans la voix.

— Oui, c'est même au-delà de tout ce que j'aurais pu imaginer.

— Et la musique alors ? Est-ce que votre parcours avance ?

— L'horizon a l'air plutôt sympa. On va participer aux scènes ouvertes organisées sur les marchés de noël dans la région, réponds-je avec fierté.

Un silence s'installe entre nous, j'entends ma mère chuchoter quelque chose à l'autre bout du combiné. Elle doit certainement parler à quelqu'un derrière elle.

— Excuse-moi, je donnais des nouvelles à Claude. Nous prenons un café ensemble et c'est parce qu'il m'a parlé de sa famille vivant à Denver que j'ai pensé à toi. Je n'ai pas pu me retenir de t'appeler, avoue-t-elle un peu gênée.

— Je suis content que tu l'es fait. Tu passeras le bonjour à Claude de ma part s'il te plait.

— C'est déjà fait.

A fleur de peau [SM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant