Chapitre 36 - Ensemble

383 50 105
                                    


La vie n'est pas faite que de rose, quand bien même nous sommes amoureux. Certes, elle parait plus belle, mais la réalité nous rattrape tôt ou tard. C'est en voyant Juan débarquer comme une furie dans le camping-car, que je me suis rendu compte de l'étendue de ma bêtise. Avianna a tenté de s'interposer, toutefois il est parvenu sans difficulté à la repousser pour attraper le col de mon pull. J'ai bien cru qu'il allait m'asséner une droite devant la rousse, Karlie et Grant.

— T'es qu'un putain d'égoïste, Shawn ! T'abonnes tout le monde à cinq minutes du concert sans donner aucune explication !

— Laisse-le Juan ! s'énerve Avianna en posant ses mains sur ses épaules.

— Toi ne me touches pas ! se retourne-t-il vers elle, furieux. T'es franchement pas mieux que lui !

— Alors pourquoi tu ne me prends pas par le col aussi ? Pourquoi tu lui cris dessus et pas sur moi ? Je suis une fille donc tu me ménages ?!

— Tu veux que je t'engueule aussi ? Pas de problème, rit-il avec sarcasme.

Juan me lâche pour plaquer son amie contre le rebord de l'évier. Il ne tarde pas à lui faire les mêmes reproches qu'à moi d'une voix tout aussi cinglante. Karlie force Grant à intervenir avant que la situation ne dégénère. D'un long soupire, il s'exécute en emmenant de force le latino à l'extérieur.

En quittant la scène pour me réfugier dans notre « maison » montée sur quatre roues, je ne faisais pas du mal qu'à celle que j'aime, mais à tout le groupe. Je les ai laissé tomber avant un concert, quel genre d'ami est capable de faire cela ? J'ai été horrible avec eux sans m'en rendre compte, bien trop obnubilé par ma relation avec la rousse. J'ai d'abord pensé à mes sentiments amoureux avant ceux concernant l'amitié. N'étant plus habitué à gérer tout cela, je me suis retrouvé dépassé par les évènements.

— Je suis désolé d'être parti sans explication, confessé-je, les yeux baissés.

— Moi je ne t'en veux pas, Shawn, répond Karlie. Je suis une fille, j'ai bien vu que tu n'allais pas bien, mais ce n'est pas le cas des garçons.

— Merci.

Je ne résiste pas à la prendre dans mes bras. Elle est si compréhensive, si douce, si réconfortante. Ses paroles me permettent de ne pas me laisser ronger par la culpabilité de mes actes. J'ai conscience que je ne me suis pas montré à la hauteur en tant qu'ami, mais je ne suis pas pour autant quelqu'un d'horrible.

— Est-ce que ça va Avianna ? demandé-je lorsque je lâche la petite brune.

— Oui, ce n'est pas la première fois que Juan me crie dessus.

— C'est d'ailleurs comme ça que vous vous êtes rencontrés, rigole Karlie.

— Comment ça ? dis-je perdu.

— Au festival où j'ai fait sa connaissance en même temps que Karlie et Grant, je lui avais renversé mon hot-dog plein de moutarde et de ketchup sur le tee-shirt de son groupe préféré.

Les filles rigolent timidement en repensant à ce souvenir dont je ne fais pas partie. Parfois, j'oublie qu'ils se connaissaient avant que je n'entre dans leur groupe. Je suis le petit dernier, « le bleu » comme on dit dans les forces de l'ordre. Je réapprends sans cesse la signification des mots « ami » et « amour » en leur compagnie et cela n'est pas la plus aisée des tâches. Le relationnel est un travail de tous les jours. Il demande de la perspicacité, de la patience, de la réflexion, mais aussi et surtout de l'honnêteté. En amitié comme dans les relations amoureuses, il faut ouvrir son cœur aux autres pour que cela fonctionne.

A fleur de peau [SM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant