A fleur de peau [SM]

Chapitre 11 - Le match

Une foule en délire, des cris de supporters scandant le nom de leur équipe, la bière et les hot-dogs coulant à flot, me voilà plongé dans une atmosphère dont je n'ai pas l'habitude. En dehors des concerts de mes stars préférées, je n'ai jamais mis les pieds dans un stade. Il s'agit là de ma première fois à un évènement sportif. Je me demande encore pourquoi j'ai accepté cette invitation.

— Le t-shirt des Broncos te va à ravir Shawn, rigole Grant.

— Rappelle-moi qui ils sont déjà ? soufflé-je alors que l'homme à ma gauche hurle le nom de son joueur préféré ayant fait son entrée sur le terrain.

— C'est l'équipe de football américain de la ville.

— Franchement ils auraient pu choisir un emblème plus impressionnant qu'un pauvre cheval à la crinière orange.

— Alors premièrement le terme bronco désigne un cheval sauvage, non dompté et fougueux. Deuxièmement, ils font partie des sept équipes à avoir remporté deux années de suite le Super Bowl. Et enfin troisièmement, je n'y peux rien si tu as un problème avec les crinières rousses.

Me clouant le bec avec sa dernière phrase, il tourne son attention sur le spectacle se jouant sous nos yeux. Pour ma part, j'attrape le bas de mon t-shirt que je soulève en le tirant afin de mieux voir le dessin qui se trouve dessus. Sur un fond bleu marine, une tête de cheval blanc à la crinière de feu se trouve en plein milieu. Jusqu'ici, je n'avais pas fait de rapprochement avec Avianna. Mais maintenant que le mal a été fait, je n'ai plus que cela en tête.

Le show des pom-pom-girls a beau enflammer le stade, je n'y prête guère attention. Le brun a réussi à m'ancrer dans la tête l'image de cette fille que je méprise. Les rencontres sportives ne sont définitivement pas faites pour moi.

— Hey lève la tête, m'ordonne-t-il d'un coup de coude dans le bras, c'est l'heure de l'hymne nationale !

J'exécute ses ordres et imite le reste du public. Une main posée sur le cœur, j'écoute attentivement la jeune fille venue chanter cet air que toute la nation connait sur le bout des doigts. En ce qui me concerne, je n'ai que les premières paroles en tête alors une fois le peu de texte que je connais chanté, je bafouille le reste en espérant que personne ne m'entende.

La fin de la chanson sonne le coup d'envoi du match qui oppose les Broncos de Denver aux Raiders d'Oakland. Ne connaissant pas les règles du jeu, je me contente de suivre la balle et de crier de joie lorsque c'est l'un des joueurs de notre équipe qui la possède. Parfois, j'interroge Grant sur les raisons de certaines passes qui ne me semblent pas judicieuses, mais le brun ne m'écoute qu'à moitié. Le jeu le subjugue, il ne répond plus de rien. La Terre entière pourrait s'effondre dans un vacarme assourdissant autour du stade, il ne le remarquerait même pas.

Lorsque l'arbitre siffle la fin de la rencontre, les Broncos remportent le match. Les supporters de l'équipe explosent de joie, l'homme à ma gauche va jusqu'à me prendre dans ses bras. Un élan de fraternité gagne le stade et malgré le peu d'intérêt de ce sport de brutes, j'en tire tout de même une petite satisfaction. Le jeu n'était qu'un vulgaire divertissement dont je me serais bien passé, en revanche, je suis tombé amoureux de cette ambiance endiablée. Moi qui croyais qu'on ne pouvait pas faire mieux qu'à un concert, je m'aperçois que si finalement.

— Alors, comment tu as trouvé ton premier match de football américain ? me questionne-t-il tandis que nous quittons les gradins.

— C'était, comment dire, intéressant dans un sens.

— Je vois, rigole-t-il, toi t'es plus hockey.

— Même pas, les sports d'équipe j'accroche pas du tout en fait.