Chapitre 5 - Révélation

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Installé sous l'ombre rafraichissante d'un arbre, adossé à son tronc, je contemple ce qui va être mon environnement durant ces prochaines années. De temps en temps, de légères brises viennent faire voler mes cheveux bruns et bouclés. Ces derniers sont d'ailleurs un peu longs, ils me tombent négligemment sur le front.

J'aurais sans doute dû les couper avant de partir pour l'université mais j'ai préféré ne pas le faire. Voyant qu'ils cachaient une partie de ma cicatrice, j'ai fait le choix de les garder ainsi. Ma mère m'a également fait remarquer que cette coupe de cheveux, un peu en bataille, me donnait un air de, je cite : « rebelle sexy à qui on cèderait tout ». Je ne crois cependant pas m'être transformé en don juan. Les mères et leur vision, ce n'est pas toujours très réaliste. Nous savons pertinemment qu'il ne faut pas se fier à leurs dires.

Ma pizza au poulet épicé et à la sauce ranch terminée, je referme la boîte en carton. A peine arrivé et je mange déjà n'importe quoi. Heureusement, l'université est dotée d'une salle de sport comportant du matériel dernier cri. Elle n'a rien à voir à celle où j'allais près de chez moi qui était relativement petite car de quartier. Je vais donc rapidement pouvoir éliminer toutes les choses « diététiques » que je vais ingurgiter durant mon parcours universitaire.

— Hey mon vieux, halloween c'est que dans deux mois ! se moque soudain un gars au look de premier de la classe.

Derrière les verres épais de ses lunettes, ce jeune idiot pouffe de rire. Ses deux amis ayant le même niveau de culture que lui, l'accompagnent dans son fou rire. On croit souvent que les plus moqueurs sont ceux dont la nature a été la plus généreuse avec eux, mais en réalité ce n'est absolument pas le cas. Ceux qui se disent victime de harcèlement, de discrimination, sont au final les plus mesquins. Ils maitrisent à la perfection le double jeu, ce qui les rend extrêmement dangereux.

— Désolé mais avec l'appareil dentaire que tu portes je n'ai pas tout compris, répliqué-je.

Le plus amusant avec ce type de profil, c'est que derrière l'image de gros durs qu'ils tentent de se donner, se cache l'enfant à papa et maman. Ils finissent tous par partir en courant dans les jupons de leur mère. Ces trois-là ne dérogent pas à la règle, rouge de honte, ils décampent sur le champ. Je peux ainsi terminer ma pause déjeuner en toute tranquillité.

Farfouillant dans mon sac à dos, à la recherche de mon téléphone portable, je tombe sur un petit sac en papier marron. Je reconnais alors ce dernier, il s'agit du cadeau que ma mère m'a offert il y a quelques jours pour mon anniversaire. Je croyais pourtant l'avoir laissé à Toronto. Je serais prêt à parier qu'en le voyant posé dans ma chambre, elle l'a pris avec elle et me l'a fourré dans mon sac ce matin avant de me quitter. Elle tient vraiment à ce que je l'ouvre mais je n'en ai toujours pas envie.

— Qu'est-ce que c'est ?

En relevant le nez de mes affaires, je tombe face à face avec Avianna. Les bras croisés dans le dos, le buste penché au-dessus de moi, elle regarde avec grand intérêt le sac contenant le cadeau inconnu de ma mère. Elle est si proche que sa chemise à carreaux verts, qu'elle a laissé ouverte pour dévoiler son t-shirt blanc, me tombe presque sur le front. 

— Ce n'est rien du tout, dis-je précipitamment avant de le ranger.

— On dit souvent ça quand on veut cacher quelque chose. As-tu des secrets Shawn ?

— Comme tout le monde.

— Bonne réponse !

Sans que je ne l'y invite, elle se pose à côté de moi. Je me décale alors légèrement afin qu'elle n'empiète pas sur mon espace vital. Cette fille semble être assez collante, peut-être même intrusive et je ne veux pas qu'elle commence à me poser des questions sur mon accident. Peu importe la personne que j'ai devant moi, j'ai toujours le droit à un « que t'est-il arrivé ? ». Je préfèrerais largement un « salut » ou un « comment ça va ? » mais il faut croire que les gens s'en contre fiche de savoir si je vais bien ou non. La seule chose qui les intéresse, c'est de savoir comment j'ai pu avoir une marque aussi horrible sur le visage.

A fleur de peau [SM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant