chapitre 7-5

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Ce n'est qu'en sentant sur ma joue le mouchoir d'Esteban que je réalise que je pleure.

Esteban : Je suis certain que ton père regrette. C'est pas possible autrement...

Je secoue la tête et je me laisse aller doucement contre sa paume. Tout à coup, un craquement nous fait sursauter et la haute silhouette de Drogo se dresse devant nous.

Drogo : Je dérange ?

Esteban saute sur ses pieds avec un empressement qui m'étonne. Puis il nous souhaite bonne nuit, avant de s'éloigner. Maintenant je le coltine Drogo ! Il faut toujours qu'il débarque au pire moment, celui-là, à croire qu'il est branché sur mon rythme cardiaque ! Je lui décoche un regard peu amène, totalement sans effet sur lui. Je me dépêche d'ouvrir ma tente, lorsque sa voix me parvient, ironique.

Drogo : Eh bien petite chose, on court deux lièvres à la fois ?

Quand je me retourne, mes yeux ne rencontrent que le vide. Drogo a disparu en me laissant dans l'incompréhension la plus totale ! Encore perturbée par le sous-entendu de Drogo, je me glisse sous ma tente et j'ôte mes vêtements pour en enfiler d'autres plus confortables. Je revis dans ma tête les événements de ces dernières heures et ma conversation à cœur ouvert avec Esteban. Il est parti tellement vite que je n'ai pas eu le temps de le remercier.

Est-ce qu'il a été gêné par ce que Drogo a dit ? C'est vrai que, de l'extérieur, la situation prêtait à confusion. Esteban et moi, proches l'un de l'autre... J'essaie de trouver une position confortable pour m'endormir mais j'ai atteint le point où je suis trop épuisée pour sombrer directement. Ce sont les nerfs qui me tiennent. Heureusement, j'ai une occupation toute trouvée pour me calmer et passer le temps.

Je sors mon carnet de voyage de mon sac et je commence à rédiger mes impressions. J'entreprends d'effectuer un croquis de notre pont improvisé, avec quelques détails sur sa fabrication. Ce serait une chouette histoire à raconter aux journalistes, si nous étions interviewés. Après tout, je me suis démenée comme les autres donc j'aurais bien le droit de partager un peu mon expérience. En plus, l'exposition c'est ce qui aide un archéologue à se faire connaître, à trouver des financements pour ses prochaines recherches.

En attendant nous n'avons même pas encore pénétré dans le temple. Je me demande ce que les ruines vont nous réserver. Tout à coup la fermeture éclair de ma tente commence à se soulever doucement. Quelqu'un essaie d'entrer ! J'éteins ma lampe-torche et ne fais plus le moindre bruit, le poing serré sur le manche de mon couteau. Qui cela peut-il être, en pleine nuit ?

C'est forcément quelqu'un de mon groupe. Mais qui ? Je fixe, hypnotisée, le mouvement lent et silencieux de la fermeture éclair qui libère peu à peu le passage de l'entrée de ma tente. Une silhouette se découpe dans l'obscurité. Sebastian ! Sans attendre une invitation, il se glisse sous ma tente et la referme dans la foulée.

Kira : Je croyais être la seule à me glisser dans les tentes, en plein milieu de la nuit...

Il me tend la main. Je suis déçue, nous serions bien là, à l'abri des regards. Il a l'air préoccupé, ce n'est pas le moment d'argumenter. Et j'ai moi aussi envie d'échanger avec lui. C'est vraiment quand il veut et où il veut !

Kira : J'ai froid et il est tard, Sebastian...

Sebastian : Asseyons-nous près de ton feu, il a encore fière allure.

Je souris. Ce genre de compliment, de la part d'un explorateur chevronné, c'est toujours bon à recevoir.

Sebastian : Je suis désolé si...si tu as cru que je te fuyais après l'épisode du jaguar. Pour être honnête, je ne sais pas moi non plus ce qui s'est passé.

Sebastian Jones  Is It Love!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant