Sebastian Jones Is It Love!

Chapitre 11-1

Je suis incapable d'avancer : mes jambes sont lourdes, et j'ai la gorge serrée. De plus les gens qui m'entourent ne m'aident pas, le plus dure reste... Samantha qui hurle de rire. Elle vit sûrement le plus grand fou rire de sa vie. La pom-pom girl se tient les côtes en pleurant presque de joie. Sa cruauté n'a d'égal que mon désespoir. Comment peut-on se réjouir aussi bruyamment du malheur des autres ? Les haut-parleurs de rappellent à mon souvenir et relance leur exhortation.

Annonce : Mademoiselle Martin, vous êtes priée de vous rendre immédiatement dans le bureau du doyen.

(Kira, sors de ta léthargie !)

J'accélère le pas et force comme une automate en direction du bureau du doyen, à l'autre bout du bâtiment.

Sarah : Kira !

La voix amicale de Sarah dans cette atmosphère me touche tellement que j'en pleurerais. Je me précipite vers elle et elle m'accueille les bras grands ouverts.

Sarah : Je suis sortie de la bibliothèque dès que j'ai entendu ton nom ! Tu sais ce qu'il se passe ma belle ?

L'angoisse me rend aphone. Je ne sais pas par où commencer ni comment expliquer à Sarah ce qui m'arrive. Je me mords la lèvre, tout en cherchant mes mots.

Annonce : Professeur Jones, pouvez-vous rendre rapidement dans le bureau du doyen.

Les chuchotements s'intensifient en même temps que les regards se braquent sur moi. Les nouvelles vont vite. Je suis en plein cœur du roman La Lettre écarlate : on me regarde comme si j'étais une traînée, une vendue.

Sarah : Dis-moi la vérité, c'est quoi ce délire ? N'essaie pas de me faire croire que c'est juste une coïncidence si le professeur Jones est convoqué en même temps que toi !

Je baisse les yeux, ce qui est un aveu en soi. Je n'ose plus regarder Sarah en face tant l'humiliation me brûle. Je suis rabaissée au rang de paria dev ant toute l'université. Les gens peuvent être cruels, je vois se dessiner les sourires sournois des accros aux potins.

Une aventure entre un prof et son élève, c'est un scandale juteux ! Pourtant notre histoire est bien plus belle que ce qu'ils s'imaginent. Est-ce que je réussirai à remettre les pieds à l'université après ça ?

Je ne laisserai pas Samantha me mettre à genoux, ça lui ferait bien trop plaisir. Je n'ai pas tout quitté pour abandonner si rapidement. Ça va être très compliqué à gérer. Tant pis si je dois supporter les sarcasmes et les moqueries, je n'abandonnerai pas mes ambitions.

Kira : Le doyen sait pour nous...

Sarah : Quoi ? Mais comment c'est possible ?

Je hausse les épaules quand, tout à coup, une voix de crécelle nous parvient. Samantha m'a suivie avec sa cour malveillante, elles veulent être aux premières loges quand j'entrerai dans le bureau. Je montre de la tête la brochette de pimbêches à Sarah.

Sarah : La garce !

Kira : Tu peux le dire, mais bon je suppose qu'il fallait s'y attendre. Un secret comme le nôtre risquait d'être découvert à tout moment.

Sarah foudroie Samantha du regard et reporte son attention sur moi.

Sarah : Peut-être, mais sans l'aide de cette peste vous auriez peut-être pu le garder jusqu'à la fin des cours, au moins. J'en reviens pas que Samantha ait pu être assez mauvaise pour vous dénoncer. C'est ça, sa façon de vous dire merci pour lui avoir sauver la vie ?