Voir la vie en rouge... (1240 mots)

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Je me réveille avec un affreux mal de crâne. J'arrive de peine et de misère à tourner la tête. J'observe la pièce où je me trouve et reconnais la chambre de Sara. La voilà justement, assise à son ordinateur et jouant à je ne sais quel jeu.

- Sara... murmurais-je faiblement.

Elle fige et porte aussitôt son attention sur moi.

- Depuis quand tu es réveillée toi ?

Posant sa manette, elle se précipite à mon chevet et s'asseoit sur le bord du matelas.

- Comment tu te sens ?
- Pas terrible. Je crois que j'ai un semblant de migraine.
- Attends.

Elle se lève et fouille dans un sac avant de revenir vers moi.

- Tiens, fait-elle en me passant des cachets d'ibuprofène et un verre d'eau. Je n'ai pas bu.
- Merci.

Je les prends et commence à me masser les tempes. Alors que je ne m'y attendais pas, elle passe derrière moi, m'appuie contre elle et remplace mes doigts par les siens.

- Veux-tu me raconter ce qu'il s'est passé ? me demande-t-elle d'une voix douce alors que ses pouces dérivent lentement vers mon cou.
- Tu peux bien te l'imaginer...
- Il a fait quoi ?
- Pas grand chose. Disons que tu es arrivée juste à temps...
- Une chance pour toi, sinon je ne veux même pas imagi- mais c'est quoi ça ? s'interrompt-elle à moitié paniqué.

Elle descend l'encolure du t-shirt qu'elle m'a prêté et ouvre de grands yeux en appercevant ma blessure. J'avais complètement oublié qu'il m'avait brûlé ce crétin.

- Euh, je...
- Et tu me dis qu'il ne t'as rien fais ?

Elle met les pieds au sol et saisit ma main.

- Viens. Nous allons nettoyer ça.

Elle ouvre la porte et m'entraîne dans les toilettes où elle me fait asseoir sur la cuvette. S'accroupissant pour être à ma hauteur, elle ne me laisse pas le choix.

- Fais voir.

Je tire sur la manche, exposant ma plaie.

- C'est un vrai psychopate, ce mec.

Elle sort un linge propre d'une armoire et le passe sous l'eau avant de revenir vers moi. Elle le passe avec toute la douceur possible, le teintant rapidement de rouge.

- Il est malade. Je peux savoir avec quoi il t'a fais ça ?
- Un briquet...

Elle stoppe tout mouvement et me regarde la bouche ouverte.

- Tu n'es pas sérieuse ?
- Si, malheureusement...
- Ma pauvre... Je crois bien que, même si ça guérit, il va en rester une cicatrice.
- Je sais... avouais-je impuissante, les larmes aux yeux.

Elle termine d'enlever le sang et extirpe une trousse de premier soin d'en-dessous du lavabo. Un morceau de coton dans une main et du papier collant stérile blanc dans l'autre, elle me fait un léger bandage. Une fois qu'elle a terminé, je lui lance intriguée :

- Comment tu savais que j'avais besoin de ça ?
- Ma mère est infirmière, m'avoue-t-elle en riant légèrement. Tu devras le changer chaque jour.
- Merci.

Elle me considère et ajoute après un petit moment :

- Tu devrais descendre. Tes amis se font du mauvais sang. Il, comment il s'appelle déjà... Ah oui, Jean-Philippe. Je crois qu'il retient ton petit-ami. Il a peur qu'il me fasse du mal. Au fond, je comprends Simon, tu sais... Si j'aurais trouvé ma blonde dans les bras d'un autre mec alors qu'elle venait de subir une tentative de viol, j'aurais pété un câble moi aussi...

Tout me revient en tête. Le corps de Jesse qui m'écrasait, son sourire démoniaque, la sensation de peur et la douleur cuisante que j'avais ressentie. Un frisson de dégoût me parcourt et je grimace.

- Oui. J'y vais. Laisse-moi encore deux minutes, tu veux ?
-Bien sûr. Prends ton temps. Veux-tu que je les prévienne de ton arrivée ?
- Non, ça va. Merci pour ton aide. Merci pour tout.
- Ce n'est pas la peine, voyons ! J'aurais fais ça pour n'importe qui !

Elle me raccompagne jusqu'à l'escalier et me donne une petite tape d'encouragement dans le dos.

- Tout va bien aller. Ne t'en fais pas. Si il y a quoique ce soit, tu sais où me trouver.

Elle me sourit une dernière fois et se dirige vers sa chambre en refermant doucement la porte.

Inspirant pour me donner un peu de courage, je descends les marche et prie pour que personne ne soit blessé.

Simon
*attention, pdv d'exception*

J'aurais tellement pas du la laisser y aller toute seule. Si je l'aurais accompagné, rien de tout ça ne serait arrivé. Je vous jure que si jamais je recroise ce mec je le...

Je fais les cent pas dans le salon en ruminant mes sombres pensées. Jean-Philippe ne me quitte pas des yeux. Ça m'énerve. J'ai l'impression qu'il me surveille. Il ne voit pas qu'à part avoir envie de taper sur un truc, je ne compte pas m'en aller ?! Merde ! Ça me saoule ! Il me stresse ce mec !

- Jade !

Je me retourne et la vois qui s'approche de nous. Léa à sauter de son tabouret et s'est rendue illico pour l'accueillir, suivit de près par son compatriote. La seule raison pour laquelle je ne les ai pas immité, c'est parce que je suis encore trop en colère. J'ai peur de la déverser sur elle.

- Comment tu vas ? Nous étions tellement inquiets ! Sara ne voulait pas que l'on monte te voir ! Elle disait que tu avais besoin de repos ! Je suis tellement soulagée de savoir que tu vas bien !

Je ne sais pas vous, mais je trouve que Léa à l'air d'un lapin énergizer. Vous savez, le rose de l'annonce pour piles ? Elle vient de la prendre dans ses bras. Minute, c'était quoi ce cri de douleur ?!

- Doucement... articule tant bien que mal ma bien-aimée.
- Mais tu es blessée, ma parole ! me devance son meilleur ami.

Ils la presse et elle tire sur l'encolure de son chandail. Une vision d'horreur s'offre à moi. Elle a un bout de coton sur sa clavivule.

- Est-ce que je peux savoir ce que ce put*** d'enfoi** t'as fais que je lui mette mon poing où je le pense ?! tonnais-je sans pouvoir me retenir.

Elle fige et me lance un regard rempli de peur. Sa famille choisie se tourne vers moi, méfiante. Je ne contrôle tout simplement plus ce que je fais. Je le sais. Je cache mon visage dans mes mains avant de les glisser dans mes cheveux.

- Jesse m'a brûlé... avoue-t-elle en baissant les yeux.
- IL A FAIT QUOI ?!

Je vois rouge. Partout où je regarde.

- T'aurais pas pu faire quelque chose avant qu'il en arrive là ?! Je t'avais montré des techniques d'auto-défense ! Me dis pas que t'avais tout oublié !
- Toi, tu te la fermes ! intervient Jean-Philippe. Saches que tu aurais beau tout savoir, c'est facile d'avoir l'esprit vide en état de panique !
- Non, mais de quoi tu te mêles ?! Je suis capable de régler mes affaires tout seul !
- Peut-être, mais cette affaire me concerne ! Je ne laisserai parler personne comme ça aux gens auxquels je tiens !

Je fais un pas en avant et serre les poings. Sortir. Je DOIS sortir.

Elle pleure. Léa l'a prise dans ses bras et passe doucement ses doigts dans ses cheveux. Rien ne l'empêche de me fixer elle aussi.

- Léa, remonte avec elle, commande Jean-Philippe d'une voix douce, mais ferme.
- Pas question ! Elle reste ici ! J'ai pas fini !
- Tout de suite ! insiste-t-il en leurs faisant un rempart contre moi.

Les filles grimpent rapidement et disparaissent hors de ma vue.

Et je suis censé la protéger comment, maintenant ?

Tout près... (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant