Cauchemar en direct (965 mots)

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C'est dans un cri de panique que je me laisse littéralement choir au sol. Je me roule en boule, prise d'hypervantilation et use de toutes mes forces pour ne pas me mettre à pleurer.

- JADE, hurle soudain mon alter-ego, C'EST JUSTE UNE PANNE D'ÉLECTRICITÉ !

Je ne veux rien entendre. J'étouffe. J'ai mal. Tout les souvenirs que j'essaie d'oublier, de mettre derrière moi refont surface avec une vitesse hallucinante et je me mets à pleurer pour de bon.

- Pascal ! Je te glisse mon Ipod sous la porte ! Peux-tu lui faire une source de lumière ? Elle a été traumatisé dans une salle de bain sombre récemment. Si tu pourrais t'assurer qu'elle ne cherche pas à se suicider le temps que j'ouvre la porte, je t'en devrai une.

J'entends vaguement du bruit sur le plancher. Quelque chose y glisse et presque instantanément, je distingue  une lumière aveuglante près du battant. Tout est flou. Du mouvement à ma droite capte mon attention.

- Hey, murmure une voix.

L'âme s'accroupit à ma hauteur et pose une main sur mon épaule.

- Ça va aller. Jean-Philippe travaille à nous faire sortir d'ici. Ne t'inquiètes pas.

Pour toute réponse, j'enfouis mon visage au creux de mes genoux et sanglote de plus belle. Je sais que c'est ridicule, mais depuis l'incident je fais des terreurs nocturnes. Je suis totalement incapable de rester seule dans le noir, au point que je dors avec une faible lumière. Ça me rassure de voir ce qui se passe dans une pièce. Comme ça, je ne me ferai plus jamais surprendre.

Je sursaute lorsque je sens que l'on me tire et que l'on m'appuie contre un corps. Terrorisée comme je suis, je n'ose même pas bouger d'un poil. Une main légère descend dans mon dos et se met à dessiner des cercles lents destinés à me calmer. Je referme les yeux en me sommant de me souvenir de remercier ce qui représente pour moi mon sauveur. Non, je n'exagère pas: je ne serais pas ce que j'aurais fais si j'aurais été livrée à moi-même.

- Shhh... Tout va bien...

Alors que j'aurais cru le contraire, j'ai l'impression que sa présence me rassure. Un peu comme mon frère de coeur. Ça aurait dû me rendre méfiante, mais vu où on en est, je prends toute forme de réconfort qui peut passer à ma portée.

Sa chaleur m'envelope dans un cocon et me coupe du reste du monde. Pour une raison qui m'est inconnu, je cesse progressivement de verser des larmes. Je me cale un peu plus contre lui et il va jusqu'à déposer son menton sur le sommet de mon crâne. Ses doigts continuent de glisser sur le fin tissu de mon chandail, m'appaisant doucement. C'est plus fort que moi: je tombe comme une roche et c'est le blackout total.

- - - - - - - - élipse de 2 heures - - - - - - -

Je me réveille en sursaut et le premier réflexe que j'ai est de m'asseoir. J'arrive de peine et de misère à reprendre mon souffle et pose ma main au niveau de mon coeur qui bat à toute allure. Je prends lentement conscience du lieu dans lequel je me trouve. Je suis dans une chambre, installée dans un lit où on m'a enseveli sous une pile de couverture. Une dizaine de chandelles éclairent la pièce de leurs flammes vascillantes. Je me laisse retomber dans le matelas avec un soupir de soulagement et (faute de coïncidence) la porte à ma gauche s'ouvre. Je tourne lentement la tête et j'apperçois Pascal entrer tranquillement, comme s'il avait tout le temps devant lui. Ce n'est que lorsqu'il réalise que je l'observe qu'il se lance presque en direction de ma couche.

- Depuis combien de temps es-tu réveillée ?! Tu vas bien ?!

J'ai un rire gêné avant de lui répondre:

- Ça doit faire deux minutes. Je vais mieux, oui.

Il se redresse aussitôt comme si les draps l'avaient brûlé et se précipite à la porte. L'ouvrant en grand, il appelle mon frère de coeur qui s'empresse de monter à l'étage pour juger de lui-même mon état.

- Bonté divine, lâche-t-il enfin lorsqu'il est totalement convaincu que je ne manque pas de m'évanouir avant de refermer ses bras autour de moi, j'ai eu tellement peur quand le courant a subitement disparu ! J'ai presque paniqué en sachant ce qu'il t'était arrivé la dernière fois.
- Ce qui compte, c'est que je vais bien.

Je lance un regard en coin au jeune homme qui semble légèrement mal à l'aise de ce qui se déroule en sa présence.

- Après tout, ajoutais-je, je n'étais pas toute seule.

Cette phrase à le don de capter son attention car ses yeux émeraudes dérivent automatiquement vers moi.

- Merci.
- Ce n'est rien. J'aurais fais pareil pour n'importe qui.
- Bon, je crois que je vais vous laisser, lance mon meilleur ami. Comme ma première tentative pour que vous fassiez connaissance a échoué, je vais sortir et fermer la porte. J'en profiterai pour te préparer un chocolat chaud.

Il passe sa main dans mes cheveux et dépose un baiser protecteur sur mon front avant de se lever. Sur le seuil, il s'arrête une seconde et crois bon de préciser:

- S'il y a quoique ce soit, tu n'as qu'à m'appeler et je monterai l'escalier aussi vite que possible, quitte à sauter des marches.

J'exécute une petite moue avant de répliquer:

- Je ne crois pas que ça sera nécessaire.
- Si tu le dis.

Je vois son sourire avant qu'il ne se retourne et entraîne le battant avec lui... pour le réouvrir la seconde d'après.

- Quoi encore, papa ? fis-je, à-moitié exaspérée.
- J'allais oublier: ne vous amusez pas trop.

Et là, il s'en va, m'enfermant à double tour pour de bon.

J'accroche au regard captivant de Pascal, les lèvres étirées en un sourire amusée.

Moi ? M'amuser ? Voyons... Jamais je ne ferai cela.

Tout près... (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant