Amitié ambigue (1256 mots)

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- Bordel de merde ! Si seulement je pouvais comprendre ce qui m'arrive ! Grenouille-taureau ! Pourquoi ?! Pourquoi ça tombe toujours sur moi ce genre de choses ! Il y aurait beau y avoir la Terre entière qui aurait pu avoir ce malheur, mais non ! Évidemment, il aurait quand même fallut que sa tombe sur moi, veinarde que je suis !

J'arrive toujours pas à y croire. Ça fait trois jours et je ne me suis pas encore remise de cette partie de Vérité ou conséquence. J'aurais jamais cru que...

Si vous n'avez pas compris, c'est moi que Jean-Philippe avait choisi. Je pourrais mettre un paragraphe de points de suspension car je ne sais pas quoi dire.

Je suis partagée entre tellement d'émotions différentes... Je suis heureuse qu'il m'est désigné, ça flatte mon ego et ça me donne une idée de comment il tient à moi.

En même temps, j'ai peur de ce que va devenir notre amité. Cependant, ce qui m'a le plus marqué, c'est ce que j'ai ressenti. Simon mettait énormément de fougue, alors que Jean-Philippe... C'était teinté de respect et de passion, donnant une combinaison beaucoup plus tendre.

J'avais envie... qu'il continue. Sauf que ce n'est pas une bonne idée. C'est mon frère. Je le connais depuis tellement longtemps... Je ne connais même pas les répercussions qu'il va y avoir dans notre petit groupe. Et si pour une raison quelconque, il le prenait mal ?

Tiens, qui peut bien cogner à ma porte à cette heure ?

Je zieute par la vitre et je fige, la main sur la poignée. Jean-Philippe.

Je lui ouvre et il entre presque en furie. Surprise et inquiète, je referme le battant et le suit.

Je le retrouve au beau milieu de la cuisine, entrain de faire les cents pas.

- Tout va bien ? risquais-je.

- Veux-tu me dire pourquoi tu m'évites depuis mercredi ?! Je te texte, j'appelle et tu ne me réponds pas ! À l'école, tu me fuis comme si je portais la peste ou le SIDA et tu trouves des excuses bidons pour ne pas être en ma présence ! Qu'est-ce que j'ai fais ?!

Je baisse la tête et remue mon pied sur le plancher, n'osant pas croiser son regard.

- Si tu aurais une raison de me détester, si je t'aurais fais du mal, à ta famille ou à une de tes amies, j'aurais pu comprendre ! Sauf que là, tu n'as aucune excuse valable ! C'est toi qui n'arrêtais pas de me dire que tu allais avoir 17 ans ! Agis comme tel ! Ce que tu fais en ce moment est complètement immature ! Il y a un problème, alors viens me voir et parles-moi-en !
- Je suis désolée.

Je me mords la lèvre, alors qu'il se retourne et me juge du regard.

- Je ne croyais pas que tu t'inquièterais autant.
- Et comment ! Tu es l'une des personnes à qui je tiens le plus ! Je m'en voudrais si il t'arriverais malheur !

Il se rapproche de moi et saisi mes mains dans les siennes et me demande plus doucement:

- Pourrais-tu m'expliquer ce qui ce passe ?

Je déglutis et hoche lentement la tête.

- C'est à propos de Vendredi...
- Laisse-moi deviner... La partie de "Vérité ou Conséquence" ? Je savais que les filles n'auraient pas du insister pour que tu joues. Je voyais bien que ça ne te tentais pas et -
- Ce n'est pas ça. Du moins, pas tout à fait ça.

Il fronce légèrement les sourcils, attendant patiement la suite.

- C'est... Lorsque les filles t'ont mises au défi de...

Ses yeux s'éclairent d'une lumière intérieure.

- Je vois.

Son expression change du tout au tout et un sourire amusé prend place sur ses lèvres.

- C'est ce qui te perturbes autant ? C'est pour ça que tu me fuyais ?

Je rougis violement et tente de me retourner, mais il tire sur mes doigts, me forçant à rester face à lui. Il relève mon menton, m'obligeant à maintenir un contact visuel.

- Sérieusement ? C'est tout ?

C'est tout. Ce n'était donc vraiment rien de plus qu'un défi. Il s'en fiche donc éperdument.

- Laisse tomber.
- Oh que non ! Ça c'est bien la dernière chose que je vais faire. Tu sais très bien que je ne capitule pas aussi facilement.

Il me traîne jusque dans ma chambre et s'asseoit sur mon lit, tapotant le matelas à sa droite. Je prends place à ses côtés et après quelques secondes de silence, il entame:

- Tu sais, je ne fais rien sans réfléchir aux conséquences que cela peut avoir. J'avais donc prévu que tu te sentes mal à l'aise par la suite, ce qui est chose normale, mais jamais à ce point-là ! Tu m'en verras désolé.
- Ne t'excuses pas. Tu ne pouvais pas tout savoir non plus.

Je titure le bracelet que j'ai au poignet avant de me lever et de me diriger vers ma fenêtre. Me penchant au-dessus du rebord de celle-ci, mon cerveau fonctionne à tout régime. Je sais que ce n'est peut-être pas bien, mais je me demande jusqu'où Phil serait prêt à aller me concernant. Comme on dit il n'y a pas cinquante moyens de le savoir. Soit je lui pose la question, ce que je n'envisage pas car je sens que je vais mourir consumée par ma gêne, soit...

J'inspire profondément avant de lancer spontanément:

- Tu n'oserais pas recommencer.
- Tu serais surprise, très chère. Fais attention, je ne sais pas faire la différence entre jouer et... jouer.

Oui il vient de répéter deux fois la même chose. Sauf que cela évoque deux sens aucunement similaires. Je l'ai compris, oui. En ce moment, je tente le diable. C'est un véritable démon sorti de l'enfer, un psychopate de renommé, un sadique assoifé de sang et un pervers incontournable par-dessus le marché.

- Tu n'oserais pas... jouer avec moi. J'en suis convaincue. Ce n'est pas ton genre.
- Tu as dis quoi ?

Je relève la tête vers lui et l'observe du coin de l'oeil. Oh putain, ce regard...

Lentement, un sourire machiavélique se dessine sur son visage. On dirait un vrai démon. Je n'aurais peut-être pas du pousser aussi loin.

Il se rapproche de moi et m'agrippe aux hanches. Lorsque je croise ses yeux chocolats à nouveau, je jurais y voir des ombres. Ses prunelles se sont dangeureusement assombries. J'ai déjà vu ça, sauf que le connaissant, je me demande si je ne me fais pas tout un cinéma.

J'oscille entre la peur et l'envie. La peur de me faire de faux espoirs ou de finir par être rejetée. L'envie qu'il me culbute sur le lit près moi et qu'il- Du calme. Contrôle. Focus.

Je sens son souffle régulier sur mon visage. Il dérive jusqu'au creux de mon oreille.

- Parce que tu penses sincèrement que je n'oserais pas...?

Je frissonne sans pouvoir me retenir. Il est près. Très près... BEAUCOUP trop près. Pourtant, je n'arrive pas à le repousser, ni à m'éloigner. On dirait presque que je ne veux pas. Je crois qu'une partie de moi est curieuse de savoir ce qu'il pourrait me faire. Aussi débile cela soit-il.

- En fait, ça serait beaucoup trop facile... Je te laisse 1 minute pour te cacher. Si je te trouves...

Il n'a pas besoin de terminer : ses intentions sont claires. Il fait glisser le dos de sa main le long de mon visage et recule de deux pas.

- Allez, dépêches-toi. Le temps file. Tic, tac, tic, tac...

Je me retourne et cours aussi vite que je peux. Je l'entends vaguement rire derrière moi, avant que ce ne soit suivit par une phrase éternellement chelou :

- Enfuies-toi, petite chatte.

Tout près... (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant