Tout ça pour une histoire de porte... (969 mots)

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Me voilà calée dans le canapé, en direct du salon de Jean-Philippe. Cuvant mon thé glacé comme un vin de France. Pour faire changement, il m'a invité chez lui, ainsi qu'un de ses amis que je ne connais pas.

Le mec en question ne ressemble pas du tout au genre de personne que je côtoie dans mon quotidien. Disons qu'il est extraverti et qu'il ne laisse pas sa place. Parfois, son comportement me tombe même sur les nerfs.

Ça fait bien une heure que je dois poireauter sur ce divan, visitant les quelques réseaux sociaux là où j'ai un compte. Je m'ennuie royalement.

Ce n'est pas contre mon frère de coeur, mais je me demande encore ce que je fais ici. Ce n'est pas son genre de passer tout son temps avec quelqu'un d'autre alors que je suis présente. Il aurait aussi bien pu ne pas m'inviter. Ça n'aurait rien changé à la situation, à moins de m'avoir sauvé du temps.

Après avoir autant bu, il ne fallait pas être surpris du fait que je commence à avoir une envie assez pressante. Ramassant ma bourse en cuir, je me dirige vers les toilettes et m'y engouffre avec une once de précipitation.

De l'autre côté de la porte, je devine que les garçons prennent une pause: les bruits de leur jeu sont moins intense.

Une fois fini ce que j'avais à faire, je me regarde dans la glace en me lavant les mains. Sur un élan de spontanéité, je sors quelques accessoires de mon sac et remonte mes cheveux marins fraîchement teint en un chignon. J'y pique deux baguettes et juge le résultat dans le miroir.

Satisfaite, je range mon matériel et ouvre la porte.

Ou plutôt, je tente d'ouvrir celle-ci, mais elle ne veut rien savoir.

Et merde. Ce n'est bien qu'à moi qu'arrive ce genre de situation.

Je me bats avec la poignée et essaie de mettre du poids sur le battant, rien n'y fait. Pestant contre la planche de bois, je me résigne à appeler du secours.

- Phil ?

Un rire retentit du salon.

- Philou ? tentais-je, un peu plus fort.

Il fait exprès de m'ignorer ou quoi ?!

- Tout va bien là-dedans ?

Je fige automatiquement en entendant cette voix. Évidemment, il fallait que mon meilleur ami soit occupé.

- Euh, je...

Je sens presque la goutte de sueur froide qui me coule le long du dos.

- Peux-tu demander à Jean-Philippe de venir, s'il-te-plaît ? C'est important.
- Je ne peux rien faire pour t'aider ? Je ne mords pas, tu sais.

Vite ! Une excuse !

- C'est pour une raison personnelle.

Bien sûr ! Je n'aurais pas pu trouver mieux !

- Ah.

Bah oui, mec. On ne se connait pas, il est normal que je ne te dise pas tout.

J'entends sa voix lancer quelque chose en direction de la pièce d'à côté, suivit d'une série de chuchotement. Mais c'est quoi ça, encore ?! Ils complotent contre moi ?!

- Jadou ?

Enfin celui à qui je voulais parler !

- Les tampons sont situés sous l'évier.

Bug total.

Attendez, quoi ?!

Ne me dites pas que son ami à laisser sous-entendre que j'étais menstruée ?! Où est le foutu rapport avec -

Je me tape le front du plat de la main. Bien sûr. Une raison personnelle.

- Ce n'est pas pour ça que je t'ai demandé, baka ! Je n'en ai aucunement besoin !
- Désolé. Alors, c'est pourquoi ?
- La porte est coincée, avouais-je en rougissant.
- Es-tu piégée à l'intérieur ?!
- D'après toi !

Il y a un petit silence avant que je ne l'entends éclater de rire.

- Vas-tu continuer de te moquer de moi ou comptes-tu m'aider ?! m'impatientais-je.
- Excuse-moi ! C'est seulement que c'est une première dans ton cas. Il t'ai arrivé tellement de choses, mais jamais tu n'es restée prise quelque part !

Bon, ça va. On a compris.

- Je vais te sortir de là. Recule.

Je m'exécute et il reprend de plus belle. Je jurais qu'il en pleure.

- C'est long ! Libères-moi ! Tu auras amplement le temps de la rire par la suite.
- D'accord, d'accord.

Une fois calmé, je l'entends inspiré profondément. La seconde d'après, il lâche un cri de guerre et la poignée est prise d'un violent soubresaut avant de flancher et d'entraîner l'ouverture de la porte. Je sursaute violement suite à ça, ne m'y attendant aucunement.

- Qu'est-ce qui se passe ?! Pourquoi t'as hurlé ?!

Voilà l'autre qui se ramène. À la vitesse à laquelle il arrive, on pourrait croire qu'il a le feu au c-ehem- derrière.

Rivant mes yeux sur mon sauveur, je devine une expression familière que je reconnaîtrais parmi mille autre. Je ne l'aime vraiment pas celle-là. C'est signe qu'il a quelque chose en tête, mais qu'il me le dira pas. Je commence sérieusement à devenir nerveuse. Je ne veux savoir qu'à moitié ce qu'il pense en ce moment. Ce n'est que lorsque l'autre moron arrive à sa hauteur que je commence à entrevoir son plan. Arrivant avec cet élan, il ne sera pas difficile de le déplacer.

Et j'ai entièrement raison.

Je n'ai pas le temps de réagir qu'il l'a déjà catapulté à l'intérieur et qu'il a refermé la porte, nous enfermant tout les deux. Il siflotte en s'éloignant.

L'autre personne partageant maintenant ma pièce se retourne en jurant entre ses dents et tente aussitôt de faire céder la poignée. Rien à faire.

Un bout de papier glisse alors sous l'ouverture, au bas de la porte. Il se penche et le ramasse, le lit et me le tend en me fixant.

Baissant les yeux sur la feuille (où du moins ce qu'il en reste), je peux y déchiffrer:

"Jade, je te présente Pascal. Je suis sûr que vous vous entendrez très bien pour la prochaine heure."

À ma sortie, je me promets une chose. Oh, il ne perd rien pour attendre:

Je vais le tuer.

Tout près... (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant