Détraqué

Prologue

Il ne reste plus que vingt minutes avant la fin de mon service. Si je me dépêche j'aurais peut-être le temps d'aller voir Damien.

-Lina? C'est bon rentre chez toi ma belle. Une adolescente de ton âge devrais être en train de flâner sur Facebook. Toi tu reste ici à t'occuper de malades mentaux. Rentre chez toi. Déclara Diane.

-Merci Diane, je vais juste aller voir Damien et j'y vais. Bye.

-Bye ma puce. Répondit-elle en me prenant dans ses bras.

Je traversais donc le couloir jusqu'à l'ascenseur. L'étage de Damien se trouve au dernier. Il est réservé aux patients de longue date. Ceux qui passeront probablement leur vie ici.

-Damien? Chuchotais-je en rentrant dans sa chambre.

Il était comme toujours assis devant son bureau en train de lire. Quand il ne lit pas, il dessine. Ses cheveux noirs corbeaux me faisaient face.

-Je t'ai apporté un biscuit, ton préféré. Rajoutais-je en le posant en face de lui.

-Qu'est-ce que tu lis? Demandais-je doucement en ramenant une chaise pour m'asseoir près de lui.

Sans un mot, il souleva la couverture de son livre pour me montrer les Misérables de Victor Hugo.

-Wow! Monsieur lit des classiques pendant que moi je lis Hunger Games.

Il esquissa un sourire presque imperceptible puis il se remit à sa lecture. Je restai encore quelques minutes à l'observer. Malgré tout ce qu'il vit dans cette endroit, ses épaules sont toujours parfaitement droite. Comme s'ils pouvaient porter tout le poids du monde.

Il met toujours le même chandail des Beatles trop petit pour lui. Certaines vous diront que Damien Jones est beau, d'autres qu'il est sexy, mais moi je le trouve mystérieux. D'après ce que j'entends, il pique souvent de grosses crises. Pourtant ça fait trois ans que je suis dans cet hôpital et je ne l'ai jamais vu se fâcher contre une mouche. De toute façon, il n'a jamais parlé devant moi.

-Bon à demain Damien. Bonne nuit. Dis-je en lui tapotant le dos.

D'après le code de l'hôpital, il est interdit d'entrer délibérément en contact avec un patient, mais avec Damien je n'ai jamais appliqué cette règle et il ne s'en est jamais plaint.

Et voilà, encore une journée qui vient de s'écouler. Encore une journée sans avoir entendue la voix de Damien. J'ai pourtant l'impression que ce moment arrive. Il est tout près...