Chapitre 19

104 15 7
                                    

Je n'avais pas mangé depuis mes dernières paroles de ce midi. J'étais obnubilée par la recherche d'informations concernant ce mystère. Je ne pouvais pas ignorer le fait qu'il y avait un lien avec Michael, mais chaque hypothèse sortait de la réalité alors je les laissais tomber pour me concentrer sur la normalité.

Bien évidemment, avec le faux nom qu'il m'avait donné, je ne trouvais rien. Je devais donc récupérer quelques informations en espérant qu'il se pointerait ce soir.

Perdue dans mes pensées, j'en avais oublié mon café qui chauffait. J'accourus vers la cuisine et me versai une tasse en ne manquant pas de me brûler l'index... pour changer.

Sans que je ne m'y attende, la porte claqua subitement, me provoquant un sursaut accompagné par la suite d'une angoisse à longue durée. Il n'était pourtant que six heures de l'après-midi et j'avais déjà l'impression d'être dans un film d'horreur où le personnage principal ne s'en sortira pas vivant.

J'ouvris lentement la porte et aperçus, par le plus grand des bonheurs, Michael, les yeux rouges. Il me fixa un instant avant d'entamer :

- J'aimerais des explications.

Il déglutit et je ne cessais de paraître agacée. Pour dire vrai, la seule personne qui m'agaçait dans cette pièce n'était autre que moi-même.

- Entre, dis-je timidement la tête basse.

Il s'exécuta et une fois au milieu de la pièce, il se retourna pour me faire face.

- Je.. Je suis détachée de toi et je n'ai plus de sentiments... bafouillai-je.

À cette entente, ses yeux s'écarquillèrent pour laisser place à l'incompréhension.

- C'est toi qui es bizarre depuis le début de la relation, qui es sans cesse éloignée quand j'essaye de me rapprocher mais c'est tout de même toi qui te lasses...

- T'essayes de te rapprocher ? La dernière fois tu es parti en pleine nuit de chez moi sans dire mot, tu ne m'as envoyé aucun message le lendemain et je m'inquiétais énormément !

- Je ne suis pas un enfant Maria ! Je peux ne pas être disponible quelques jours sans vouloir dire que je veux m'éloigner de toi !

Je fixais le sol, embarrassée par ce tête-à-tête qui prenait une tournure différente de mes espérances.

- Bref. Si tout ce que tu dis est vrai, je ne peux rien n'y faire. J'espère que "Mackjosin" saura te garder.

Il se dirigea vers la porte d'entrée déçu. Je ne disais rien et n'agissais pas pour le stopper dans ses mouvements. Une fois refermée, je retournai vers mon ordinateur pour poursuivre mon investigation.

Je n'avais aucun renseignement sur Leach mais comme je le soulignais sans arrêt, il y avait invraisemblablement un lien avec Michael. Alors, dans les bases de données, je tapai son nom et prénom et tombai sur une fiche de diagnostique. Le téléchargement allait durer pas moins d'une demi-heure, je délaissai donc mon ordinateur pour me poser sur le canapé et boire mon café.

Plusieurs minutes après, quelqu'un toqua à nouveau à la porte. C'était sûrement Michael qui n'avait pas digéré mon explication alors je me levai pour ouvrir la porte. Sans même regarder devant moi, j'entamai :

- Qu'est-ce que tu veux Micha...

Ce n'était pas lui mais bien le loup, autrement appelé Leach.

- ... Bonsoir Princesse, ça fait longtemps, j'espère que je ne t'ai pas manqué. Et non, j'ai la chance de ne pas être ce Michael, ironisa-t-il la situation.

Il s'approcha et voulut m'embrasser quand je l'en empêchai dans son geste.

- Hm... Difficile... J'aime ça.

Il sourit amusé mais pour ma part, je n'avais aucune trace de plaisanterie sur mon visage.

- Qu'est-ce que tu me veux ? soufflai-je.

Il prit mon manteau agrippé sur le porte-manteau et me le tendit directement.

- Je t'emmène dans mon entrepôt. Tu veux en savoir plus sur moi, tu en sauras davantage.

- Commençons par ton prénom, non ? dis-je d'un ton logique.

Il ne répondit rien et me fit dos pour se diriger vers sa voiture. Je le suivis sans trop me poser de questions puisque de toute façon, je n'avais pas le choix si je voulais en connaitre plus sur lui. Mais voulais-je réellement en savoir plus ? La première fois qu'il m'avait emmené pour que je le connaisse mieux, j'ai été écoeurée de sa personne.

Arrivés au même endroit terrifiant, un homme semblait nous attendre un peu plus loin, juste devant une grande porte. Ce n'était pas celle que j'avais prise la première fois. Sans m'en rendre compte, Leach était déjà sorti et m'avait ouvert la portière.

Je me relevai et le suivis sans dire mot, nous approchant de cet étrange homme. Quand nous étions assez proches, il acquiesça pour nous saluer et continuer son chemin jusqu'à une salle. Elle était froide et blanche, je ne m'y sentais pas à l'aise. Dans un sens, comment le pourrais-je avec cet être à mes côtés...

- Tiens Leach, ce sont les dernières ventes.

L'inconnu me regarda bizarrement comme si une fois de plus je dérangeais et que je n'y avais pas été invitée.

- Ne t'en fais pas pour elle, s'énerva-t-il légèrement.

Après avoir compris ce qu'il se passait, j'aurais préféré ne jamais l'avoir compris. En fait, le premier trafic illégal cachait le second plus grave. Il ne gagnait pas seulement de l'argent sur le dos de femmes perdues mais aussi de morts...

- Tu te souviens de l'homme qu'on a tué l'autre nuit ? Eh bien, j'ai vendu ses organes pour de bons millions de dollars, sourit-il satisfait.

Je n'en revenais pas, pour couronner le tout, il était fier de lui.

- Pourquoi me l'avouer enfin ?

- Un complice doit être au courant de tout, sourit-il pervers.

- Je ne suis pas ta com...

- Oh si tu l'es. À la minute où je t'ai sauvée, tu l'es devenue.

Les battements de mon coeur accéléra chaque seconde et mon corps tout entier tremblait : c'était définitif, quand bien même je lui trouvais des excuses, je fréquentais un grand malade.

~

Le lendemain, je fus réveillée par Michael qui était revenu chez moi les larmes aux yeux une heure avant le travail. Je n'avais quasiment pas dormi de la nuit puisque cette nouvelle concernant Leach me tracassait l'esprit.

- Maria, je ne peux pas oublier notre relation. Je te veux toujours et je suis désolé si j'ai fait quelque chose de mal... Je ferai tout pour que ça s'arrange, je te le promets.

J'avais mal au cœur par ce que j'entendais.
Ce n'était pas lui le problème mais bien moi. Je pensais à un autre homme quand il était à mes côtés, je ne savais pas me décider et je le faisais souffrir plus qu'autre chose.

- Non Michael je...

- ... Quand j'étais petit, on m'a dit que...

Nous fûmes interrompus par son téléphone qui sonna. Il sortit un instant pour parler et de mon côté, le mot "petit" me rappelait que j'avais téléchargé une fiche de diagnostique la veille.

J'accourus donc presque vers mon ordinateur pour la consulter avant qu'il ne revienne. J'appris que petit, il allait voir un psychologue, probablement à cause de son père. Il avait fini plusieurs fois à l'hôpital et était diagnostiqué de bipolaire. Son paternel s'appelait Joe Jackson et en recherchant sur lui, j'appris qu'il fut décédé en 2011, quand Michael avait dix-huit ans.

La chose qui m'attirait le plus était sa bipolarité... J'aurais très bien pu conclure sur "Michael est Leach", mais quelque chose continuait de poser problème : leur ressemblance physique.

- Je t'accompagne ?

Michael était de retour et semblait être destiné à vouloir me récupérer. Mais si Michael était Leach, j'étais en danger quotidiennement et à chaque seconde.

6h57 [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant