Chapitre 8: Discussion au sommet

705 53 11
                                    

Le mois d'août arrivait à grands pas, au grand désarroi d'Adrien qui n'avait pas pu trouver de raisons pour refuser des vacances à Marinette. Il voyait donc approcher rapidement la date de son départ, date où elle quitterait pendant cinq longs jours au bras d'un autre que lui. Bien sûr, la relation entre Michel et Marinette ne lui avait jamais fait plaisir, mais lorsqu'ils étaient dans les parages, il pouvait s'assurer qu'elle ne s'approfondissait pas trop. Les premières vacances étaient une étape importante à franchir dans la vie d'un couple, surtout si ces vacances se passaient dans la contrée natale de l'un d'eux. Adrien trouvait que cela arrivait beaucoup trop tôt, ils se connaissaient à peine.

Pour calmer le jeu et revenir dans les bonnes grâces de la demoiselle avant son départ, le directeur avait cédulé une réunion chez lui, le vendredi avant les vacances. Il avait prétexté que la réunion devait se dérouler en dehors du bureau afin d'éviter d'être dérangés et aussi parce qu'il n'avait aucune idée du temps qu'elle pourrait prendre. Marinette s'absentant pendant toute une semaine à trois mois du grand défilé, il fallait s'assurer qu'aucun dossier n'en souffre et que chacun sache ce qu'il avait à faire.

Il n'avait pas l'intention de profiter de cette soirée pour séduire la demoiselle. Plagg lui avait conseillé d'avancer à pas de bébés. Le garçon se doutait bien que ce judicieux conseil devait sortir de la bouche de la coccinelle. Il avait donc l'intention de simplement s'excuser et lui montrer son sérieux face à leur relation professionnelle. Pas de bouteille de vin prévu au repas, pas de geste trop intime ou de flirt : qu'une réunion tout ce qui avait le plus d'officielle, hormis le cadre.

Quand ce fameux vendredi après-midi arriva, il ne tenait plus en place. Sa styliste en chef devait se pointer d'une minute à l'autre et il ne pouvait que faire des allers-retours dans son salon. Son kwami perdit rapidement patience devant l'attitude agitée de son protégé.

« Tu veux bien arrêté de tourner en rond comme ça? »

« Tu sais très bien que j'en suis incapable. Je suis trop nerveux, Plagg. »

« Alors joue du piano, tu dis tout le temps que cela te détend. »

Le modèle arrêta net de faire les cent pas et jeta un regard surpris au petit chat. Il avait tellement l'impression que Plagg ne s'intéressait jamais à lui, que ce conseil pertinent le laissa sans voix. Il se retourna lentement vers le piano, il l'appelait : la musique l'avait toujours calmé.

Il s'assit devant l'instrument et en regarda les touches blanches et noires, comme hypnotisé. Il y posa les mains et tomba immédiatement en transe. Les cours de piano étaient ceux qui avaient le plus plu à Adrien. Quand il jouait, il sentait que le tout le poids de ses problèmes s'envolait. Plagg se plaçait toujours sur un coussin au-dessus de l'instrument. Il trouvait fascinant de voir à quel point il pouvait en apprendre sur le garçon juste en écoutant sa musique. Adrien jouait selon son humeur, comme un exutoire faisant évacuer le trop-plein d'émotion. Ce jour-là, c'était une musique déchirante qu'il improvisait, une musique provenant tout droit de son cœur brisé. Il y criait à Marinette qu'elle lui manquait, qu'il n'y avait qu'elle, qu'il l'aimait de tout son cœur.

Et, de l'autre côté de la porte, la principale intéressée recevait ce message avec une sensation désagréable dans le ventre. Elle ne comprenait pas ce qui se passait à ce moment-là. Elle avait toujours aimé écouter Adrien jouer du piano. En général, les chansons qu'il jouait étaient pleine de vie et donnait envie de rire. Mais là, sans qu'elle puisse expliquer pourquoi, elle sentait les larmes lui monter aux yeux. Elle aurait voulu entrer et lui demander de lui pardonner une chose qu'elle ignorait. La musique la figeait sur place. Durant les longues minutes où le garçon avait crié son désespoir via son piano, elle l'avait écouté sans bouger.

En ExilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant