Chapitre 2

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Debout, face à la grande fenêtre de mon bureau, je surveille le chargement de plus d'une tonne de cocaïne et de marijuana, qui doit être transporté au Mexique sur commande. Les gros acheteurs s'arrachent tous les yeux pour ce tas de poussière blanche et grâce à eux, moi, je gagne le jackpot. C'est impressionant, n'est ce pas ?

— L'avion est prêt à décoller, patron ! m'annonce Isaia, mon bras droit.

Isaia est un russe. Il travaille à mes côtés depuis mes débuts dans le monde de la drogue, à l'âge de dix huit ans. Il n'a pas froid aux yeux et tue sans la moindre pitié ! C'est la raison pour laquelle il est là, je n'aime pas me salir les mains.

— Tu sais ce qu'il te reste à faire, non ? lui demandé-je.

Un sourire carnassier étire ses lèvres pulpeuses. Je peux le voir à travers la vitre par son reflet.

— Vite fait, bien fait. Comme d'habitude !

Je me retourne pour lui faire face. Son visage est neutre et impassible ! Je connais trop bien cette expression. Cela signifie qu'il planifie déja comment donner la mort à sa victime. Je m'avance vers lui, les mains dans les poches.

— Dès que le colis arrive à destination, assures-toi qu'il n'y ait aucune embuscade et rentrez immédiatement ici. Je n'ai plus confiance en Armando depuis qu'on failli se faire choper la dernière fois.

Isaia passe une main dans ses cheveux. Il a toujours eu envie de descendre cet enfoiré mais il nous est d'une grande utilité pour l'instant. Armando Velasquez, est celui qui gère le cartel le plus puissant du Mexique. Bien au dessus de sa cinquantaine d'âge, il maîtrise encore parfaitement le trafic, que ce soit d'armes ou de drogues ! Tant qu'on est en bon terme, ma drogue peut franchir la frontière et attérir sur le sol américain sans complication.

— Tuer Armando ... est mon plus beau fantasme, dit Isaia.

— Et je suis le mieux placé pour le savoir.

Je regarde ma montre et je remarque que l'heure est passée beaucoup trop vite.

— Il est temps d'aller jouer, Isaia.

Il hoche la tête et sort de mon bureau. Il ne va pas tarder à revenir, cette mission est très facile pour lui !

Mon téléphone vibre sur la table. Je lis le nom du correspondant et je souris. Mon vieil oncle Johns ne me lâche pas la grappe ces temps-ci ! Il veut que j'hérite de son entreprise car je suis sa seule famille mais je ne peux pas abondonner le cartel et m'installer aux Etats-unis. C'est impossible ! Mes employés et les acheteurs ont besoin de moi ici. Et en plus, je ne peux pas oser exporter de la drogue à partir de là, je risque la prison à perpétuité !

Je décroche quand même.

— Allô, fiston ! C'est ton vieil oncle Johns ! s'écrie-t-il presque au bout du fil.

— J'ai enregistré ton numéro, mon oncle. D'ailleurs, qui d'autre que toi possède mon vrai numéro !

Il rit doucement.

— Je sais, mon garçon. Tu vas bien ?

Oncle Johns est celui qui m'a élevé depuis l'assassinat de mes parents. Il m'a acceuilli chez lui comme son propre fils, il m'a inscrit à l'école, il m'a offert mon premier vélo, il a toujours été très gentil et souciant envers moi. Il ne me grondait jamais, même quand je faisais les pires bêtises ! Il me prodiguait des bons conseils. Quand j'ai découvert mon homosexualité, je ne lui ai pas en parler. J'avais peur de sa réaction, peur qu'il m'expulse de chez lui car il est un croyant ! Je n'avais que seize ans et à l'époque être gay était consideré comme un état diabolique. Alors j'ai décidé de fuir comme un pauvre lâche en lui laissant une lettre ! J'ai sauté dans le premier avion dont j'ai pu obtenir un billet rapide avec comme destination, la Colombie. Et c'est là, que tout a commencé. Je m'en voulais tellement d'avoir abondonné oncle Johns et j'ai tout fait pour trouver son numéro de téléphone. Je l'ai appelé deux ans plus tard et quand il a décroché, je m'attendais à ce qu'il puisse m'insulter ou me raccrocher au nez mais non, je l'ai entendu pleurer. Pas de tristesse mais de joie ! J'ai versé des larmes et on a discuté longuement. Il m'a dit qu'il ne m'en voudrait jamais d'être parti mais que j'aurais du lui en parler avant. J'étais tellement content d'entendre sa voix ! Il me manque énormément.

Good luck charmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant