Chapitre 21

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Arrivé devant la porte de la maison de monsieur Johns, j'hésite à entrer. Je me demande bien si je ne suis pas entrain de faire une bêtise encore une fois ? Parce qu'après tout ce qui s'est passé ici et la façon dont Alone s'est comporté la dernière fois, je n'ai pas envie de me retrouver dans le même genre de situation, où je me sens comme un objet. J'espère que ça ne se repètera plus à l'avenir ...

— Lukei, tu entres ? me demande Alone, debout sous l'encadrement de la porte.

Je hoche simplement la tête et j'avance vers lui mais dès que j'approche de la porte, il ne bouge pas. Il se contente de me regarder avec cette fascination dans les yeux, la même que celle du docteur Charles quand il m'a vu dans son bureau la première fois. Ses yeux bleus parcourent mon visage et s'arrête sur mes lèvres. Je sens le feu me monter aux joues et mon estomac se tordre.

— Je peux entrer ? demandé-je à voix basse.

Il se mord la lèvre inférieure et décide de me céder le passage. J'entre, muni de mon sac qui contenait quelques vêtements et un peu d'argent.

— On commande chinois, ce soir ? dit-il.

Je me retourne vers lui, étonné. On vient à peine de manger au restaurant et il veut encore commander ? C'est du délire, même si j'adore cette nourriture.

— Je ne faisais que te regarder manger et à ce moment là, je n'avais pas tellement faim...

Il sort son téléphone et compose un numéro.

— Maintenant, si.

Je roule des yeux et je vais ranger mes affaires dans sa chambre. J'ai passé la nuit au garage, vu que je n'avais nulle part où aller. J'avoue que dormir dans une voiture est beaucoup moins confortable, j'avais des courbatures douloureuses ce matin à mon réveil.

Je dépose mon sac sur le lit et je sors mes vêtements sales pour les mettre dans la machine à laver. Je compte ensuite le peu de billet que j'avais, qui font au total soixante dollars et je les place dans un tiroir sous mes vêtements propres. Je souris comme un idiot  en pensant à la conversation que j'ai eue tout à l'heure avec le docteur Charles. Je n'arrive toujours pas à croire que ma mère me cherche ! Enfin, je ne sais pour quelle raison mais une petite voix me dit que je ne devrais pas me rejouir aussi vite, après tout je connais ma mère et rien de positif n'est jamais sorti de sa bouche à mon sujet.

Je soupire longuement, mon sourire fanant aussitôt. Je sais que c'est déja une peine perdue, que ma mère veut juste me balancer à la face toutes les horreurs auxquelles j'ai eu droit depuis que je suis gamin, ou peut être, avec un peu d'espoir, elle souhaite me voir et me parler ou du moins s'excuser. J'en doute fortement.

Je commence à enlever mes habits pour aller prendre une douche.

— Tu veux que je t'aide ? dit Alone, avec un brin de voix terriblement sexy.

Je finis de déboutonner ma chemise, je l'enlève puis je la pose sur le lit.

— Non, ça va aller.

— Pour toi ... mais pas pour moi, mon ange ! chuchote-t-il avant de quitter la pièce.

Un frisson traverse mon corps, réchauffant mon bas ventre et mes joues d'un seul coup. Cet homme a le don de me rendre dingue en un claquement de doigt ! À chaque fois qu'il est proche de mon corps, ma respiration et mon rythme cardiaque accélèrent. Et quand il m'embrasse, j'ai la sensation que plus rien n'existe autour de nous, que la douleur et la souffrance n'existent plus, que tout n'a plus d'importance à cet instant là. C'est comme un pansement sur chacune des plaies que porte mon coeur.

Je secoue vivement la tête, refoulant toutes ses pensées que me donnent des picotements dans le bas ventre. Je retire le reste de mes vêtements et enroule une serviette autour de ma taille. Cette fois je ferai bien attention à ce qu'il ne soit pas dans les parrages !

———————–—–––

— Avec ou sans la cravatte ?

J'humècte mes lèvres devant son costard qui lui va si bien et qui le rend foutrement séduisant.

— Lukei ?

Je sursaute légèrement, sortant de ma bulle d'illusion pathétique. Alone me fixe avec un sourire en coin. Il m'a grillé !

— Euh ... je préfère sans.

Son sourire s'agrandit.

— Et pourquoi ce choix, monsieur Wong ?

Je dégloutis.

— Euh ... parce que... parce que la cravatte te donne un air strict tandis que sans, tu es plus décontracté et plus ... enfin, tu vois ce que je veux dire.

Je détourne son regard, les joues en feu et je fais semblant d'ignorer ce delicieux son qui s'échappe de sa gorge. J'adore son rire ! Il est non seulement charmant mais envoûtant.

— Moi aussi je préfère sans la cravatte. C'est le moyen le plus facile de me déshabiller assez rapidement. Enfin, tu vois ce que je veux dire, réplique-t-il d'un ton joueur.

Touché.

— Je pense que celui-ci vous va beaucoup mieux, monsieur Pierce. Un honneur de rencontrer un homme aussi puissant que vous dans cette boutique, dit une jeune femme au long cheveux noirs et aux yeux d'un gris clair.

La jeune femme s'approche d'Alone et se positionne juste derrière lui. Son teint légèrement bronzé et son accent, c'est sans doute une méxicaine. Elle est petite de taille, vêtue d'un tailleur extrêmement chic et porte des escarpins vernis. Elle possède l'allure et l'élégance qui démontrent qu'elle provient d'une famille riche.

— Et vous êtes ? demande Alone, les yeux plissés.

La femme paraît choquée pendant un moment.

— Vous ne savez pas qui je suis ? Pourtant mon visage devrait déja me mettre à découvert, repète-t-elle.

Alone se tourne vers elle pour mieux la détailler afin de se souvenir de quelque chose. Je ne sais pas qui est cette femme et quelle relation elle a entrepris avec Alone mais j'ai un mauvais pressentiment.

— Non, je n'oublie jamais un visage.

La jeune femme recule d'un pas.

— Du sang et de l'or pour une meilleure vengeance. Cette phrase ne vous rappelle donc rien ?

Alone s'avance d'un pas brusque vers elle et l'attrape les épaules avec les mains. Je ne l'ai jamais vu autant en colère depuis notre rencontre. Je veux intervenir mais il m'arrête en m'assurant qu'il ne voulait pas lui faire du mal, juste savoir pourquoi elle a prononcé cette phrase.

La jeune femme apeurée, se met à trembler comme une feuille.

— D'où sors-tu cette phrase maudite ? Et tu as intérêt à ne pas me mentir, menace Alone.

— D'accord, je vais tout vous dire. Mais avant cela, promettez-moi de ne pas me tuer.

Malgré la rage dans le sang, Alone finit par la lâcher.

— Je t'écoute. Parle.

Elle reprend son souffle et inspire profondément.

— Je vais me présenter tout d'abord.

Quelques secondes passent avant qu'elle ne continue.

— Je suis Constenza Shawn, fille de Franklin Shawn... l'homme qui a assassiné vos parents.
























Good luck charmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant