Good luck charm

Chapitre 19

Je ne sais pas ce que je fais là, dans ce restaurant un peu trop sophistiqué à mon goût. J'ai l'impression de faire tâche parmi tous ces hommes et femmes habillés en costumes hors de prix. Je n'ai jamais mis les pieds dans ce genre d'endroit de toute ma vie ! Si seulement je savais que l'on viendrait ici, j'aurais pu trouver mieux comme vêtement qu'un simple tee-shirt noir et un jeans. Alone a réussi à me faire accepter ce rendez-vous mais cela ne signifie pas que je pense retourner vivre avec lui. Je ne peux pas lui servir d'objet de plaisir qu'il peut utiliser comme il le souhaite. Déja que je n'ai plus rien à perdre vaut mieux que je conserve au moins ma dignité ! Il a tout ce qu'il faut pour attirer facilement les hommes les plus beaux dans son lit, je ne vois pas en quoi je devrais lui plaire ? C'est pathétique ! Pourquoi ne se trouve-t-il pas un jeune homme riche ? Ici, à Los Angeles, il pourrait même organiser un casting et trouver le bon, sans difficulté, en quelques secondes.

— À quoi penses-tu, boucle d'or ? me demande cet homme, aux yeux bleus, qui m'observe depuis plusieurs minutes.

Le son de sa voix me ramène à la réalité.

— À rien, mentis-je.

— Vraiment ? Tu n'as pas encore touché à ton assiette. Si il y a une chose qui te tracasse, n'hésite pas à m'en parler.

Je soupire longuement.

— Pourquoi tu as tant insisté pour que je vienne ce soir ? Je ne comprends plus rien. Ce matin, tu me dis que je ne te mérite pas et que tu me feras souffrir, ce qui sous-entend que je dois m'éloigner de toi et maintenant, tu m'invites dans un restaurant chic. Tu sais, si tu voulais t'excuser, ce n'était pas la peine de gaspiller ton argent. Je n'en ai pas besoin !

Alone paraît choqué. Ça se voit qu'il n'a pas souvent l'habitude qu'un homme ne puisse pas profiter de ses millions et encore moins, qu'un homme puisse le faire comprendre que l'argent ne résoud pas les choses en un claquement de doigts.

— Ce n'était pas mon intention de te vexer mais je suis un homme honnête et avec cette allure de toujours tout arranger avec de l'argent, tu ne trouveras jamais le vrai amour, Alone.

Un lourd silence s'en suit, sans que l'un de nous deux ne puisse dire quoi que ce soit. Alone ne me fixe plus dans les yeux, il fuit mon regard pour la première fois. Je me sens mal de l'avoir dit tout ça ! Je ne sais même pas ce qu'il a vécu dans son passé et je me permets de le juger.

— Pardonnes-moi, je ne connais pas ton passé et je ne sais pas non plus ce que tu as vécu. Je n'aurais pas du t'attaquer de cette façon...

Il reste silencieux, ne daignant toujours pas me regarder dans les yeux. Je suis allé un peu trop loin cette fois.

— Alone, parles-moi ! Dis quelque chose !

Rien. Aucune réaction. Juste, le silence.

Ayant marre de cette situation, je décide de tester un truc. Je me lève et dès que son attention se focalise sur moi, je l'attrape par les cols de chemise et je scelle nos lèvres. Mon estomac se tord et une chaleur intense naît dans mon bas ventre. Il est premièrement surpris puis se laisse faire ensuite. Ce baiser est lent, sensuel, désireux... Je ne pensais pas pouvoir mener la danse mais je voulais qu'Alone réagisse enfin, j'espère que je ne vais pas le regretter plus tard.

Je me détache de lui et reprend place sur ma chaise, le souffle coupé. C'est toujours aussi bon de goûter à ses lèvres. J'avoue que cette sensation m'a manqué. Et ça a marché ! Alone me regarde à présent avec un sourire plus vainqueur que magnifique.

— J'adore cette manière d'attirer l'attention sur toi, mon ange. Est-ce une raison de plus pour te faire la gueule plus souvent ?

Je lui souris.

— Je sais que tu l'as fait exprès pour savoir quelle serait ma réaction.

— Évidemment ! Mais je ne m'attendais pas à ce que tu m'embrasses, je pensais que t'allais finir par t'en aller et t'aimerais que je te retienne.

Je ris.

— Comme dans ces films romantiques pour nana ? Franchement, c'est trop ridicule. Et puis, je n'ai pas l'intention de partir... même si tu fais la gueule toute la nuit.

Et, c'est la vérité. Je n'ai pas envie de partir et le laisser seul ! Je me sentirai mal ensuite. Il m'a gentillement invité et je suis venu de mon plein gré donc c'est serait bête de partir juste pour une simple prise de tête. Si j'étais ce genre de mec, j'aurais quitté ma mère depuis des années déja.

Je soupire longuement en pensant à elle. Elle me manque tellement ! Il faut que j'aille la voir, même si elle ne voudra pas, l'essentiel est que je la trouve en bonne santé.

— Le mec avec qui je sortais depuis trois ans m'a trompé et m'a quitté, déclare soudainement Alone.

Je fronce des sourcils, surpris. Je ne m'attendais pas à ce style de déclaration. Je pensais qu'il était le genre de type qui baise chaque nuit avec un mec différent. La realité est choquante ! Ça doit être douloureux ce qu'il a enduré. Et moi, je le juge comme un imbécile.

Franchement, qui est aussi con pour tromper un mec aussi beau et riche que lui ?

Alone serre son poing et je ne peux m'empêcher de baisser les yeux sur celui-ci. Ce sujet doit le mettre dans une colère noire.

— Je l'aimais, continue-t-il. Je lui faisais confiance et il m'a poignardé en plein coeur. Si tu savais à quel point j'avais envie de lui coller une bonne droite. Mais, je ne l'ai pas fait ! Pour deux raisons.

Il marque une pause en buvant une gorgée de son whisky sec.

— La première, j'ai compris qu'il ne m'aimait pas depuis tout ce temps et la deuxième, son visage d'ange ne valait pas la peine d'être abîmé.

Il sort fraîchement d'une rupture difficile. Je ne sais pas ce que ça fait mais quand je lève les yeux vers son visage devenu triste, je suppose que ça doit faire vachement mal.

C'est si triste que j'en ai des larmes aux yeux.

— Je suis désolé, murmuré-je en essuyant ce liquide salé.

— Tu n'as pas à l'être.

Il pose ses yeux sur moi.

— Lukei, tu pleures ? me demande-t-il avec une voix douce et calme. 

Je détourne le regard, honteux qu'il me voit pleurer comme une fillette de quatre ans. Il me tend immédiatement le tissu rouge soyeux qui se trouvait dans la poche de sa veste et je le remercie.

— On dirait une gamine ! Je déteste quand ça m'arrive et le pire dans tout ça, est que je ne peux pas me retenir ...

Alone me sourit faiblement.

— Tu es tellement adorable. Tellement... mon ange.