Chapitre 15

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Alone pénètre dans la pièce, sans se soucier que je sois à l'intérieur ou non. Je me rince une nouvelle fois la bouche et je lève les yeux vers lui. Je ne peux m'empêcher d'observer son torse musclé, c'est impressionant et très ... sexy ? Il passe sa vie en salle de gym ou quoi ?  Putain, j'ai les joues en feu ! Je ne sais pas ce qu'il m'arrive en tout cas.

— Je n'ai pas l'habitude de regarder la télé pendant au moins une heure, repliqué-je. Pas plus de quelques minutes seulement et je m'endors.

Alone actionne le robinet et l'eau commence peu à peu à remplir la baignoire. Il se tourne ensuite vers moi, en se mordant la lèvre inférieure.

— Alors, il te faut une bonne tasse de café noir ! s'enthousiasme-t-il.

Je grimace.

— Je ... je ne bois pas de café, Alone.

Il rit doucement en secouant ses larges épaules. À chaque fois qu'il agit ainsi, je me sens soudainement mal à l'aise parce que j'ai l'impression que je suis ridicule dans tout ce que je fais. Mais ce n'est pas de sa faute ! Il ne peut pas deviner tout ce que j'ai pu endurer dans le passé. Il ne sait pas à quel point cette plaie a du mal à guérir.

— Ce n'est pas grave. Promets-moi juste de ne pas t'endormir avant les premières minutes, s'il te plait.

Je lui souris faiblement.

Il me tend son petit doigt et je fronce des sourcils, ne comprenant pas bien ce qu'il essaye de faire. Il rit à nouveau, devant mon air dépaysé puis il me prend la main, principalement mon petit doigt et le relie au sien. Rien que cet infime geste, réveille des vibrations dans mon estomac.

— Voilà ! Tu viens de me faire une promesse donc tu es obligé de la tenir. Sinon ...

On se fixe droit dans les yeux. Son regard azur  redevenant aussi intense qu'un brasier. Merde, je sens qu'il a une idée malsaine derrière la tête !

— Sinon quoi ? demandé-je, innocemment.

Alone m'attire brusquement vers lui. Je suis très proche de son corps et je peux sentir la chaleur de sa peau, traversée le tissu léger de mon t-shirt. Je pousse un cri de surprise, ma tête enfuie dans son cou. Il place ensuite une main dans mes boucles et les caresse délicatement, mes yeux se ferment automatiquement, respirant cette odeur exotique. Je deviens complètement impuissant quand je suis à proximité de cet homme ! Cette tension qui flotte dans cette pièce ne prévoit rien de bon. Comme si mon esprit se laissait naturellement dominer par son aura, mon corps se livrait sans resister et mes pensées n'existaient plus.

— Sinon tu me devras un troisième baiser, boucle d'or.

Je recule d'un pas rapide, mettant de la distance entre nous. Je n'apprécie pas tellement qu'on me mette au défi puisque je sais parfaitement que je perds souvent. Je dois lui prouver que je ne vais pas flancher cette fois. Même si, je dois admettre qu'il embrasse comme un dieu et que je meurs d'envie de recommencer.

— Je tiendrai ma promesse.

Il rit une nouvelle fois.

Je me gratte l'arrière de la nuque tout en sachant que j'ai déja perdu d'avance ! Après cette journée de travail, je suis crevé et je n'ai qu'une envie, poser ma tête sur un oreiller et tomber dans les bras de Morphée. C'est carrément impossible de rester eveillé dans cet état.

— J'ai hâte de voir ça, dit-il, un sourire énigmatique étirant ses lèvres roses.

Je lui lance un bref regard et je sors de la salle de bain, les joues toute rouge. Cet homme me trouble l'esprit. Je ne sais pas ce qu'il cherche ni ce qu'il veut exactement ! Il m'a embrassé deux fois de suite et ne m'a toujours pas dit pourquoi il l'a fait. Moi, de mon côté, je ne sais pas non plus si je suis gay ou simplement attiré par un homme terriblement séduisant. C'est presque similaire dans les deux cas, n'est ce pas ?

Je vais dans la chambre, en attendant qu'il finisse de prendre sa douche. J'aurais voulu en avoir une pareille quand j'étais petit mais on n' avait pas les moyens nécessaires pour s'en offrir. Ma mère n'a jamais pu trouver un travail correct à cause de sa maladie. Alors quand j'ai atteind l'âge adulte, j'ai enchaîné plusieurs boulots différents. C'était une sombre époque de ma vie que j'aimerais vraiment oublié.

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Alone a fait exprès de mettre un film classique des années quatre-vingts pour gagner le pari. Il n'a pas encore commencé que mes paupières s'alourdissent déja. Je ne cesse de me repéter dans ma tête, que je ne dois pas dormir ! Alone prend un plaisir fou à me voir, passer une ou deux fois ma main sur mon visage et ne peut reprimer un sourire vainqueur. Je me suis assis sur l'autre bout du canapé, loin de lui et de ses étranges sensations.

— Tes yeux sont trop petits, je ne peux pas savoir si tu dors ou pas. Viens plus près de moi.

Sérieusement ?

— Je suis à moitié chinois, c'est évident. Et puis, ma place me convient très bien.

Je n'ose pas lui regarder dans les yeux. Il est capable de me faire changer d'avis. Je reste concentrer sur le film, évitant au mieux de m'endormir.

— Tu as toujours vécu en Amérique ? me demande-t-il, soudainement.

Je fronce des sourcils, surpris par sa question.

— Non. J'avais dix ans quand on a quitté la Chine, ma mère et moi.

Il s'approche de quelques centimètres de moi, une main posée sur sa joue. Je ne prête pas attention à son rapprochement mais mon corps frisonne.

— Pourquoi ?

Je soupire.

— Parce que ma mère est d'origine américaine et quand mon père l'a quittée, elle ne voulait plus vivre là bas. 

Il se rapproche davantage.

— Tu en veux à ton père ?

— Je ne peux pas en vouloir à un fantôme, Alone. Je ne l'ai jamais connu.

Un pincement se fait ressentir dans mon coeur. Je souhaiterais que mon père ne réapparaisse plus jamais dans notre vie. Ma mère et moi ne pourront pas le supporter après tout ce qu'il l'a fait subir durant toutes ces années.

J'étais tellement perdu dans mes pensées que je n'ai pas remarqué qu'Alone était aussi proche de moi.

— Mais ... mais je ne me suis même pas endormi !

— Ouais, je sais ...

Avant même que je ne puisse rajouter quoi que ce soit, ses lèvres s'emparent brutalement des miennes.



















































Good luck charmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant