Café froid

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Le café est froid.

On l'a oublié sur la table entre deux magazines pour ne revenir que lorsque tout était trop tard. J'ai chialé devant la tasse pleine que plus personne voudrait descendre et, coudes sur la table, menton sur les paumes, j'me suis interrogée sur le sens de certaines choses.

Pourquoi a-t-on oublié ce foutu café ? Tu le sais, toi ? J'hausse les épaules.

Et, pourquoi je pleure ? J'ai jamais aimé ça. Je soupire à m'en fendre l'âme devant cette tasse pleine que je n'ose pas jeter.

Et si le verre se brisait ? Et si le liquide se renversait ? S'il s'imprégnait dans le bois, imbibait mon tee-shirt froissé et s'écoulait sur le sol en tâches de sang brunâtres ?

Et si je foutais tout en l'air ?

La dernière fois, j'suis allée voir le médecin lui dire que je psychotais, ça l'a fait rire. Parait que je me pose trop de questions sur tout et que ça finira par me bouffer toute entière. Ma mère dit que je suis trop jeune pour me prendre ainsi la tête.

Clinc. Clinc. fait la cuillère tintant sur les rebords de la tasse.

Il est loin le temps des rires délicats emportés sur les plaines. Il est loin le temps des relations saines.

Elle est loin la vie que j'ai choisie. J'cligne des yeux, la nuit tombe en coulées bleues d'un ciel nuageux. Une secousse, une douleur lancinante dans le pied qui m'remonte la jambe comme une décharge électrique et des gouttes de café froid qui me pleuvent dessus.

Et pleurent la fin de l'amitié.

15.8.19

MéditationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant