Les étés à la plage

51 6 8
                                    

On était des enfants de l'été, j'me dis en m'refaisant le film des vacances à la plage. Tu te rappelles des feux d'artifice artisanaux qu'on lançait autour du feu de camp ? Ça explosait dans le ciel en serpentins enchantés et on rêvait tout bas que l'été ne se finisse jamais.

On arpentait les eaux tumultueuses de nos yeux d'explorateurs à la recherche de tellines. Les pieds enfoncés dans le sable, les vagues léchant nos corps jusqu'au nombril, on aurait pu rester ici à l'infini à dériver à l'abri des soucis de la vie.

A marée basse, on courait sur les îles dévoilées, ces mystérieux petits amas de terre mouillée recrachés des fonds marins, dont l'apparition soudaine nous semblait synonyme de trésor. On riait en dénichant des coquillages incrustés dans le sol.

A l'annonce de la marée haute, on criait en s'enfuyant comme si on avait des pirates aux trousses, prêts à nous dépouiller de notre butin de coquillages arc-en-ciel. Des rêves plein les yeux, du sel dans les cheveux, on regagnait le campement et, à l'abri des tentes rassurantes dont les toiles ondulaient au grès du vent, on osait reprendre notre respiration.

Le soir, tandis que le ciel épousait les flots et que les vagues semblaient chatouiller les étoiles, on entreprenait de grands travaux. Les yeux plissés et l'air pensif, on modelait le sable pour construire un grand canapé duquel on pourrait regarder le plus beau spectacle de nos jeunes vies : la toile enchantée des étés à la plage peinte par la nuit.

Muets, happés par le spectacle et envoûtés par le clapotis des vagues, on s'abîmait les yeux à la lumière de nos lampes frontales. Puis, des cris retentissaient, des exclamations joyeuses qui voletaient jusqu'à nos oreilles et réveillaient notre curiosité. Alors, délaissant notre point d'observation, nous arrachant à la contemplation du paysage, nous regagnions le camp.

Les yeux exorbités, nous découvrions ce brasier aussi grand que nous l'étions alors, chaleureux et menaçant à la fois. Les flammes dansaient langoureusement dans les iris heureux des adultes et nous nous immiscions tant bien que mal dans le cercle. Je me rappelle du crépitement du feu et des étincelles imprévisibles qu'il recrachait parfois. Je revois vos visages éclairés par ses reflets orangés et je souris.

Que serais-je devenue aujourd'hui sans les étés à la plage ?

L'odeur délicate des marshmallows caramélisés s'élevait dans l'air tandis que nous débattions sur la manière la plus efficace de ne pas brûler nos brochettes. Lorsque nous étions rassasiés, nous nous allongions un peu à l'écart pour nous raconter des histoires effrayantes dans un mélange bienheureux d'effroi et d'éclats de rire.

Lorsque le soleil se levait et que les nuages, dérangés par le vent, migraient vers d'autres contrées plus accueillantes ; nous sortions nos cerfs-volants et pourchassions les mouettes. Ils n'étaient jamais bien longs les étés à la plage mais leur intensité éclipsait tout le reste. Lorsque s'amorçait l'heure du départ, que les tentes étaient démontées et les sacs regroupés auprès de la carcasse du feu de camp, nous courions écrire des messages dans le sable avec cet espoir fou que la vie pouvait y rester gravée comme dans du marbre.

Aujourd'hui, le temps a effacé les étés à la plage et les vagues ont mangé les messages laissés sur le sable. On leur a jamais fait nos adieux, on a juste arrêté d'y aller mais, j'me dis que, peut-être, dans les nouveaux enfants qui courent sûrement dans les vagues, ils se réincarnent ; les étés à la plage

9.4.20 xx

Ça fait un moment tiens, j'ai pas trop d'inspiration en ce moment et j'avais pas envie d'aborder des sujets trop sérieux, trop douloureux dans ces temps assez particuliers donc j'ai puisé dans la source la plus fertile, les souvenirs d'enfance. 

Bienvenue donc dans des souvenirs de mon enfance. C'est pas le meilleur texte au niveau syntaxique mais bon,j'l'aime bien quand même. (: 

J'espère que vous allez bien, prenez soin de vous ! 

Y

MéditationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant