CHAPITRE 48

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Sylvia rentra chez Thierry et Hélène. Elle était déprimée. Lorsqu'elle entra dans l'appartement, son frère et sa belle-sœur venaient de rentrer du travail et préparaient le diner. Elle enleva ses chaussures, posa son sac dans l'entrée et les rejoignit dans la cuisine, l'air abattu.

- « Bonjour Sylvia ». Lança joyeusement Hélène.

- « Bonjour ». Répondit-elle en essayant de sourire.

- « Bon sang Sylvia, où étais-tu passée ? » demanda Thierry agacé.

- « J'étais avec Raphaël ».

- « Je m'en doutais ». Souffla Thierry. « Tu recommences tes conneries ».

- « Thierry s'il te plait ». Intervint Hélène voyant que la jeune femme n'était pas bien.

Elle s'approcha de Sylvia et posa ses mains sur ses épaules.

- « Qu'est-ce qui ne va pas ? Vous vous êtes disputé ? » Demanda Hélène avec compassion.

- « Oui ». Avoua-t-elle.

- « Oh ma chérie, je suis désolée ». Dit Hélène en la serrant dans ses bras.

Thierry la regardait méchamment depuis l'autre bout de la cuisine.

- « Tu as couché avec lui ? » Questionna Thierry d'un ton accusateur.

- « Thierry, enfin ! » Gronda Hélène.

- « Vu sa tête et le fait qu'elle ai découché 2 nuits de suite, j'en déduis qu'elle a couché avec ce garçon. Alors réponds-moi, tu as couché avec lui ? » Insista Thierry.

- « Oui ». Avoua Sylvia avec lassitude.

- « Voilà, ça recommence. Mais tu n'as rien dans la tête ma parole. Ça ne t'a pas suffi de te faire engrosser une fois, tu couches de nouveau avec le premier venu ».

Sylvia eut l'impression de recevoir un coup de poing dans l'estomac. Elle regarda son frère avec des yeux exhorbités. Pendant tout ce temps, elle avait cru que son frère n'avait porté aucun jugement sur son histoire avec Lionel et sa grossesse involontaire, mais elle s'était trompée. Il était définitivement comme son père. Elle était très très déçue et ses paroles lui faisaient encore plus mal que les insultes de son père.

- « Comment oses-tu dire ça. Ce n'est pas parce que je sors avec un homme et que l'on a des relation sexuelles... »

- « Ne parle pas comme ça ». S'énerva Thierry.

- « Et que l'on a des relations sexuelles... » Insista Sylvia. « ... que l'histoire va se répéter et que je vais retomber enceinte. Tu crois que j'ai envie de revivre cet enfer ? Tu crois que je suis aussi écervelée que ça ? Je croyais que tu me connaissais mieux ».

- « Oui moi aussi je croyais mieux te connaitre. Ma petite sœur n'aurait jamais couché avec un garçon avant le mariage et elle aurait été assez responsable pour se protéger ».

- « Mais bon sang quand est-ce que tu vas comprendre que c'était un accident ». Cria-t-elle. « A chaque fois on utilisait un préservatif et il a suffit d'une fois, une fois où malheureusement il a craqué, pour que je tombe enceinte. Tu crois vraiment que je voulais me retrouver dans cet enfer à 16 ans ? »

- « Pourtant tu as caché ta grossesse à papa et maman et tu les as mis devant le fait accompli. Tu leur as fait énormément de peine et tu les as extrêmement déçus ».

- « Pardon ? Je veux bien concevoir les avoir déçus et leur avoir fait de la peine, mais ce qu'ils m'ont fait est encore pire. M'obliger à faire adopter mon tout petit bébé, la chair de ma chair, c'était la pire chose qu'ils pouvaient me faire. Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai souffert. J'ai fait une dépression, j'ai pensé me suicider tellement la douleur était insupportable. Elle ne me laissait jamais de répit. Si Marie, Angélique, le Dr SERIEUX et Yvonne n'avaient pas été à mes côtés, on n'aurait pas cette discussion parce que ta sœur serait morte à l'heure qu'il est ».

- « Et pourtant tu recommences avec ce Raphaël ». Insista Thierry.

- « Je ne recommence rien. Je me reconstruis. La vie, MA vie continue sans mon fils et j'ai le droit de retomber amoureuse d'un homme. Bon sang Thierry, tu espérais quoi ? Que je rentre au couvent ? Je suis une femme, j'ai un cœur, j'ai des sentiments et je ne peux pas les refouler juste pour ne pas te déranger. Oui j'aime Raphaël, oui on couche ensemble et tu sais quoi ? C'est un super bon coup au lit, je prends un pied d'enfer ». Dit-elle pour le défier.

La réaction de Thierry ne se fit pas attendre. Il s'approcha de Sylvia menaçant. Hélène eut juste le temps de s'interposer entre eux pour éviter que Thierry ne gifle sa sœur.

- « Espèce de trainée. Je t'interdis de revoir ce type. Tu m'entends ? » Ordonna-t-il.

- « JE NE SUIS PAS UNE TRAINEE ». Hurla Sylvia.

- « Il est hors de question que tu quittes cet appartement et que tu le revois. Ce n'est qu'un pauvre petit serveur et tout ce qu'il veut c'est te sauter ».

- « Tu juges les gens sans les connaitre. Il n'est pas comme ça et je te le redis même si ça doit te faire saigner les oreilles : Je l'aime et il m'aime. Tu n'as pas à me dire qui je dois fréquenter. Je suis capable de prendre soin de moi et de gérer MA vie. Je suis adulte et libre de mes choix que ça te plaise ou non ».

- « Adulte, mais ma pauvre fille tu n'as que 18 ans. Tu n'es qu'une gamine ».

- « Je suis peut-être une gamine à tes yeux, mais pourtant je suis adulte et ces 2 dernières années m'ont fait grandir et mûrir bien plus vite que les autres filles de mon âge ».

- « ça ne change rien. Tu ne le reverras pas et tu vas rester ici désormais ».

- « Je n'ai pas quitté papa et maman et je ne suis pas venu ici pour que tu prennes leur place et me dicte ma conduite. Je suis venue te voir parce que tu es mon grand-frère et que je t'aime. Je croyais qu'on était plus proche que ça et que l'on se comprenait, mais je m'étais trompée. Tout ça c'était vrai lorsqu'on était petit et que j'avais besoin d'un guide dans la vie, mais tu as changé dès le moment où je suis devenue adulte. Tu n'acceptes pas que je n'ais plus besoin de toi et que tu ne puisses plus me contrôler. Tu es simplement blessé dans ton orgueil de mâle, tout comme papa. Vous avez toujours pensé qu'à vous. A aucun moment vous n'avez pensé à moi, à ce que je voulais, à ce que je ressentais ».

- « Tu ne connais rien de la vie, tu ne sais pas ce que c'est que l'amour et les garçons profitent de toi. C'est mon rôle de grand-frère de te protéger des autres et surtout de toi-même ».

- « C'était ton rôle tant que nous étions petit, mais désormais tu dois me laisser vivre ma vie. Je dois faire mes propres choix, mes propres erreurs et construire ma vie tout comme tu l'as fait. Tu as quitté la maison, tu as rencontré Hélène, vous vous êtes mariés, tu as un travail et cet appartement. C'est à mon tour de vivre tout ça, c'est comme ça que les choses doivent se passer et tu ne pourras rien y faire ».

- « Tu es trop naïve et irresponsable. On ne peut pas te faire confiance et te laisser seule. Tu as besoin que l'on te dise ce que tu dois faire où tu vas encore te retrouver avec un marmot sans père ».

- « ARRÊTE Thierry, ARRÊTE. Décidément tu ne veux rien comprendre. Cette discussion ne mènera à rien. C'est bon je n'en peux plus, j'en ai marre de tout ça. Je me casse d'ici ».

Elle se rendit dans le salon et attrapa ses affaires tant bien que mal. Elle ouvrit la porte de l'appartement et dévala les escaliers. Derrière elle, Thierry lui criait :

- « SYLVIA ! SYLVIA REVIENS ICI TOUT DE SUITE. SI TU FRANCHIS CETTE PORTE ÇA N'EST PAS LA PEINE DE REVENIR. JAMAIS ».

Sylvia avait les larmes aux yeux à la fois de colère et de déception, mais elle ne se retourna pas et quitta l'immeuble. Elle mit ses affaires dans sa voiture et se mit en route.

Suite dans le Tome 2.

Sylvia, "Je t'aime mon fils" (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant