Chapitre 14 - Leur photo

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Remontons un peu le temps du côté d'Aureane

-Voici les Fleurs de Cristal.

Je ressentais une énergie énorme émaner d'elles. Je n'arrivais pas à en détacher mon regard. C'est des fleurs. Dont leurs pétales semblaient être des cristaux, très fins. Je n'arrivais pas à mieux les décrire, j'étais à une vingtaine de mètres d'elles et je ne distinguais pas les détails. Une sorte de fine poussière bleue les entouraient, comme une halo d'une lumière bleu très pâle. Peut-être le pollen qu'elles contenaient. Cette couleur me rappelait celle de la pierre de mon collier et j'eus un sentiment nostalgique à cette pensée.

-Vois-tu, reprit l'homme qui s'était contenté de me fixer dans ma contemplation en se dirigeant vers ses bocaux, ces fleurs sont spéciales. Tu les connais ?

Toujours trop terrifiée pour parler et comme je n'arrivais pas à retrouver un sang-froid suffisant pour empêcher ma voix de trembler, je me contentais de secouer la tête en signe de négation au visage sérieux du mage qui se tenait à quelques mètres de moi. Il se retourna vers son étagère et les parcouraient du doigt. Il en prit deux, une dans chaque main, et s'agenouilla près des fleurs. Il en ouvrit une, et sans en déverser le contenu, il l'approcha de la faible lumière qui émanait des fleurs. 

-Que vois-tu ? Me demanda-t-il alors.

-Rien, hésitais-je.

-Mhmh...

Je me demandais s'il voulait me faire passer un test ou quoi que ce soit d'autre. Il referma le bocal et le posa un peu plus loin. Il ouvrit le second et répéta le même geste. Sauf que cette fois-ci, les grains de poussières se fixèrent sur la surface du liquide dans le bocal jusqu'à former une couche uniforme. Je fronçais les sourcils et son sourire s'élargit en se tournant vers moi.

-Et maintenant, prononça-t-il doucement, que vois-tu ?

C'était évident, et pourtant j'hésitais sur ma réponse.

-Une... une barrière ? 

-Ahahah... Oui, pas faux.

Son rire sourd s'estompa dans la pièce et un silence s'installa. Il éloigna le bocal de la source de lumière et, très vite, les particules de poussières s'en allèrent pour rejoindre le champ de fleur.

-Sais-tu ce que cela signifie ?

Il s'approcha lentement de moi après avoir reposé sur son étagère l'autre bocal qu'il avait mis de côté. Regardant celui qu'il tenait, il me posa une autre question en me montrant une étiquette collée au bocal.

-Pourquoi est-ce que cette poussière réagit à ton sang ?

Sur le bocal, en lettres capitales, était écrit "SANG D'AUREANE ACLANTIA". 

Dans le cabanon à côté du siège de guilde de Solendro

-Je veux que vous le retrouviez !

Je criais à pleins poumons au Maître Gopam qui regardait silencieusement les menottes qui retenait Léon prisonnier il n'y a pas plus de deux heures. Il me répondit calmement.

-Il ne s'est pas enfuit seul.

J'arrêtais de faire les cent pas. Hésitant entre la consternation et l'impatience, je me retournais vers lui en faisant de grands gestes.

-C'est évident ! M'énervais-je de plus belle en entendant une phrase aussi incontestable. Ces menottes sont faites d'un acier qui annule toute forme de magie ! Il ne pouvait pas l'utiliser !

Son ton sans appel me fit retrouver mon sang froid aussi vite que je l'avais perdu.

-Arrête de t'agiter comme une gamine. Qu'est-ce que dirait ton père ?

J'inspirais profondément. 

-Oui, pardon. C'est juste que je suis tellement frustrée qu'il ait réussit à s'échapper aussi facilement...

-Je t'avais dit d'assurer tes arrières.

-Mais je ne pensais pas qu'ils allaient se douter que Léon était aussi facile à trouver.

-N'oublie jamais qu'il ne faut pas sous-estimer nos adversaires, compris ?

Le bout de son bâton me força à lever la tête pour que nos regards se croisent. Ses iris sombres me toisaient et semblaient ne pas me laisser le choix de la réponse à lui donner.

-Bien compris, Maître.

-Bon, fit-il en rajustant la ceinture de son éternelle kimono marron. Contactons d'abord le Maître Taneti pour l'informer de la situation. Pendant ce temps, retrouve Siffal et il te trouvera un plan infaillible. 

-Bien, fis-je en me retournant.

-Oh, et une dernière chose, ajouta-t-il, avant que je n'oublie.

Je m'arrêtais et il me tendit une photo jaunie.

-Ton père était l'un de mes plus chers amis. Il m'a demandé de te remettre ça je ne sais plus quand donc prend la pendant que j'y pense.

Ne comprenant pas d'où venait cette soudaine déclaration, je la pris et une exclamation de surprise s'échappa de mes lèvres. Lorsque je relevais la tête pour poser une question, je découvris que le Maître s'était déjà téléporté autre part. 

Sur cette photo, je reconnus sans peine ma mère et mon père, avec moi dans leur bras. Je n'ai aucun souvenir du pourquoi nous riions si gaiement mais je n'ai jamais oublié leurs visages. Ça remonte à il y a longtemps mais maman avait faillie être tuée par ce Démon nommé Déliora. Il faisait des ravages énormes dans plusieurs villes de la région. Mon père l'a secourue alors qu'elle était à l'article de la mort. Il l'a sauvée à l'aide d'un sort de soin et ils ont fini par tomber amoureux un an plus tard. Puis ils m'ont eu la même année. Maman m'avait dit qu'elle avait été mariée avant de rencontrer Peter, mon père. Et qu'elle avait eu un enfant qui était mort avec son ancien mari, même si son corps n'a jamais été retrouvé. Tous les deux tués par cette monstruosité. Comme elle, j'ai maintenant des cheveux bleu nuit rattachés en une queue de cheval. Elle avait souvent cette coupe de cheveux, comme sur cette photo. 
Je retournais la photo pour découvrir une belle écriture attachée au dos, datée de l'an x778 et signé M&P :

"A tes deux ans, notre belle Crystal". 

Un enlèvement pour commencement - TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant