Mazette, interj. [vieux] : Expression marquant l'étonnement ou l'admiration.
Je salue mes derniers élèves du jour avec un faux sourire avant de rapidement fermer la porte à clé et courir jusqu'à ma douche. Ça fait déjà un peu plus de deux semaines depuis que j'ai « rencontré » ma muse et depuis j'ai le cerveau qui est constamment en surchauffe. J'aime toujours enseigner, mais ce projet, j'en suis devenu obsédé. Ce que je ne voulais pas est arrivé, j'ai déjà dormi une nuit à l'atelier parce que je ne pouvais plus m'arrêter.
J'ai trouvé un nom à mon héros et même plus encore. Il s'appelle Arthur (comme Rimbaud) et a 24 ans. Il a un Master en lettre moderne et a intégré cette année l'année spéciale d'un DUT Métier du Livre en spécialité Bibliothèque. Puis de faire une licence professionnelle archives, médiation et patrimoine. Son but est d'acquérir toutes les connaissances qu'il peut pour bien s'occuper de archives littéraires de ses idoles pour travailler en tant que contractuel dans la bibliothèque de son choix et passer le concours de Conservateur. Il a un plan d'avenir solide comme du béton armé et tout est bien engagé pour qu'il y parvienne. Et je remercie énormément internet de m'avoir aidé pour trouver son parcours professionnel. Sincèrement.
Une fois débarrassé de toute la crasse du jour, je cours me faire couler un café. Je vais en avoir besoin pour tenir toute la soirée voire la nuit entière. Demain, c'est samedi. Je ne travaille que l'après-midi. Je pourrai donc faire une bonne grasse matinée, surtout que j'ai prévu de dormir ici. C'était quelque chose que je m'étais interdit de faire. Vraiment. Et j'y étais déterminé. Mais tout comme la dernière fois, il y a une raison qui explique que je m'autorise cet écart de temps en temps.
Le vendredi soir, il est là. Ma muse est dans ce qui semble vraiment être sa chambre et il y reste longtemps. Le vendredi soir, c'est le seul jour de la semaine où il reste le plus longtemps éveillé le soir.
Et aujourd'hui, j'ai vraiment besoin de pouvoir m'inspirer le plus possible pour avancer dans l'intrigue de ma BD. C'est un récit de vie. Mais est-ce que ce sera suffisant ? Je sens qu'Arthur a du potentiel. Il est intelligent, c'est vrai. Mais il est surtout passionné et je pense que ça peut lui faire vivre de nombreuses aventures, de grandes rencontres, ... Pour ça, il me faut une étincelle.
Et cette étincelle va bientôt apparaître à sa fenêtre.
Je dois avouer que parfois, j'ai l'impression d'être un stalker à le regarder. Mais c'est pas comme si je l'espionnais ! Enfin ... je suis simplement en train de regarder par ma fenêtre, ce qui est parfaitement mon droit. Ce n'est juste pas de ma faute si ma fenêtre donne directement sur la sienne. Ce n'est pas moi qui l'ai voulu. C'est un signe du destin, voilà.
Et c'est vrai qu'en plus de cela, ça me donne l'impression d'avoir de la compagnie. Je suis seul dans cet atelier, en dehors des moments où mes élèves sont là, et personne ne m'attend chez moi. Ces moments en sa « compagnie » me permettent de ne penser à rien d'autre et bon sang que ça fait du bien. Quand je l'aperçois, c'est le moment où je me mets le plus à créer. Je lui invente une histoire incroyable où il en est le héros à chaque seconde. Et dire qu'il n'en sait rien. Il n'a même pas idée de la vie fictive qu'il s'apprête à vivre. Et il ne risque pas de la connaitre à vrai dire.
Je suis maintenant prêt à travailler. J'apporte mon thermos de café et ma tasse à mon poste d'observation, vérifie que mon plan de travail est assez éclairé et m'installe. Comme à chaque fois, je commence par des petits étirements, pas forcément nécessaires ou efficaces, mais c'est pour moi une manière de me mettre en condition. D'annoncer à mon corps et à mon cerveau que les minutes et même les heures qui arrivent vont être consacrées à la création. Ça me permet aussi de voir l'état de mes poignets, juger à peu près pendant combien de temps je vais pouvoir travailler sans problème. Mon rituel pré-création pour faire plus simple.
VOUS LISEZ
Nom de Dieu ...
RomanceIl y a certaines choses dans la vie qui ne l'ont pas surpris. Il savait qu'il serait un artiste. Qu'il dessinerait et peindrait toutes les choses qu'il trouverait belles. Il savait que sa famille aurait des problèmes avec son homosexualité, en plus...