Jaspiner, verbe [argot] : Jaser, bavarder.
La semaine vient de commencer et je peux souffler. Je ne suis au courant pour le presbytère que depuis quelques jours mais déjà cette découverte prend une grande place dans mon esprit. Sauf que cette semaine, c'est Noël et Jonas _ qui soit dit en passant, a, je l'ai découvert sur Internet, un prénom lié à la religion ... super _ m'a prévenu qu'il ne pourra pas être présent à nos rendez-vous parce qu'il sera très occupé.
Je me suis renseigné et ai découvert que la semaine de Noël, les prêtres avaient un gros programme. Ça ne m'a donc pas étonné. Il faut que j'avoue quand même que secrètement, j'imagine que s'il est très occupé, c'est parce qu'il reçoit juste de la famille chez lui. Sauf qu'on est le vingt-quatre après-midi et qu'il n'a toujours reçu personne chez lui. Ça s'annonce mal pour mon maigre espoir.
Mais du coup, aujourd'hui et les prochains jours, je vais pouvoir travailler sur ma bande-dessinée et ne pas me préoccuper de cette histoire de prêtre ou pas prêtre. Ma famille habite trop loin pour que j'aille les voir. Puis il faut dire que mes parents ne sont pas forcément satisfaits de mon choix de vie. Un fils artiste ? Très peu pour eux. Alors en plus, un fils gay et artiste ? Encore moins. Ça allait jaspiner entre « vrais hommes virils » lors du repas de Noël si j'étais là. Bon, même si je ne suis pas là, ça ne va rien changer, il y aura forcément un oncle assez beauf qui demandera si sa tapette de neveu compte venir. Mais au moins, je ne suis pas là pour supporter ça et c'est un vrai soulagement.
Je m'estime donc mieux ici, dans mon atelier que dans une fête de famille avec des gens que je n'ai pas forcément envie de voir. Puis Arthur m'attend. Je l'ai un peu mis de côté depuis ma ... fameuse découverte. Je dois aussi dessiner sa famille et surtout si mon cher héros va vivre des aventures inattendues ou une vie réglée comme du papier à musique, selon ses souhaits.
C'est une question que je me pose souvent lorsque j'ai une idée en tête. Est-ce que j'ai envie de créer un personnage qui vit des choses extraordinaires ? Ou je préfère lui faire vivre un train-train quotidien qui peut parler aux lecteurs ? Qu'est-ce que les gens ont envie de lire ?
Déjà, Arthur est un jeune homme comme on pourrait en croiser n'importe où. Je compte sur lui pour attirer les gens même s'il a un caractère de cochon. Peut-être que c'est pour ça que je ne dois pas lui laisser avoir une vie trop simple et trop paisible. Je dois lui faire vivre quelque chose qui le sortira de sa zone de confort. De sa petite vie tranquille de futur conservateur. Quelque chose qui lui fera se demander parfois pourquoi il a décidé d'être là où il est.
Mais est-ce que je reste dans le réaliste ou je lui fais vivre quelque chose d'épique ?
Lui qui ne jure que par les classiques français, il se retrouvera forcément confronté à d'autres personnalités. Des amateurs de classiques étrangers. D'autres préférant des lectures plus contemporaines. Des personnes qui mettront à mal ses convictions et n'hésiteront pas à le remettre à sa place malgré sa bonne tête. Il a besoin d'être secoué un peu. Il a déjà sa famille, exclusivement féminine d'ailleurs, qui ne lui laisse pas trop de répit, mais en dehors d'elle, les gens lui disent amen à tout parce qu'il est beau gosse et « mystérieux ».
Il lui faut une personne qui aimera le contredire, qui lui démontrera à chaque seconde qu'il n'a pas la science infuse et que ce n'est pas parce qu'il n'aime pas que c'est mauvais. Reste à voir la relation qu'il aura avec cette personne. Ami ? Ennemi ? Amoureux ? Passer de la haine à l'amour pourrait être trop cliché. Peut-être une amitié ... ou alors ... une attirance incomprise par Arthur ? Après tout, il n'a pas pour habitude de s'intéresser aux autres. Mais là, il sera confronté à une personne qui n'hésite pas à lui dire de se taire, qui ne lui dira pas qu'il a raison à chaque fois avec des étoiles dans les yeux. Cette personne lui offrira sûrement les plus grands débats de sa vie.
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Nom de Dieu ...
RomanceIl y a certaines choses dans la vie qui ne l'ont pas surpris. Il savait qu'il serait un artiste. Qu'il dessinerait et peindrait toutes les choses qu'il trouverait belles. Il savait que sa famille aurait des problèmes avec son homosexualité, en plus...