Je me suis levé ce matin avec une pensée d'espoir en tête. Il s'agit d'un fait suffisamment rare pour être souligné, aussi ai-je jugé bon de la noter au plus tôt afin de l'immortaliser. La joie qui gonfle mon cœur aura beau s'évaporer, j'en conserverai à jamais une trace écrite témoignant de son passage impromptu et bienvenu. Peut-être ne croirai-je pas mes propres mots en la relisant a posteriori, comme il me prend inévitablement lorsque je redécouvre un témoignage de mon bonheur passé. Un accès de détermination entre mes phases régulières de néant total est une denrée rare et précieuse, à laquelle je me dois de m'accrocher tant qu'il en est encore temps. J'ai bien conscience que mon humeur redescendra sous peu, aussi m'empressé-je de formuler cette idée folle qui m'habite depuis l'aube : je veux aller mieux. Moi qui me suis résigné à laisser croupir les vestiges de ma grandeur d'autrefois, j'ai envie.
Envie. De guérir, d'exister, d'écrire ainsi que je l'ai toujours fait, de lire les mots d'un autre sans me sentir coupable, de devenir autre chose qu'un ramassis de négativité, et de m'aimer pourquoi pas. Tout un programme, n'est-ce pas ? La plupart du temps, le nombre pharaonique de résolutions me submerge et me fait perdre toute motivation, mais pas aujourd'hui. Ces objectifs sont de multiples facettes d'un seul désir et sont intrinsèquement liés entre eux : je ne puis en détenir un sans posséder les autres. J'ai envie de m'en croire capable, quoique m'en persuader me semble audacieux même dans un moment de bien-être.
Mon esprit n'est jamais bien clément envers moi et ne cesse de me mitrailler de tous les outrages, dans l'ardeur comme dans l'oisiveté. Pauvre sot de croire ses diatribes quotidiennes sans jamais tenter de les contredire, pensant mériter l'autodépréciation qui sévit en moi. Aujourd'hui, peut-être même seulement aujourd'hui, je suis apte à me dresser contre les voix qui me rabâchent mon impuissance. J'ai le droit de ne pas me détester. Souviens-t'en, Sulys Irving, si tu relis ces lignes dans un instant de doute. Croire en mes paroles, c'est déjà croire en toi.
Je redoute l'instant où l'euphorie retombera. Mais avoir commencé ma journée à ses côtés est déjà un miracle inestimable... je suis vraiment chanceux. Espoir, restes à mes côtés encore un moment, j'ai tant besoin de toi. Un jour viendra où tu seras de nouveau une évidence à mes yeux. Et je te promets de lutter pour que ce futur s'accomplisse. Hors de question de faire mentir ceux qui me soutiennent quand bien même je passe aisément pour un cas désespéré.
Affrontons, que dis-je, apprécions cette journée qui s'ouvre à moi. Il serait bien ingrat de ma part de ne pas profiter de ce filet d'espoir qui m'a été accordé ce matin.
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De la plume d'un lys blanc
PuisiTantôt poèmes , tantôt courtes proses, les textes présentés ici ont pour ressemblance d'avoir été rédigés par la même personne. Bien entendu votre serviteuse, mais également l'une de ses créations. Sulys Irving chérit son passé, navigue sans boussol...