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Quand Judy m'a propsé de venir passer les vacances avec elle et sa famille, j'ai beaucoup hésité. Me retrouver dans une famille me faisait peur. Depuis six mois je fais des crises de panique, je ne veux pas imposer ça aux parents de mon amie, qui elle, les supporte déjà à longueur de journée. Finalement, ça me fait du bien, ses parents sont des gens extrêmement sympathique, seul problème,son petit frère. Je ne m'attendais pas à voir un homme. A 18 ans, il fait un mètre quatre vingt dix, bâti comme un boxer, il m'impressionne et réveille mes angoisses.
Même s'il n'a pas l'air méchant, me retrouver dans la même pièce que lui me stresse.

Après avoir pris ma douche, je me dépêche de retrouver la sécurité de la chambre de Judy. Je me sèche rapidement, et m'habille comme à mon habitude d'un jean et d'un pull quelconque, j'essaie qu'on ne me remarque pas, au grand désarroi de mon amie. Même si elle comprends, elle essaie de son mieux de m'aider à remonter la pente, mais je ne suis pas encore prête. Je suis suivi par un psy, qui me laisse avancer à mon rythme.
Mon grand frère qui ne sait pas comment faire pour m'aider, essaie lui aussi de s'occuper de moi mais il en fait trop. J'ai l'impression de ne plus avoir de temps pour moi. C'est aussi pour ça que j'ai accepté l'invitation de Judy, pour que mon frère pense que je suis sur la voie de la guérisson, pour qu'il arrête de s'inquièter pour moi, qu'il reprenne le cours de sa vie avec sa petite amie.

-Tu es prête ma belle.
-Oui, je me coiffe et c'est bon.

Judy a décidé de m'emmener prendre un verre dans le seul bar de la ville. Elle m'a promis qu'il n'y aurait pas beaucoup de monde. Comme je ne veux pas l'empêcher de vivre j'ai accepté. Elle sait que ça me fait peur, mais elle ne dit rien. J'aime ça chez elle. Elle ne me considère pas comme une victime. Elle sait ce que j'ai vécu mais ne me défini pas uniquement que comme une pauvre petite fille fragile. Néanmoins, elle a su adapter son attitude vis à vis de moi.

Quand nous passons la porte du bar, une odeur agréable nous accueille, il n'y a pas beaucoup de monde, comme me l'avait promis Judy, ce qui nous permets de choisir les places que l'on veut.
C'est donc cachées dans le fond de la salle que nous attendons le serveur pour notre commande.
Une bière pour mon amie, un coca pour moi.
L'alcool me rappelle trop de mauvais souvenir, je n'arrive plus en prendre une goutte sans vomir tripe et boilleau.

-Alors que penses- tu de la seule attraction pour adultes de mon petit village?
-Il est très agréable, l'ambiance est très zen.
-Oui, le propriétaire ne voulait pas d'un pub, ou il faut hurler pour s'entendre.

Nous discutons plusieurs minutes de tout et de rien. De son enfance dans une petite ville comme celle-ci. Le manque d'intimité que cela engendre.
Je suis une fille de la ville moi. Je me dis que connaître tout le monde doit avoir du bon aussi.

Mais alors que j'arrive enfin à me détendre, deux hommes s'approchent de la table. Ils ont l'air un peu éméchés. Je commence à sentir les premiers signes d'une crise de panique.

-Bonsoir mes Demoiselles, un peu de compagnie?
-Non merci. Nous souhaitons juste passer une soirée entre filles. Bonne soirée à vous.

Mais bien évidemment, ils ne comptent pas se laisser éjecter aussi facilement. Ils deviennent insistant. Nous touchent le bras, les épaules, les cheveux. Je me sens mal, la sueur commence à couler le long de mon dos, mes mains tremblent, mon coeur accélère dans ma poitrine. Je ne vois plus ce qu'il m'entoure, je ne veux pas m'évanouir ici.

-Un problème?

Je reconnais cette voix. C'est Yann. Sans que je ne comprenne pourquoi, je reviens à moi. Mon corps se sens soulagé de le savoir ici. Comme si il ne pouvait plus rien m'arriver.

-Oui, ces Messieurs ne comprennent pas le non!
Ils regardent le petit frère de mon amie, pas si petit que ça, haussent les épaules et quittent enfin notre table. Je soupire de soulagement.

-Callie, tu vas bien? Je suis désolée, je ne pensais pas...
-Ça n'est pas de ta faute.
-On va rentrer.
-Non, je ne veux pas gâcher ta soirée, ça va aller.

Yann écoute notre échange sans comprendre de quoi il en retourne. Il doit me prendre pour une folle. C'est sûrement ce que je suis devenue. J'aimais tellement sortir avant. Je savais envoyer balader les hommes un peu lourd. Je m'amusais même à ça. Maintenant, j'ai peur de tout.

-Je vais rester avec vous les filles. Personne ne viendra vous ennuyer. Mais Judy, tu m'épargnes tes histoires de cul.

Nous rions toutes les deux devant l'air dégouté de son petit frère. Le mieux était pareil avant.
Elle lui demande de nous raconter ses projets pour l'année prochaine à la fac.
Il veut devenir avocat. Je suis impréssionné, pour son âge il a beaucoup de maturité, plus que beaucoup de garçon de mon âge d'ailleurs.
Vers minuit nous décidons de rentrer nous coucher. La journée a été longue avec le trajet et j'avoue tomber de sommeil.
Nous repartons à pieds tous les trois, je laisse le frère et la sœur derrière moi, ils plaisantent, se chamaillent. Ils me font rire. Malgré leur différence d'âge ils s'entendent très bien et sont très complices.

Nous remercions encore Yann d'être venu à notre secours et prenons la direction de la chambre. Mais avant que je ne puisse suivre Judy, je sens la main de Yann prendre la mienne. Ça ne m'effraie pas. J'ai bien des frissons, mais pas de peur.

-Si tu as besoin de moi, n'hésite pas.
-Tu es gentil, merci pour tout, je suis...
-Peu importe, je suis là.

Il part sans me laisser répondre. Je reste quelques instants à fixer la porte de sa chambre qui est pourtant déjà refermé. Je ne comprends pas ce qu'il me fait ressentir.

"toujours elle"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant