"toujours elle"

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-Maître Scott! J'ai vos papiers.
La gréfière me court après dans les couloirs. Arrivée à ma hauteur, elle me fait un sourire éclatant, qui veut dire, "c'est quand tu veux mon beau". Je sais que ça fait prétentieux mais j'ai l'habitude de ce comportement des femmes. Encore plus depuis que je suis avocat.
Ça fait un an que je suis employé dans une grande boîte d'avocat. Je ne compte pas y rester, je vais monter mon propre cabinet. Je n'ai donc pas le temps pour les femmes. Juste des coups d'un soir. Jamais deux fois la même. Depuis que Callie est partie sans explication emportant mon cœur et mes espoirs avec elle, je ne me suis plus attaché à une femme, je ne leur fait plus confiance. Ma sœur a pourtant essayée de me présenter plusieurs de ces amies docteur mais rien y fait. Elle était la femme de ma vie. Et même si aujourd'hui, je lui en veux, je n'arrive pas à la detester.
J'ai essayé de la retrouver au début, je voulais comprendre pourquoi elle m'avait quitté sans explication.

Quand Judy m'a appelé ce jour là pour me dire que Callie avait enlevé toutes ses affaires, laissé les clés et son téléphone, je n'y ai pas cru. Elle ne pouvait pas m'avoir abandonné. Je n'ai plus parlé pendant plusieurs jours. Les années suivantes je les ai passées à travailler. J'ai pu passer mon diplôme plus tôt que prévu. Grâce à Callie, je suis devenu un des avocat le plus en vue de New-York.
Pourquoi la grosse pomme? Sûrement dans l'espoir qu'elle revienne un jour. Mais six ans après, je n'y crois plus. Je ne sais pas où elle est. J'espère qu'elle est heureuse. Je n'ai jamais eu la force de demander à ma sœur, l'histoire de sa vie. Judy ne m'a plus parlé d'elle non plus. Elle aussi a été déçu.
J'ai donc fait mes études en habitant avec ma soeur, en dormant dans son lit à elle.

-Si je peux vous aider pour autre chose n'hésitez pas Maitre.

La voix de l'allumeuse me ramène au présent, je ne sais pas ce qui a pu lui faire croire que je m'interessais à elle. Je ne lui parle pas, je ne la regarde même pas. Mes coups d'un soir, je les trouve souvent dans les bars, sûrement pas sur mon lieu de travail, ou elle pourrait me harceler et se faire des idées sur mes intentions.

-Je n'y manquerais pas, bonne journée.

Sans plus de discours, je pars du tribunal, on est vendredi soir. Je mange avec Judy et son mari ce soir. Ils ont une annonce à me faire. Je me doute de ce qu'ils font me dire, mais je laisse à Judy la joie de me le dire elle même.

Je suis heureux pour ma sœur. Elle a réussi ses études de médecine, elle est chirurgien en néphrologie dans un grand hôpital New-Yorkais, tout comme son mari Paul. Ils sont heureux et ça fait plaisir à voir.
J'aurais pu avoir le même bonheur avec Callie... Stop, il faut que j'arrête de penser à elle. Elle ne pense pas à moi elle, sinon elle serait là, avec moi.

-Bonsoir Maitre.
-Bonsoir Docteur.

Ma sœur et moi nous ne n'appelons presque plus par nos prénoms, c'est con, mais ça nous fait rire.

-Comment vas tu Maitre?
-Désolé docteur, mon cœur bat toujours.

Nous discutons de nos emplois du temps respectifs, ils sont aussi chargés l'un comme l'autre mais c'est la vie que l'on aime.
Comme je le pensais, Judy attends un bébé, ils sont fous de joie, moi aussi, je vais devenir tonton. Sûrement le seul bébé que je vais côtoyer. Même si je suis encore jeune, je ne suis pas sur de vouloir un bébé un jour, enfin c'est surtout de la mère que je ne veux pas.

Je rentre chez moi seul. Mon appartement n'est pas loin du cabinet. Il est immense pour une personne seul, mais je l'adore. Surtout la vue.

Je surplombe la ville et j'avoue que la nuit c'est splendide. Je me suis souvent vu baiser Callie contre la baie vitrée face à la ville. Mais c'est un fantasme qui en restera un, avec elle mais aussi avec une autre. Aucune femme n'est jamais venue dans mon appartement, et ça n'est pas prêt d'arriver.

Je passe mon week end à travailler, et le samedi soir je sors boire un verre avec les copains. Je ne cherche pas de coups d'un soir, je n'en ai pas envie. Mes potes se foutent de moi, ils savent pour Callie, mais ils n'en parlent jamais, ils me disent tous que je finirais vieux garçons. Peu importe. Ma vie me plait.

Le dimanche est le jour que j'aime le moins, pas que la ville soit morte, mais les gens ne sortent pas, ils se reposent pour la semaine qui arrive, moi je travaille, même le dimanche, même quand je prends quelques jours de congés pour aller voir mes parents. Ma vie se résume au travail. Je n'ai plus que ça. Mon cœur est en pierre. Je suis donc bon dans ce que je fais. Avocat d'affaires. Travailler avec des chefs d'entreprises endurcie surtout à mon âge. Je serais un vrai requin avant mes vingt cinq ans, en tout cas c'est bien parti.

Le lundi j'arrive au bureau, en avance comme d'habitude, mais je ne suis pas en forme. J'ai comme un mauvais présentiment, je ne sais pas pourquoi. Toutes mes affaires en cours vont bien, ma sœur et mes parents vont bien. Je chasse ses pensées qu'une catastrophe va arriver et appelle mes clients importants pour faire le point.

La journée se déroule finalement sans accroc! C'est donc plus léger que je quitte le bureau pour rejoindre mon domicile. Une soirée devant le match de basket, avec bière et pizza et surtout les potes, va me permettre de me décontracter vraiment.
J'aime mon métier même si il est parfois stressant. Non, vraiment une femme dans ma vie n'aurait pas sa place.