Seule(ment).

Un passé trop douloureux

[80 jours avant la fin]

Salut journal, comment tu vas depuis le temps? Je sais ça parait idiot de poser des questions à une feuille de papier mais bon, je tiens à toi d'une certaine manière, donc voilà.

Je t'avais dit, un jour, que je reviendrais sur ce qui m'a mené ici. J'ai décidé de le faire aujourd'hui. 

Ça risque d'être un peu brouillon et je m'en excuse mais j'imagine que tu sais à quel point c'est difficile de tout balancer comme ça sur un coup de tête. Même si, dans mon cas, ça a été réfléchi depuis un bon moment.

Je ne sais pas vraiment par quoi commencer. Je crois que je vais te présenter ma famille d'abord.

Je suis née à Downtown, aux USA, en 2002. Ma mère et mon père s'y sont rencontrés et ils sont tombés amoureux au premier coup d'oeil, un vrai coup de foudre. Ma mère se prénomme Hannah et mon père James. Ils ont la quarantaine maintenant. Quand ils se sont rencontrés, ils se sont directement mis ensemble. C'était comme une évidence. L'amour fou.

Quelques années après, ma mère était enceinte de moi.

Quand je suis née, mes parents savaient d'avance que je ne pouvais être leur seule fille. Ils voulaient un deuxième enfant. Un troisième même. Du coup, deux ans après moi, Katty est venue au monde, en 2004.

Je l'aime vraiment beaucoup ma petite soeur. Elle a été comme un rayon de soleil dans ma vie. Elle l'est encore aujourd'hui.

Elle a 15 ans et pourtant, elle est si mature. Elle est grande, presque plus grande que moi et elle a de beaux cheveux bruns. Ses yeux sont verts (merci maman) alors que les miens sont bruns, rien de très spécial, basiques. Katty a sauté une classe l'année dernière, ce qui fait qu'elle est au lycée, elle aussi. Elle est tellement intelligente qu'on aurait dû lui donner sa maturité de lycée dès sa naissance, sans déc'. Je me demande d'où elle la tient d'ailleurs, son intelligence. Enfin bon, tout ça pour dire que Katty et moi on s'entend vraiment bien et que je l'aime énormément. Je suis fière d'être sa grande soeur, vraiment.

Ensuite, en 2006, c'est Ethan qui est venu au monde. Mon petit frère. 

Au jour d'aujourd'hui, il a 13 ans et c'est un battant ce gosse. Il a le courage que je n'aurai jamais.  Tu vas me dire que c'est parce qu'il est jeune et qu'il n'est pas conscient encore de ce qui lui arrive dans la vie mais je ne pense pas. Je pense qu'il a un truc spécial en lui, un truc qui l'aide à surmonter n'importe quoi. Tu sais c'est ce genre de personne qui ne pourrait jamais être ici, dans un hôpital, parce qu'il sait affronter les bas et qu'il sait qu'il n'est pas seul pour le faire. C'est ce genre de gens casse bonbon mais qu'on aime d'amour. C'est la personne la plus attachiante que je connaisse, sans rire. Je l'aime fort putain.

Donc bon, comme tu l'auras compris, je suis grande soeur de deux petite têtes qui comptent énormément pour moi. Là tu te dis sûrement que j'ai été égoïste de penser à les quitter comme ça mais je pouvais pas penser à eux. Il m'était impossible de penser à eux. J'avais trop mal pour ça. J'avais trop mal pour penser tout court. 

J'imagine que tu te demandes ce que je fais là, du coup. 

Je te le raconterai par la suite. C'est encore un peu brouillon dans ma tête. 

Mais j'ai eu un passé douloureux. Trop douloureux je dirais même... Sinon, je ne serais pas à te parler depuis ici...

[19h23]

Je dois aller me doucher, journal. Ici les douches ferment à 20h. Je dois me dépêcher... J'y vais. A plus tard.

[20h06]

Je suis de retour. C'était plus rapide que ce que je n'imaginais. Entre temps j'ai pris ma douche puis j'ai discuté un peu avec ma meilleure amie, Vivy. En réalité, elle s'appelle Vicky mais, va savoir pourquoi, tout le monde l'appelle Vivy. Elle a mon âge, elle a 17 ans. Et elle me ressemble beaucoup physiquement. Elle est grande, brune, elle a les yeux bruns et voilà quoi, une fille banale mais extraordinaire. Elle est GéN-IALE.

On s'est rencontrées à l'école primaire. On n'avait personne à côté de qui s'asseoir alors on s'est mise l'une à côté de l'autre. Quelques mois après, on était inséparables. Et ça, jusqu'à aujourd'hui. 

C'est ma jumelle. Ma moitié. Je l'aime énormément.

A côté de ça, j'ai une amie que j'aime beaucoup aussi, c'est Ashley. Je l'ai rencontré en première année de lycée mais ce n'est qu'en deuxième année qu'on a vraiment commencé à se parler. Je tiens beaucoup à elle. 

Je suis sûre que n'importe qui a cette personne dans son entourage où un regard suffit à faire comprendre quelque chose à l'autre. Cette personne pour moi c'est Ash'. Un regard suffit. 

Globalement, on passe nos journées ensemble avec Ash' quand je suis au lycée. J'ai beaucoup voulu "fuguer" avec elle mais elle m'a souvent dit que non, priorité à autrui. Et je lui en ai voulu pendant un moment. Parce que j'avais besoin de m'évader et qu'elle n'était pas là pour m'accompagner. Je devais me débrouiller seule. Sortir seule. Manger seule. Courir seule. Fuir seule. Crier seule. Tout, toujours seule. Et ça m'a épuisé.

 Au jour d'aujourd'hui je suis ici et je ne lui en veut absolument plus. J'ai compris qu'elle n'y pouvais rien si j'avais mal. Et qu'elle avait ses bobos elle aussi. Elle devait aussi penser à elle. En plus de ça, elle m'a prouvé qu'elle était là pour moi, plus que jamais quand elle est venue me voir monter sur scène et chanter (je te parlerai de ma passion une autre fois) alors que personne d'autre n'était là. Ses larmes m'ont prouvées qu'elle aussi tenait à moi même si les mots n'y étaient pas toujours. Elle a su, par son regard, me faire comprendre qu'elle était là pour moi, et ça pour toujours. 

Personne ne le sait mais si je suis montée sur scène c'était parce que j'avais besoin de monter sur scène avant de partir. Et ça a été pour moi la meilleure scène EVER. C'était incroyable, vraiment. Je revivrais ce moment des millions de fois si je le pouvais et ça, toujours avec Ash'.

Et aujourd'hui je peux le dire. Je veux vivre. Vivre pour chanter. Vivre pour m'amuser. Vivre pour rigoler mais surtout je veux vivre pour ne plus survivre. 

Je veux être heureuse journal, tu m'entends?

[21h09]

Il est temps pour moi d'aller me reposer, la journée a été longue. Je t'écrirai dès que l'occasion se présentera à moi, c'est promis. 

Bonne nuit journal, à bientôt.