La musique au-delà des mots

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[52 jours avant la fin]

Salut, journal.

J'étais en train de te relire quand je me suis rendue compte que je ne t'ai jamais parlé de ma passion : le chant. Je crois que c'est une étape importante à aborder avant de parler de ce qui m'a mené ici.

Globalement, je chante depuis que je suis toute petite. Je crois que j'avais 5 ans quand j'ai commencé à chanter. Ça a toujours été mon échappatoire. Ma vie.

Quand j'étais plus jeune, j'avais pris pour habitude de chanter tous les jours et toute seule, mais quand Katty a eu l'âge de parler, je l'ai initié à ma passion elle aussi. 

On adorait chanter ensemble, c'était incroyable. On criait, on chantait faux, mais qu'est-ce qu'on s'amusait putain. 

Plus tard, c'est Ethan qui nous a rejoins. Il adorait la musique tout autant que nous. On a très vite formé un trio de choc.

Avec le temps, on a tous trouvé notre voie: Je chantais, Katty jouait du violon et Ethan de la guitare. On formait "Les Minimoys". C'était la belle époque quand même. On ne pouvait plus se passer de la musique. C'était une drogue. 

Plus tard, Katty m'a initié au piano, elle trouvait que cet instrument me correspondait parfaitement et elle adorait écouter les gens en jouer. Elle pensait m'être redevable de lui avoir transmis ma passion pour la musique, et qu'est-ce que j'aime jouer maintenant. 

Quand on avait aux alentours de 10 ans (Katty en avait 8 et Ethan 6), on a littéralement cassé les c******* à nos parents pour qu'ils nous laissent prendre des cours. Au départ, ils ne voulaient pas. Ils disaient qu'on allait se lasser et que ce n'était qu'une envie de passage. Mais ils ont vite compris que la musique c'était notre oxygène. On devait en faire pour vivre. C'était une nécessité. 

Alors les cours ont commencé. J'ai pris des cours de chant, Katty de violon (sans compter les cours de piano en cachette) et Ethan de guitare. Et on ne regrette rien, honnêtement.

Comme je te l'ai dit quelques jours plus tôt, Katty est un vrai génie. Elle a appris à jouer du Mozart en deux semaines alors qu'elle n'avait que 8 ans. C'est hallucinant je trouve mais qu'est-ce que je suis fière d'elle mon dieu. 

Tu dois penser qu'on a dû beaucoup se jalouser dans cette famille mais c'est faux. On a toujours été complémentaires tous les trois. TOU-JOURS. 

En 2015, lorsque j'ai fêté mes 13 ans, on m'a offert mon premier enregistrement en studio. J'en rêvais tellement. J'étais tellement heureuse que j'ai pleuré pendant 2h d'affilé, tu te rends compte? J'avais enfin la chance d'aller de l'avant avec ma passion. Et le studio n'était pas très loin de chez nous.

Alors, on a décidé de commencer à faire des scènes. Tout le monde nous incitait à partager notre passion et notre talent. On a foncé. 

Au départ, je participais à des concours de chant seule mais j'ai vite compris qu'il me manquait mes acolytes. J'avais besoin d'eux alors ils m'ont très vite rejoins. 

On adorait ça. On voulait en vivre. Chaque moment sur scène était magique. Tout ça était magique.

Mais quelques années après, et je ne sais pas pour quoi, mes petits frères ont décidé d'arrêter. Katty était omnibulée par ses études et Ethan voulait commencer le volley. Ils m'ont laissé seule avec ma passion. Seule avec ce qui me servait à respirer.

Quand c'est arrivé, une partie de moi s'est effondrée. Tu sais journal, c'était toute ma vie tout ça. Et ça s'est écroulé du jour au lendemain. 

Mais je n'ai jamais abandonné le chant, ni le piano d'ailleurs. J'ai toujours continué de chanter et j'ai même commencé à composer. C'était vraiment important pour moi. Plus que n'importe quoi. J'avais besoin d'extérioriser ce qui se passait dans ma tête. Alors j'ai fais concours sur concours et reçu échec sur échec. C'était affreux. Je me sentais nulle et seule. Pourtant, on continuait de me répéter qu'il me fallait seulement de la persévérance. Seulement ci, seulement ça, mais rien ne changeait. 

Mes petits frères, eux, vivaient très bien leurs nouvelles activités. Ils étaient épanouis et je n'osais pas les embêter avec mes histoires. Ce n'était pas important après tout...

Donc bon, j'ai pu faire quelques scènes et chacune d'entre elles m'a beaucoup appris. Je sais que j'ai évolué et c'est positif je crois bien. Evidemment il y a eu des fails mais aussi beaucoup de réussite et surtout de bonheur. Monter sur scène pour moi, c'est assez incroyable comme sensation. Parfois je tremble, parfois je stress, parfois non. Mais ce qui est sur c'est que j'aime toujours autant ça. Quand je suis sur scène et que je chante, je me sens bien et je me sens chez moi, à ma place. C'est l'un des rares endroits que je considère comme étant "ma place". Alors voilà quoi, ça me fait tout simplement kiffer. J'aime raconter des histoires. J'aime faire frissonner les gens, leur faire ressentir quelque chose. J'aime cette sensation d'adrénaline qui monte avant de monter sur scène, pendant que je chante, et en descendant de scène. Et j'adore le bruit des applaudissement du public, le regard pétillant qu'ils posent sur moi et parfois même les larmes. J'aime le contact avec ceux que je ne connais pas. Parce qu'en chantant, tout est plus facile.

Donc ouais, je n'ai absolument rien de négatif à dire sur ma passion. J'aime absolument tout du chant, des scènes et de la musique en général. C'est toute ma vie. 

Je ne sais pas où j'en serais au jour d'aujourd'hui si je n'avais pas le chant pour m'aider. Je crois que la musique est ma meilleure amie. Elle n'est pas physique mais elle est toujours là avec et pour moi. Toujours. Et je l'aime si fort.

Et malgré tout, je n'en veux pas à mes deux petites têtes préférées d'avoir changé d'hobbys. C'est normal après tout de changer. On change tous plus au moins tout le temps dans la vie. 

Et puis, d'un autre côté, ce sont eux qui m'ont donné envie de composer, d'extérioriser tout ce que j'avais en moi. Et rien que pour ça, je leur serai reconnaissante toute me vie. Oui, parce que je compte rester.

[20h09]

Bon journal, il est temps pour moi d'aller me poser avec les autres patients au salon. J'aimerais essayer de penser à autre chose et prendre un thé pour me réchauffer. 

Peut-être que je changerai d'unité demain. Ça m'effraie beaucoup mais je crois que je n'ai pas le choix... C'est pour mon bien j'imagine.

Allez, journal, bonne nuit et à bientôt. 


Seule(ment).Où les histoires vivent. Découvrez maintenant