[la fin]
Salut journal. Alors, comment tu vas depuis ?
Moi, je suis pas mal "down". Je ne sais pas comment l'expliquer, une nouvelle page se tourne. ça fait partie de la vie, c'est comme ça, je le sais bien. Pas le choix. Mais bon, ça fait bobo quand même, un peu trop à mon goût même, mais je ne peux rien y faire, ma foi.
L'heure est venue de s'en aller, de represser "play" à la vie. D'arrêter de fuir et de partir. Partir pour ne plus jamais revenir.
Beaucoup de choses restent en suspens, beaucoup de choses que j'aurais aimé te dire, beaucoup de choses que j'aurais aimé partager avec toi. Mais il doit bien y avoir une fin: il y a une fin à tout. Tu a partagé avec moi beaucoup, beaucoup de choses importantes mais tout ça c'est du passé pour moi, tu comprends? Je n'ai pas le choix.
Alors oui, je ne vais pas le nier, beaucoup de choses vont me manquer, vraiment beaucoup.
Comment se fait-il que je sois nostlagique si rapidement et de quelque chose qui m'ait tant blessée? Je n'en ai aucune idée. C'est ainsi.
Il est 20h55 et je suis de retour chez-moi. Comment te décrire cette sensation si spéciale?
Je suis partie de l'hôpital il y a quelques heures hein, mais j'ai du mal à réaliser. C'est comme revenir d'un long voyage durant lequel tu as appris beaucoup de choses. ça fait grandir et au retour, on ne veut qu'y retourner, en boucle. Tout ça pour vivre et revivre encore et encore tous les moments spéciaux. Je ne dis pas que je veux retourner à l'hôpital hein, loin de là. Je n'ai pas demandé à sortir de là-bas juste comme ça, c'était pas mal réfléchi. Mais tu vois, là-bas, j'ai beaucoup appris et même si je ne suis pas capable de te décrire quoi, ces choses-là sont là, au fond de moi, je le sais. Je crois que mon bouclier s'est renforcé. Tu sais, le bouclier qu'on a tous en nous face aux situations délicates et difficiles? Mais je ne crois pas que ce soit tout. Je crois avoir appris bien plus, mais quoi? Je n'en ai aucune idée.
Je crois avoir changé, beaucoup même.
Alors, tu vois journal, certains trucs vont me manquer. Certains trucs m'ont marqués. Certains trucs sont gravés en moi.
Tu penses sûrement que j'exagère mais ce n'est vraiment pas le cas. Tu sais là-bas, j'ai construis beaucoup de choses. Et j'en reviens bien plus forte: peut-être même prête à affronter la vie.
Donc peut-être que je n'ai jamais mis à exécution mon plan de "saut dans le vide", peut-être que je ne suis pas "guérie", peut-être que je n'ai jamais eu besoin d'être hospitalisée, peut-être qu'en restant, j'accepte d'affronter les bas qui feront et referont surface dans ma vie. Peut-être que je suis et resterai la fille la plus "brouillon" que je connaisse. Peut-être que je ne saurai jamais parler de moi correctement ni décrire mes émotions. Mais après tout ça, peut-être tout simplement que je suis prête.Prête à surmonter tout ce qui m'attends dans ma vie. Prête à vivre. Peut-être. Je crois.
Et rien que pour ça, je ne leur dirai jamais assez merci.
C'est niais hein, mais je le pense vraiment.
Tout à l'heure, en quittant ma chambre d'hôpital, en la laissant vide, je me suis demandé qui me remplacerait, qui prendrait ma place dans cette chambre, quel serait son vécu, sa raison d'être là. Et puis, je me suis dit que je n'aurais jamais la réponse. Car peu importe qui me "succéderait", je me dis que cette personne apprendra à passer outre, elle-aussi. Je l'espère pour elle en tout cas. Ce sont les expériences qui nous forgent, après tout. Je crois qu'une hospitalisation en est une spéciale. Et chacun la vie différemment.
Il n'y a pas de mode d'emploi à la vie. On ne choisi pas.
Alors voilà. Je ne sais pas trop quoi ajouter.
J'ai revu J. et je reverrai Samsam' tout bientôt aussi. Je leur souhaite tout le bonheur du monde à ces deux là, ils ont tellement marqué ma route. Je me dis que je n'ai pas fait qu'apprendre à passer outre mes soucis, j'ai aussi rencontré des gens exceptionnels et crois moi ou non, ces gens-là sont peut-être plus importants que d'autres gens que je connais depuis la maternelle. Et je me dis que si je les avais rencontré dans un autre contexte, on n'aurait jamais été aussi proches. Au final, c'est une histoire qui se termine bien.
J'aimerais pouvoir te dire que la fin c'est qu'ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants, comme dans les contes, mais il faut l'accepter,un jour ou l'autre, la vie n'est pas un conte, loin, très loin de là. Et même si c'est difficile de l'accepter, même si, oui, la vie n'est pas toujours toute rose, même si les histoires ne se finissent pas toujours bien, il y a toujours une lumière au bout d'un tunnel, non?
Et c'est ce qui est important pour moi, en ce moment. J'ai besoin de me dire que je n'ai pas fait tout ça pour rien, que tous les gens que j'ai rencontrés, que toutes les larmes que j'ai laissé couler, que tous les mots que j'ai prononcés puis regretté, que tout ça, ce n'était pas en vain. Qu'en me faisant hospitaliser tout ce temps, je n'ai fait qu'avancer dans ce tunnel qu'est la vie. Et qu'un jour, que je le veuilles ou non, la lumière finira par se montrer. Il suffit de continuer d'avancer. Hors de question de reculer mainteant.
Alors voilà. Aujourd'hui, je suis rentrée. Enfin. Après tout ce temps.
Katty et Ethan sont plus présents que jamais pour moi. Tyler et Adelia m'ont promis de venir et revenir me voir et même de m'écrire régulièrement. Les autres infirmiers m'ont affirmé qu'ils étaient là pour moi quoi qu'il en soit, eux aussi. Mme Crytaux m'a écrit pour me demander de mes nouvelles. Mes parents m'aiment et je le sais, c'est d'ailleurs réciproque plus que jamais. Puis, Kidy arrive bientôt. Sans compter J. et Samsam' que je ne compte pas laisser tomber. Comment ne pas être heureux parmis tout ce petit monde en or?
Enfin voilà journal.
Il est temps pour moi de te faire mes adieux. Je crois que tu as bien compris que tu n'as pas été "personne" pour moi. Tu ne m'as jamais lâchée et je t'en serais reconnaissante toute ma vie. Je ne t'oublierai jamais. Je ne peux pas. Peu importe le fait que tu ne sois pas fait de chair et d'os.
Et je pense que tu as pu voir que j'allais m'en sortir, si je suis capable de le faire, qui ne le serait pas?
Je gère.
Je t'aime fort journal, vraiment. Tu vas énormément me manquer. Mais c'est la fin.
Adieux 'tite tête. Merci infiniment...
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Seule(ment).
Teen Fiction« Moi c'est Lucy et j'ai 17ans. C'est peut-être un peu bizarre de commencer à écrire dans un journal intime à 17 ans, tu ne crois pas? Mais peu importe. S'il faut en finir autant l'écrire. » Merci à tous ceux qui ont été là pour moi durant cette pér...