Seule(ment).

La visite

[qu'importe quand]

Salut journal, comment vas-tu?

Aujourd'hui, moi ça va pas trop trop mais ne t'en fais pas, je ne t'écris pas pour ça.

Si je t'écris, c'est pour te parler de la visite que j'ai eu aujourd'hui: une visite pas comme les autres. Je suis sûre que toi-même tu ne t'y attends pas.

Pour commencer, je vais essayer de te placer le contexte de cette visite si "spéciale".

La dernière fois, j'avais terminé en te demandant si tu pensais que je manquais à quelqu'un dehors, tu t'en souviens? Je crois bien que c'est lié, au fond.

En fait, ce matin quand je me suis réveillée, j'avais extrêmement mal à la tête, j'étais vraiment pas bien. Alors, je suis allée voir J., j'avais besoin de lui parler. Du coup on a parlé un peu de tout et de rien, de sa sortie qui approche à grand pas et son ressenti par rapport à ça. Il m'a dit qu'il voulait s'en aller même si tout allait changer et moi, je lui ai dit qu'il allait me manquer. 

A ce moment-là, j'aurais aimé qu'il me prenne dans ses bras, qu'il me dise que tout allait bien se passer, que j'allais très bien me passer de lui avec ne serait-ce qu'un petit sourire en coin des lèvres. Mais au lieu de ça, il s'est levé et m'a dit que je ne le connaissait pas assez pour lui dire ça. Puis, il est allé dans sa chambre. J'étais pas au top de ma forme après ça mais tu verras que la suite a très vite changé mon point de vue.

Plus tard dans la journée, il a eu droit à une sortie de "longue durée" accompagné de sa mère. Donc, il est sorti, le temps de se balader et de revenir. J'ai trouvé ça plutôt bizarre d'ailleurs. En temps normal, il aurait pris beaucoup plus de temps dehors, mais apparemment, il avait un entretien donc il n'est pas revenu vers moi. Et là, une infirmière que je n'avais jamais vu avant est venue vers moi. Elle s'est approchée en me disant: "Bonjour Lucy, moi c'est Adelia. Je suis la nouvelle infirmière d'ici. C'est Tyler qui m'a demandé de venir te voir et de te porter une attention particulière. Il ne t'a pas oublié, tu sais?". Elle était tellement gentille et si jolie. J'étais beaucoup trop touchée. Je l'ai remercié, elle, puis Tyler, et je lui ai dit bonjour, évidemment. Elle m'a souri puis m'a demandé de la suivre.

Apparemment j'avais un rendez-vous qui était prévu pour moi, mais personne ne m'avait prévenu avant, bizarrement. Elle m'a donc accompagnée jusqu'à la salle d'entretiens, mais quand je suis rentrée mon coeur s'est arrêté. Je m'attendais à tout sauf à ça. J. avait demandé à me voir parce que sa maman voulait me rencontrer. J'ai donc pris place rapidement et Adelia est partie en fermant la porte derrière elle.

Avant de te parler de cette visite imprévue et improbable, je vais te décrire Adelia. C'est le genre de personne qui marque ton esprit, que tu ne peux oublier que très difficilement.

Adelia est petite, toute fine et vraiment jolie. Elle est blonde et ne me demande pas comment, elle a des reflets roux. Je n'avais jamais vu ça sur personne mais ça lui va parfaitement bien. Sinon, ses yeux sont grands et marrons très très très foncés. Ça lui donne un air sérieux mais ça ne colle pas avec sa personnalité. Puis, elle a un style vestimentaire bien à elle mais je la trouve super belle. Puis pour finir, elle est drôle et son sourire est contagieux. Elle apporte de la lumière dans la vie des gens: c'est un vrai rayon de soleil.

Elle a connu Tyler à l'école des infirmiers. Apparemment, ils sont sortis ensemble pendant 3 ans mais leurs chemins se sont séparés, ils ne s'aimaient pas de cette façon là mais ne l'ont compris que bien après. Du coup, ils sont restés amis, meilleurs amis même. Un truc spécial les lie. Ils se disent tout. Voilà comment elle a su pour moi, tu sais, que Tyler était mon infirmier. Et en lui posant pleins de questions, j'ai appris que Tyler m'aimait beaucoup et que je lui manquait. Il espère de tout coeur que je me rétablisse rapidement, elle me l'a dit. Elle est adorable.

Donc bon, revenons-en à la visite si spéciale que j'ai reçu aujourd'hui.

En gros, la mère de J. voulait me voir, comme je te l'ai dit tout à l'heure. Elle voulait me parler et voir qui j'étais. Elle voulait me rencontrer.

Arrivée dans la salle, j'ai regardé J. d'un air étonné. Tu m'étonnes, qui ne serait pas étonné de vivre une situation pareille? 

Lui, il m'a juste souri en me faisant signe de m'asseoir à côté de lui, juste en face de sa maman.

Donc, je me suis assise et j'ai demandé ce qu'il se passait. Je ne réalisait pas trop, en fait. C'était vraiment étrange comme situation. Sa mère m'a alors répondu que J. ne parlait que de moi ces temps et qu'en voyant les yeux de son fils s'illuminer à ce point pour la première fois depuis longtemps, elle voulait me voir. Qu'avais-je de si spécial?

Quand elle m'a dit ça, mon coeur a littéralement fondu. C'était si mignon. Du coup, j'ai regardé J. dans les yeux, j'allais commencer à pleurer d'une minute à l'autre et il l'a senti. Il a pris ma main et m'a dit "Ne t'en fais pas, rien ne t'engage à rien. Je tiens à toi, moi aussi. Je ne savais juste pas comment te le dire. Ce n'était pas contre toi, c'était juste... compliqué.". Et en finissant sa phrase, il s'est penché vers moi et a déposé un bisou sur ma joue. J'ai rougi et sa mère a esquissé un sourire.

Elle m'a dit qu'elle était là pour moi si jamais, que je pouvais compter sur elle et qu'elle me trouvait "trop mignonne". Voilà comment s'est terminé la visite. 

En sortant, elle a dit au revoir à J. et m'a prise dans ses bras. J'ai fondu en larmes hahah, tu t'imagines bien journal, j'étais trop touchée, trop émue. Du coup, elle est partie et J., lui, m'a demandé de lui consacrer quelques minutes encore. Il m'a prise par la main et m'a emmené au salon. Il n'y avait personne. Et là, sous le bruit de la pluie qui coulait sur les fenêtres, il m'a embrassé. C'était incroyable, digne des meilleurs romans d'amour. On était officiellement ensemble et on s'aimait. C'était magique. Et niais, oui j'avoue. 

Du coup voilà journal, je t'ai tout dit. 

Je crois avoir assez bien résumé ma journée. 

Maintenant, faut voir comment ça va se passer avec J. et sa sortie, comment on va gérer la distance. Je n'ai aucun doute sur le fait qu'on est prêts à tout surmonter et qu'on y arrivera. Le seul bémol, c'est au combien il me manquera.

Enfin bon, voilà.

Sur ce, bonne nuit journal, fais de beaux rêve 'Tite tête. Gros bisous.