HURTADO DE MENDOZA
paris, france
Le match de la sélection française contre la Moldavie a été un fiasco complet. Antoine s'est énervé à plusieurs reprises sur les joueurs moldaves ainsi que l'arbitre. Il n'est pas concentré et fait absolument n'importe quoi.J'ai également été déconcentrée par les femmes et copines des joueurs qui étaient proches et qui soutenaient leurs hommes avec passion avec des cris de guerre malgré ce match difficile. J'ai dû assister au match dans une loge, complètement seule. Antoine n'a jamais officialisé notre relation, débarquer comme cela sans l'autorisation de ses sélectionneurs seraient une balle dans le pied pour moi.
J'ai trouvé ça assez triste. J'ai commencé à réfléchir. Ça fait bientôt un an que notre histoire a commencé, j'aimerais être sa compagne. J'en ai assez de voir des rumeurs débiles sur les magazines de lui et telle célébrité, j'en ai marre d'être cachée. J'aimerais qu'ils sachent que je suis la sienne et qu'il est mien, pas à ces magnifiques mannequins ou actrices.
Antoine est vraiment en colère après cette défaite cuisante, je suis dérangée par son garde du corps qui m'emmène dans un énorme van, direction mon hôtel.
Ces pensées ne cessent de trotter dans ma tête et ça me fait mal. Pourquoi tient-il tant à me garder secret comme ça ? A-t-il honte de moi ? J'essuie mes stupides larmes en regardant ce beau paysage. Paris est une de mes villes préférées, je suis obligée de la visiter mais je serai seule car Antoine refuse qu'on soit vus ensemble.
Pourtant, il ne cesse de dire qu'il m'aime, que je suis son paradis, la femme qu'il a le plus aimé dans sa vie. Je ne le ressens pas comme tel.
*
Je m'allonge — après m'être douchée, démaquillée, purifiée — dans le lit confortable. Il m'a déniché une superbe chambre d'hôtel en plus — la suite Maria Callas dans le Ritz — avec le service nécessaire pour me sentir bien, me sentir belle. Ce n'est pas suffisant.
J'entends la porte de la suite s'ouvrir, des pas maladroits et bruyants. J'essuie mes larmes en regardant quelle heure il est. Il est deux heures du matin. J'allume la lumière de la chambre en m'asseyant sur le lit. Antoine se tient difficilement contre le seuil de la porte avant de me sourire.
_ « Bonsoir, soleil de ma vie. » dit-il en souriant bizarrement
_ « Buenas tardes. » dis-je, ma voix qui me trahit « Tu es bourré. »
_ « J'ai eu un match difficile. » souffle t-il « Tu aimes ta suite ? »
_ « Notre suite. »
_ « C'est la tienne, chérie. »Il se déshabille complètement puis glisse à côté de moi, dans les draps. Il me plaque contre son corps nu et m'embrasse longuement. Pendant de longues minutes. Je suis complètement amoureuse de cet homme. Je veux qu'il m'accepte comme étant la personne qu'il aime et pas un ingrédient de plus dans sa vie de luxe. Je veux être avec lui. Publiquement. Je veux qu'on sache que je suis celle qu'il aime, que je ne dors plus avec des doutes.
_ « Tengo una pregunta que me molesta mucho. Quiero que... Por favor, sé completamente honesto conmigo. (J'ai une question qui me turlupine. Je veux que... s'il te plaît, sois totalement honnête avec moi) »
_ « Dime todo. » répond t-il
_ « ¿ Te avergüenzas de mi ? (Tu as honte de moi ?) »
_ « Quoi ?! »
_ « C'est ce que je... » les mots me manquent « Así es como me siento. (c'est ce que je ressens) » avoué-je « Tu me mets toujours au dernier plan, tu me caches, tu mets des distances entre nous. Je ne veux pas de toute ta riqueza ! »Je descends du lit pour installer une distance de sécurité entre nous. Je pose mes mains dans mes cheveux en soufflant.
_ « Quand je regardais les femmes de tes coéquipiers tout à l'heure, j'étais incroyablement jalouse. » admets-je « Madame Lloris, Madame Giroud... J'aurais aimé m'asseoir parmi elles, étant Madame Griezmann. »
_ « Madame Karsten Griezmann. »Je fonds presqu'immédiatement en larmes et en lui tournant le dos. Je l'entends me rejoindre, il glisse ses bras autour de moi et embrasse ma tempe.
_ « Tu me considères comme ta sale pute. » sifflé-je
_ « Non... »
_ « Tu me donnes ton argent pour que je m'achète ci et ça, tu n'es jamais vraiment là, Antoine. Que suis-je pour toi. » m'énervé-je « J'avais besoin de toi. J'avais besoin d'être dans les bras de mon chéri. »Je le repousse puis je retourne me coucher, attristée. Je l'entends se rhabiller puis partir de ma suite.