Chapitre 9

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Quelqu'un a dit une fois que la mort était comme un voleur dans la nuit,triste,silencieux et injuste,je ne sais pas pour cette personne mais l'idée que je me fais de la mort n'est pas pareille. Elle arrive aussi imprévisible qu'un train dans la nuit ou en fanfare dont les tambours font vibrer le sol et les cymbales palpiter le coeur.

La maladie la traîtresse,la maladie la trompeuse,la maladie la rieuse,elle s'installe en silence et tue dans un boucan infernal.
Charlie.

C'était la première fois qu'on essayait le Canxidine sur une longue période,on ne s'est rendu compte du mal qu'il faisait à Char que quand il était trop tard,ce foutu produit la littéralement rongé de l'intérieur,ne laissant sur son passage qu'un flot de métastases et les signes d'une mort imminente.

Mon petit frère est maintenant en stade terminal et passe ses derniers jours cloué dans son lit d'hôpital,maintenu en vie par des machines dont le bip incessant n'est que trop agaçant.

-salut Charlie,dis-je en déposant son petit déjeuner sur la table.

Il me regarde et tente de sourire mais échoue,il a l'air encore plus fatigué que le veille,je peux sentir la mort qui se rapproche.

Papa et maman sont assis à son chevet,ils ont l'air fatigués et décidés,mais décidés sur quoi?

-Randy,commence papa en inspirant profondément,ton petit frère va être débranché.

Sur le coup,je ne comprend pas ou du moins,je ne veux pas comprendre,ils ne peuvent pas faire ça,ils ne peuvent pas me le prendre.

-non,chuchoté-je en secouant la tête,pas lui,ne me prenez pas Charlie aussi.

Je continue cette prière silencieuse envers Dieu qui m'a oublié il y'a de cela bien longtemps.

-Miranda,dit-il,je suis fatigué,tellement fatigué.

Je passe la main dans ses cheveux blonds qui commençaient à repousser,toute trace de vie a déjà disparue de ses yeux turquoises,les rendant gris.

-je sais mon ange,je sais.

-laisse moi partir,je t'en pris.

Je secoue frénétiquement la tête,des larmes remplissant mes yeux.

-s'il te plait Randy

-non!non!ce n'est pas juste,pas après lui!

Ça ne fait qu'une semaine que M. Tremwell est parti,je ne supporterais pas une autre perte.

-le monde n'est pas juste Miranda!tu vas avoir mal,tu vas souffrir mais c'est parfaitement normal!c'est une épreuve dont tu ressortira encore plus forte!ta vie ne se termine pas ici,tu peux encore tomber amoureuse,fais des bébés et profite de ce que moi je ne peux pas profiter!je ne te le pardonnerais jamais si tu gaspille une seule seconde de cette vie à être triste et tu sais que Ryan non plus ne te pardonnerait pas.

-mais...mais tu peux encore vivre,ici...

-plutôt mourir que de passer le reste de ma vie ici,je ne veux plus être le patient de la 316.

Il dit cela avec tellement de volonté que je finis par me résigner,à quoi bon continuer?Char n'est plus qu'un pantin maintenu en vie par des appareils électriques,une seule panne de courant et c'en est fini de lui. Je le comprend,il s'est assez battu et il a besoin de repos,je dois le laisser se reposer,je serais un monstre de le laisser vivre comme ça,j'aurais détesté ça,moi.

Je hoche la tête en signe d'approbation.

Maman actionne un bouton sur le mur et quelques minutes plus tard,une horde de médecins débarquent,je suis presque sûre qu'ils étaient cachés derrière la porte,Char avait prit sa décision il y'a longtemps on dirait.

-c'est quand vous voulez,dit l'un d'eux.

Le docteur Éric lui lance un regard noir,je peux lire sur son visage qu'il a presque aussi mal que nous,il s'occupe de Charlie depuis le début du cancer,c'est comme un membre de la famille maintenant.

-prenez votre temps,dit-il de sa voix apaisante.

Maman le serre fort dans ses bras en lui chuchotant quelque chose à l'oreille qui le fait sourire,papa fait pareil,c'est l'une des rares fois où je le vois pleurer,ce qui me prouve que même les plus forts ont leurs moments d'abattement.

Quand mon tour arrive,je le sers tellement fort que j'ai peur de l'étouffer.

-je serais là Randy,je vais l'aider à veiller sur toi,je te le promet,ne perds pas espoir s'il te plait,pleins de bonnes choses vont t'arriver,tu mérites d'être heureuse,tu le seras,il réussit à afficher un léger sourire.

-tu es la meilleure chose qui me soit arrivée Char,dis-je en souriant aussi.

Il ferme les yeux et pose la tête sur son oreiller,inspire et expire très fort avant de les ouvrir à nouveau.

-allez-y docteur,dit-il.

Le Dr Éric hoche la tête et se dirige vers les machines mais pas avant de lancer un regard plein d'affection à Charlie,regard qui cache le message secret "je suis désolé de ne pas avoir put te sauver".

-tu vas nous manquer p'tit gars,lance un des accompagnateurs du docteur Éric.

Je caresse le peu de cheveux qu'il a sur le crâne en lui souriant,souhaitant que la dernière image qu'il ait de moi soit celle-là.

-je t'aime tellement Char,murmuré-je.

-je t'aime aussi Miran...

Ses yeux s'écarquillent soudainement au maximum et sa poitrine se soulève,je le prend dans mes bras et le sert aussi fort que je peux contre moi,petit à petit,je sens son souffle contre mon cou se raréfier,ses poumons cherchant désespérément de l'air,n'ayant pas encore compris que leur travail était fini,je sens aussi son coeur tambouriner de plus en plus lentement contre sa petite cage thoracique,ses battements diminuent au fur et à mesure que le bip des machines.

Je ne sens bientôt plus rien et je comprend que mon petit frère est parti.

N.A:Surpris? ;)

Il va tous nous manquer ce petit Charlie.

M. TremwellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant