Chapitre 6

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Fudou ouvrit les yeux doucement. Il sentait une odeur de café. C'était Sakiyama qui en avait fait ? Impossible, il n'avait pas squatté, pour une fois. Il se redressa sur le canapé deux places, passant sa main sur son crâne lisse.

Il se souvint de la veille. Kidou lui avait ouvert son appartement. Et une bonne bouteille de vodka.

« Alors ? Gueule de bois ? »

Fudou leva les yeux vers Kidou, qui lui tendait une tasse blanche fumante.

« Nan, ça va, je tiens bien. Faut dire que j'ai fait pire.

— Ah oui ? Moi aussi. »

Fudou remarqua le sourire triste qui apparut sur le visage du danseur. Que signifiait-il ? Quand avait-il bu autant ? Pour qu'elle raison ?

« T'es sûr que ça va ? Je veux dire, hier, tu m'as quand même fait une révélation et deux trois souvenirs ont dû remonter, non ?

— Oh, tu sais, c'est du passé, ça. Même si ça remonte, c'est déjà trop loin de moi.

— Alors pourquoi tu le dis avec autant de tristesse dans la voix ? »

Kidou fixa son "élève" quelques secondes, avant de s'asseoir à ses côtés.

« Tu ne peux pas comprendre. Tu ne sais pas ce qu'il m'est arrivé.

— Je peux pas comprendre quoi ? T'as perdu quelqu'un, c'est ça ? Tu me prends pour qui ? Pour un gosse sans cœur et complètement con ?! S'énerva Fudou. On est tous passés par là un jour, que ce soit avec un être humain ou un animal de compagnie !

— Tu as déjà perdu les personnes auquel tu tiens le plus ? Demanda Kidou avec une pointe d'ironie.

— J'ai perdu mes deux parents, si tu veux savoir ! Ma mère est morte et mon connard de père est en taule ! Tu vois, moi aussi, j'en vis, des trucs ! J'ai vécu les mêmes choses que toi à la Teikoku ! Je suis pas né dans le luxe et la joie ! T'es pas seul à souffrir, merde !

Fudou se leva. Cette discussion commençait à l'énerver. Et pourtant, il sentait du remords. C'était Kidou Yuuto, après tout. Justement, Kidou l'observait, sidéré par ce qu'il venait d'entendre.

Akio ! Tu es encore devant cette foutue télé ?! Je vais la vendre, si tu ne fais rien d'autre de tes journées !

« Et merde...

— Fudou-kun ?

— Je rentre, dit alors Fudou, reprenant le contrôle de lui-même.

— Tu n'as pas d'argent pour rentrer chez toi !

— M'en fous, j'rentre à pieds ! »

Il prit ses affaires rapidement, remit ses chaussures et s'en alla, en courant. Son cœur battait à tout rompre. Bordel. Il avait presque engueulé l'homme qui admirait.

* * *

Akio avait quinze ans, presque seize, lorsqu'il découvrit Kidou Yuuto. C'était par hasard, devant la télévision. Celle qu'il avait achetée avec son argent.

Son argent, racketté à quelques petits voyous du bac à sable.

Il n'y avait plus de télévision depuis des années. Ni de maman. Il n'y avait plus que papa. Le père de Fudou avait finalement remboursé ses dettes. Akio avait été de son côté. C'était la faute de ses patrons si ils avaient dû vendre leurs affaires, y compris ses cartes de football et son ballon.

C'était la faute de ses patrons si papa travaillait tout le temps, ne revenant que peu à la maison, durant la nuit.

Mais le jour où Akio se leva, à l'âge de six ans, pour boire, au milieu de la nuit, il comprit que ce n'était pas la faute des patrons si papa frappait maman, ne s'arrêtant même pas lorsqu'elle le suppliait, pleurant misérablement au sol.

El fuego del amorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant