Chapitre 29

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La porte claqua. Puis, un bruit de clés qui s'entrechoquent. Kidou leva les yeux. Il serra son sac sur son épaule. Il vérifia son argent. Il avait assez. Il rangea ses clés, avant de partir d'un pas décidé. Il marcha jusqu'à la gare. Il chercha du regard un départ pour la ville d'Inazuma. Aujourd'hui, il rentrerait. Il verrait Fudou. L'enlacerait. L'embrasserait. Il le tirerait de cette vie de merde.

Il trouva un départ. Kidou acheta un ticket avant d'aller attendre sur le quai, assis sur un banc. Lorsque le train arriva, il eut du mal à se frayer un chemin. Une fois dans le train, il lâcha un soupir d'aise. Son cœur s'embala quand les portes se fermèrent. Il allait revoir Fudou. Il sourit doucement. Il reverrait même ses camarades, qu'il avait laissé sans nouvelles.

Et peut-être qu'il finirait ses études. Son master de... De quoi, déjà ? Il avait totalement oublié, cela faisait environ six mois qu'il n'était pas allé en cours. Il redoublerait sans doute. Et cette fois, il serait obligé de suivre un minimum, ses résultats étant plutôt moyens comparés au collège ou au lycée. S'il avait facilement atteint les seize ou dix-sept avant, il atteignait les douze. Il allait devoir se reprendre en main, au moins pour sa dernière année d’études.

Il trouva une place assise, un peu plus loin, où il s'installa. Il tapa rapidement le numéro de Gouenji, pour lui envoyer un message annonçant son retour. Évidemment, le jeune homme, en pleine période d’examens, lui répondit malgré tout, heureux de pouvoir revoir son ami.
Il avait jugé que, comme toujours, Kidou avait ses raisons, et il ne souhaitait pas lui en demander trop. Ensuite, Kidou prévint Someoka, qui réagit différemment.

« T'as intérêt à avoir une bonne excuse »

Suivi de : « Mais Atsu, Shirou et moi, on a hâte de te revoir »

Le danseur esquissa un sourire. Il mit ensuite Hiroto Kiyama au courant, mais celui-ci devait être occupé, car il ne répondit pas. Il lâcha un simple Vu. Puis, il hésita à informer Sakuma.

Et si Hiroto Kira était au courant par l'un d'eux, même involontairement ?

Kidou lâcha un soupir. Tant pis, il l'apprendrait sur le tas. Gouenji et Someoka ne mettraient que leurs copains respectifs au courant, et Hiroto Kiyama se tairait. « Mieux vaut prévenir que guérir », aurait approuvé Midorikawa.

Le train fit une halte à la ville voisine d'Inazuma. Kidou se leva. Il savait ce qu'il s'y trouvait. Alors il sortit. Lui aussi avait entendu parler de l'arrestation de Kageyama. Et malgré tout ce qu'il avait fait contre lui, son cœur lui rappelait inexorablement le bon côté de cet homme.
Le football qu'il lui avait appris. La danse également. Même si il lui en voudrait toujours pour Haruna, il avait un peu de reconnaissance. Et si par malheur il mourrait, Kidou ne resterait pas indifférent à cela, il le sentait.

Le danseur arriva devant la prison. Il entra par le côté des visites. L'homme au guichet semblait commencer à ranger des dossiers.

- Excusez-moi, je voudrais voir quelqu’un.

L'homme aux cheveux oranges leva la tête de ses dossiers. Il reconnut rapidement Yuuto Kidou, par sa célébrité.

- Bi-Bien sûr… signez ici ! Qui cherchez-vous ?
- Reiji Kageyama.

Le policier se figea quelques secondes avant d'indiquer la salle des visites à Kidou. Ils partirent dans deux directions différentes. Le brun poussa la porte, la refermant derrière lui. Il s’assit du côté des visiteurs, fixant la chaise vide devant lui. A quoi ressemblait Kageyama, maintenant ? Comment réagirait-il en voyant le « traître » ? Si il lui demandait la raison de sa visite, que répondrait Kidou ?

Lui-même ignorait pourquoi il était là.

Ses hésitations disparurent lorsque Kageyama entra dans la pièce. Il avait bien vieilli, et ses cheveux étaient désormais blonds. Depuis combien de temps ne l'avait-il pas vu ?

En omettant la Shin Teikoku, et le spectacle, cela devait bien faire cinq ou six ans. L'homme s'assit devant lui, un sourire aux lèvres.

- Bonjour, Kidou-kun.

- Bonjour, Kageyama, fit Kidou, ajoutant un petit « san » à la fin.

- Je ne pensais pas que tu viendrais me voir après tout ce qui s'est passé.

- Moi non plus, à vrai dire. Mais en arrivant dans cette ville, je me suis senti obligé de venir. Je voulais vous voir, même je ne sais pas trop pourquoi.

- Tu es toujours toi-même, Kidou-kun. Toujours à chercher une raison, une explication.

Kidou se tut. Puis, il reprit la parole, jouant avec ses doigts.

- Kageyama-san, vous voyez qui est Hiroto Kira ?

- Absolument. Le fils de Seijirou Kira, avec qui j'ai eu l'occasion de parler quelques fois, dans ma jeunesse, et il y a environ dix ou quinze ans. Ce petit garnement était aussi perdu que Fudou-kun, quand je l'ai rencontré pour la première fois. C’étaient…

Il réfléchit quelques secondes, comme s'il cherchait ses mots. Comme s'il tentait de se souvenir de ses jeunes années. Il devait sans doute remonter dans sa mémoire, défaillante avec le temps.

- Deux garçons perdus après avoir vu leur mère partir, devant leurs yeux.

- Que voulez-vous dire ? S’étonna Kidou.

- Hiroto Kira a perdu sa mère étant enfant. Elle s'est suicidée, et c'est lui qui l'a retrouvée. Quant à Fudou-kun, sa mère a été tuée par son père, alors qu'il avait trop bu. Et aucun des deux n’était assez fort pour la protéger.

Kidou se tut. Il posa une main sur sa bouche et réfléchit. Il savait comment la mère de Kira était décédée, mais jamais pour Fudou. Alors, il releva la tête vers son ancien mentor.

- Pouvez vous tout me raconter à son sujet ?

- À propos de Fudou-kun ? Je n'en sais que peu.

- Je sais très bien que vous avez fait des recherches sur lui. Exactement comme sur moi. Vous saviez que je voulais entrer à la Teikoku Gakuen, et vous avez fait en sorte que les Kidou m’adoptent.

- C'est bien ce que je disais, rétorqua Kageyama en s’étirant doucement. Tu n'as pas changé.

- Si. J'ai changé depuis qu'elle est morte. Et c’est vous qui m'avez fait changer.

- Monsieur, le temps de la visite est presque écoulé, vint signaler un jeune policier.

Kidou soupira. Il fixa Kageyama de ses yeux ambrés.

- Dans ce cas, je n'ai plus qu'une question. Pourquoi l'avoir tuée ?

- Pour que tu changes.

- Était-ce vraiment nécessaire d'aller jusque là ?! Comme pour moi ?! Comme pour Akio et ses amis ?! S’écria Kidou, se levant de sa chaise.

- Tout à fait. Ou presque.

- Presque… ?

- Haruna Otonashi ne devait pas mourir de mes mains.

Le danseur écarquilla les yeux, lâchant un soupir de surprise. Kageyama le fixa à son tour. La visite se termina sur les mots du prisonnier, le plus sérieusement possible :

« Je n'ai jamais débranché Haruna Otonashi. »

El fuego del amorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant