Chapitre 21

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La nuit qu'ils passèrent le jour du feu d'artifice fut pour les deux étudiants indescriptible, il leur fut impossible d'expliquer ce qu'ils avaient ressenti. Ce plaisir offert l'un à l'autre ne pouvait pas se définir avec de simples mots ou même une description détaillée. Ils savaient ce qu'il s'était passé, mais aucun des deux n'aurait pu trouver le mot parfait pour l'expliquer.

Ç'avait été le bonheur. Le plaisir total. Les geignements et cris répétés de Fudou, les mains de Kidou. Leurs noms entremêlés dans un flot de bonheur exquis qui ne semblait pas vouloir s'arrêter. Tout avait été si bon qu'ils s'étaient perdus. Perdus, se faisant emporter et noyer par toutes ces sensations.

Fudou se réveilla le premier, ne sentant aucune force en lui pour se lever. Il fixa le réveil devant lui, celui de Kidou. Il était onze heures quarante. Le garçon lâcha un soupir d'aise en sentant les bras de son amant se resserrer sur lui. Il esquissa un sourire, heureux d'être en vacances. Il resterait toute la journée dans les bras du danseur.

Il remonta ses mains pour venir se frotter les yeux, quand il vit l'anneau qui brillait à son doigt. C'était un anneau argenté surmonté d'une pierre semi-précieuse rouge ; une spinelle rouge noble, entourée de deux petites émeraudes sur les côtés. Fudou sourit.

Il avait dû débourser une fortune, pour cette bague. Ce rouge lui rappelait les yeux de Kidou, et les émeraudes semblaient être aussi vertes et brillantes que ses propres iris. Fudou se retourna,enfonçant son visage dans le creux du cou de son fiancé.

Son fiancé. Si on lui avait dit que son fiancé serait Yuuto Kidou, il ne l'aurait jamais cru. L'ancienne crête de coq rouvrit les yeux. Si il avait eu un coup de foudre et son amour grandissant, qu'en était-il pour Kidou ? Pourquoi avait-il répondu à ses sentiments ? Rien ne l'obligeait vraiment. Peut-être que Kidou faisait semblant ?

Qu'il n'aimait pas Fudou et qu'il avait pitié de lui, tout simplement ?

Fudou lâcha un geignement. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas ressenti cette douleur au milieu de sa poitrine. Cette douleur qu'il ne pouvait pas retirer si facilement. Cette douleur qu'il avait tant et tant refoulée. Qui avait disparue depuis qu'il avait rencontré Kidou. Fudou murmura doucement le prénom de son amant.

Devrait-il encore souffrir longtemps ? Maintenant que Kageyama et Hiroto n'étaient plus là, pourquoi se questionnait-il autant ?

- Yuuto...

Il détestait ça. Il détestait ce qu'il était en train de faire. Il détestait ce qu'il était. Il détestait être faible.

- Ne pleure pas, Akio...

Fudou releva la tête, les larmes aux yeux, accroché au haut de Kidou, qui lui souriait tendrement. Le danseur caressa du bout des doigts la joue du plus jeune.

- Yuuto, tu m'aimes ?

- Bien sûr que oui, répondit l'intéressé, sans hésiter une seuleseconde.

- Pourquoi est-ce que tu m'aimes ?

- Pourquoi ? Répéta Kidou, surpris.

Fudou enfonça sa tête dans le torse de Kidou.

- Eh bien... je dirais que je ne sais pas vraiment.

Le garçon aux yeux verts redressa la tête. Kidou le fixait, un air de réflexion sur le visage.

-<<Si vous aimez quelqu'un pour sa beauté, ce n'est pas de l'amour,mais du désir. Si vous aimez quelqu'un pour son intelligence, ce n'est pas de l'amour, mais de l'admiration. Si vous aimez quelqu'un parce qu'il est riche, ce n'est pas de l'amour, c'est de l'intérêt. Mais si vous aimez quelqu'un sans savoir vraiment pourquoi, c'est ça, le vrai amour. >>

Fudou se tut. Il connaissait aussi cette citation. Il savait qu'il éprouvait du désir pour Kidou, car le danseur était sexy - ce qu'il avait déjà souligné - et qu'il l'admirait aussi un peu.

- Est-ce que... ça veut dire que je ne t'aime pas ?

- Non, ça veut dire que même si j'éprouve du désir pour toi, je t'aime quand même. Tu as bouleversé mon cœur, Akio Fudou. Ne l'oublie pas.

Fudou se mit à rire doucement. Kidou fronça les sourcils.

- Moi qui m'inquiétais pour rien...

- Tu t'inquiétais ?

- Nah, oublie.

Kidou lâcha un soupir d'exaspération, avant de venir embrasser le plus jeune.

- Vivement janvier prochain...

- Oui, dit Fudou, un sourire aux lèvres.

Janvier de l'année suivante, celle où il serait enfin majeur, pour lui. Dans sa tête, il ne l'était pas. Émancipé ou pas, il voulait être sûr d'être majeur.

- Yuuto ?

- Oui ?

- Prends-moi.

- Obsédé, va.

- C'est un ordre, ricana Fudou, tirant Kidou à lui.

L'adulte souria doucement. Non, vraiment, il ne voyait pas comment il pouvait lui résister.

* * *

Fudou arriva devant chez lui, une valise à la main. Il avait décidé de s'installer chez Kidou définitivement. Il ouvrit en premier sa boîte aux lettres, récupérant une dizaines d'enveloppes. Il sortit ses clés sans ouvrir une seule lettre et déverrouilla son ancienne habitation. Il poussa la porte, la refermant derrière lui. Il mit sa valise et ses lettres dans l'entrée, puis entra dans le salon. Il ne pensait récupérer que quelques objets et ses vêtements, sans plus.

L'odeur et l'ambiance à l'intérieur de sa maison le fit déglutir. Il voulait s'en aller d'ici. Il ne supportait pas d'entendre les cris de sa mère à travers ses souvenirs. Il soupira doucement, reprenant son calme. Il récupéra dans le salon ses cachettes d'argent. Il se mit à genoux devant la commode avant de la pousser doucement. Il passa sa main dans le trou sous la trappe, en sortant un vieil album. La seule chose qu'il n'avait pas pu cacher dans sa chambre.

Il ouvrit le cahier, regardant avec attention les photos et leurs légendes au dos. Sa mère, seule, ou avec son mari. Avec ses amis, plus jeune. Et puis sa préférée. Une photo prise par un magazine, où l'on voyait sa mère danser, souriante, avec passion. Et celle qui venait après la montrait avec un grand sourire aux lèvres, ruisselante de sueur, mais la coupe entre les mains.

Fudou esquissa un doux sourire. Il n'avait jamais été plus loin, les pleurs l'arrêtant toujours. Il tourna la page doucement. Ils avaient été heureux, ses parents. Tous les deux, ils étaient très heureux, amoureux. Fudou saisit une photo qui l'intriguait. Sa mère, endormie, à l'hôpital. Il regarda la légende.

« 08/02/20XX

Bienvenue, Akio. »

- Tss...

Fudou baissa la tête, serra les dents. Il imaginait très bien son père prendre la photo et la légender. Il lâcha un geignement. Il commençait à hésiter. Il commençait à regretter, même si son geste était impardonnable. Il haletait de plus en plus. Il devait se calmer. Il laissa tomber le cahier, étouffant. Il appela ses camarades de la Shin Teikoku un par un, à voix basse, puis Kidou. Il geignit. Ses lèvres laissèrent alors passer un mot qu'il ne pensait plus pouvoir utiliser.

- Papa...

* * * * *

Si Akio est vu 99% du temps arrogant et je-m'en-foutiste, il reste toujours un petit pourcent, que j'ai voulu développer ici.

Parce qu'on s'est déjà tous demandé si il / elle nous aimait vraiment, et parce que nos remords nous guettent.

Le prochain chapitre devrait arriver vers mercredi ;)

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