32- Jess

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 Cela fait maintenant une semaine qu'Amy m'a embrassé. Une semaine que nous sommes brouillées. Plus de texto, plus de conversations nocturnes, plus rien. Même pas un contact visuel par la fenêtre. Il faut dire que je me suis bien gardée d'ouvrir les rideaux depuis une semaine. Elle m'a tellement mis en vrac.

Je crois que de toute ma vie, c'est une des pires semaine de vacances que j'ai pu passé, enfermée dans ma chambre à attendre un message que je ne voulais pas lire...

21h: J'allume tout de même mon ordi, parce qu'il fait orage, que j'ai horreur de l'orage et que mes fichus parents ne sont pas là. Les voisins ont gagné un stupide jeu concourt et les ont invités à passer une soirée dans un château à 50 bornes de là. Ils ont dit oui, sur le coup, j'ai pensé que c'était une bonne idée. Qu'ils passent une nuit loin d'ici, de leurs problèmes, ça ne peut que leur faire du bien. Sauf qu'un putain d'orage sec a décidé d'éclater alors que je suis seule dans cette grande maison vide.

Ma meilleure amie me voit connectée et vient de suite à mon secourt.

Sixtine: Alors? Planquée sous ta couette pour te protéger des vilains éclairs?

Jess: Arrête de te moquer, on dirait des bombardements!

Sixtine: Vas chez la voisine te rassurer ^^

Jess: Très drôle. Remarque, Léo serait surement d'un plus grand réconfort que toi.

Sixtine: C'est Amelia qui le garde?

Jess: C'est ce que Myriam m'a dit avant de partir.

Sixtine: Toujours aucun échange verbal?

Jess: Non. Ça discute dans notre dos en ville?

Sixtine: Non, pas vraiment. Emma a demandé pourquoi tu n'étais pas là hier soir. Amelia a baissé la tête et Hilena a répondu pour elle.

Jess: Qu'est-ce que qu'elle a dit?

Sixtine: La stricte vérité XD que vous vous étiez embrassées et que depuis tu étais très embarrassée :D

Jess: Vas-y moque toi.

Sixtine: Rends toi compte du ridicule de la situation! Je balise pendant des mois à pas savoir si je dois te dire ou non que je sors avec une fille alors que pendant ce temps, tu fais la même chose de ton côté, c'est énorme.

Jess: Ce n'est pas du tout la même chose. Emma est une fille douce, intelligente et pleine d'esprit. Amelia n'est qu'une boule de nerfs agressive qui ne comprend rien à rien.

Sixtine: Peut-être, mais ça protège vachement bien de l'orage à ce qu'il parait :D

Sur ce, elle se déconnecte. Il y a des fois, je la déteste.

23h: Il fait toujours orage. Les éclairs zèbrent le ciel et me font d'autant plus flipper maintenant que la lumière est éteinte. Bien cachée dans mon lit, je remonte la couette jusque sous mon nez. J'entend des bruits qui sont à coup sûre le fruit de mon imagination, mais je n'y peux rien, pas moyen de fermer l'oeil. Je tente de me rassurer en rallumant la lumière mais alors que j'appuis sur l'interrupteur, rien ne se passe. Manquait plus que ça.

Je tente de prendre un grande inspiration en gonflant mon ventre et c'est la que je la sens, l'aiguille qui vient se caler entre deux de mes cotes, juste à gauche. Non, c'est pas vrai, je ne peux pas faire une crise d'angoisse là, comme ça, au milieu de la nuit alors que je suis seule. Je tente de me ressaisir.

Bon, tan pi pour mon égaux, il y a un moment, il faut savoir le mettre de côté pour sa survie. J'enfile le premier jean qui me passe sous la main et une veste prise au hasard dans la pénombre. J'attend bien deux minutes devant la porte d'entrée avant d'arriver à l'ouvrir. Je lève la tête vers le ciel noir, toujours pas une goutte mais on pourrait croire qu'il est vivant. Les ombres, les éclairs, les nuages, le vent... Tout ça le fait se mouvoir comme s'il était vraiment habité, habité par un être dont le seul but dans la vie est de me faire flipper.

Je cours dans l'allée, traverse la route et franchie le portail d'en face. La maison toute entière est éteinte. Logique en même temps s'il n'y a plus d'électricité. Je frappe. Aucune réaction. Ce n'est pas possible, Amelia n'a pas pu amené Léo en moto, elle n'est pas aussi inconsciente que ça. Puis, en écoutant bien, j'entend des voix derrière la maison. Je m'approche doucement et les vois de dos.

Amelia et Leo sont assis sur le mur qui soutient la terrasse, les pieds dans le vide, ils regardent tranquillement les éclairs en mangeant une glace. Je retire ce que j'ai dis, elle est inconsciente.

— Si si, dit Amelia à son neveu. C'est un nuage d'air chaud qui rentre dans un nuage d'air froid. Et comme ils sont pas à la même température, sa frotte et ça crée des éclairs. Et eux, ils viennent viser le truc le plus haut pour tomber dessus, c'est pour ça qu'il faut pas rester sous les arbres.

— Et tata, c'est quoi le truc le plus haut ici?

— La croix, au point de vu la haut, c'est pour ça qu'on risque rien.

Oui, forcément, vu comme ça, je vais passé pour la trouillarde du siècle. Je tente de garder une certaine contenance. Je croise les bras sous ma poitrine, l'air sévère et m'approche d'eux.

— Dites donc, depuis quand monsieur Léo a le droit de rester debout jusqu'au milieu de la nuit?

Surpris, ils se retournent tous les deux. Léo ouvre de grands yeux, pris en flagrant délit. Amelia, elle, regarde sa montre.

— Merde, j'avais pas vu l'heure. Aller hop, au lit. Si tu vas te coucher tout de suite sans faire d'histoire, je ne dirais pas que tu t'es nourri de glace.

— Dac, répond le petit. Et moi je ne dirais pas que tu m'as laissé faire.

Alors que son neveu fonce dans la maison, Amelia me toise étrangement.

— Qu'est-ce que tu fais là? demande-t-elle d'un ton froid.

— Je suis venue vous surveiller.

Elle n'est pas dupe un instant alors j'abdique.

— Je ne peux pas rester seule. Je peux dormir ici? 

Dix minutes par jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant