33- Amelia

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— Tata! Ya plus de lumière!

Alors qu'il faudrait que je réponde à Léo, je reste muette, bouche entrouverte face à Jess. Elle a bien dit ce que j'ai entendu?

— C'est rien Léo, les plombs ont disjonctés à cause de l'orage, répond Jess. J'arrive. Vous avez une lampe torche?

Elle s'adresse à moi. Il faut que je réponde quelque chose. Je me reprend en main.

— Oui.

Elle incline la tête sur le côté, amusée de me voir dans cet état.

— Oui à quelle question?

— Les deux.

Sans rien ajouter je tâtonne jusqu'à la buanderie et récupère une lampe. Je monte à l'étage pour coucher Léo, fermer ses volets et lui donner le bisou qu'il réclame. Jess reste dans l'encadrement de la porte, toujours amusée. Je fais mine de rien et vient fermer la porte pour l'emmener dans ma chambre.

— Je ne suis pas sûre que Myriam et Marc apprécie que je fasse dormir quelqu'un dans leur lit alors tu n'as qu'à prendre le mien. Je dormirai sur le canapé.

— Tu es sûre? demande-t-elle.

— Oui, si tu as peur, ce n'est pas dans un salon entièrement vitré que tu seras rassurée.

Bien. J'ai bien gérée là. Je suis fière de moi.

— T'as besoin de quelque chose pour dormir? Genre un T-shirt ou quoi? je rajoute comme si ce genre de truc m'arrivait souvent.

— Non c'est bon, j'ai juste enfilé un jean pour venir ici, c'est mon haut de pyjama...

Un minuscule débardeur... ça doit être plaisant de dormir à ses côtés... Mais ce n'est pas le moment de penser à ça. Je la laisse et descend dans le salon, j'enlève mes fringues et me glisse sous le plaide du canapé.

J'avais raison, les canapés en cuir c'est vraiment pour se la péter. À part à coller aux fesses, ça ne sert à rien. Je tourne et me retourne dans mon lit d'une nuit mais je n'arrive pas à trouver le sommeil. Ce n'est pas la présence de Jess à l'étage ou ce fichu orage qui me gène mais j'ai oublié de prendre mon T-shirt. Ce que j'oserai appeler mon doudou. Je n'ai pas dormi sans depuis mes 6 ans. Je n'arrive pas à caler ma tête correctement sans lui. Il n'y a pas moyen, il faut que j'aille le chercher.

Je grimpe doucement les marches en espérant ne réveillé personne, pousse délicatement la porte et entre comme une voleuse dans ma propre chambre. Alors que Jess se réveille je tente de planquer le T-shirt derrière moi.

— Qu'est-ce que tu fais? demande-t-elle.

— Je cherche mes clopes. Désolée, je ne voulais pas te réveiller.

— C'est rien, je n'arrivais pas à m'endormir. Tu... Tu voudrais bien dormir avec moi?

J'en échappe le T-shirt. Décidément, cette nuit est pleine de surprise. Je m'apprête à refuser, en guise de représailles après la baffe de l'autre fois. C'est alors que je le vois. Son jean, négligemment jeté sur ma chaise de bureau. Un éclaire zèbre le ciel et je vois distinctement le H écrit au marqueur à l'intérieur de sa poche.

Merde. Ok, il faut que j'en sache plus. J'accepte et vient la rejoindre dans le petit lit une place, restant le plus loin possible d'elle, à la limite de tomber. Elle s'accroche à ma taille et me fait glisser contre elle plaçant sa tête sur mon épaule, m'entourant de ses bras. La position est loin d'être inconfortable.

Je regrette de dormir en culotte et en brassière. J'ai tout le loisir de sentir sa peau contre la mienne et ça me décontenance totalement.

— Jess, je voudrais savoir à quoi tu joues. Avant les vacances tu me reproches de t'avoir embrassé et maintenant ça? Je suis un jouet pour toi?

— Non... répond-elle d'un ton sincèrement désolée. Je... Tu m'as manqué.

— Je t'ai manqué mais tu ne veux pas sortir avec moi.

— Ce n'est pas ça, il y a d'autres facteurs qui entrent en jeu.

— Comme quoi?

— N'importe quelle question mais pas celle là s'il te plait.

N'importe? Ça tombe bien, j'en ai une toute trouvée.

— Pourquoi la princesse que tu es a besoin de s'habiller au secours populaire?

Je la sens se raidir à côté de moi et elle enlève sa main de mon ventre. Je regrette déjà ce contact.

— C'est Morgane qui te l'a dit, c'est ça? Que je suis bête, je savais que je n'aurais pas dû porter son jean. Tout le lycée va être au courant.

Je me redresse sur les coudes et vient la serrer dans mes bras pour la calmer.

— Rassure toi, elle ne l'a dit qu'à moi, même Hilena ne sait rien. Mais... Pourquoi?

Elle attend quelque secondes qui me paraissent une éternité avant de répondre.

— Je ne suis pas une princesse comme tu le crois. La maison, c'est tout ce qui nous reste. Mon père a perdu son job pour avoir frappé son patron. Depuis, ma mère enchaine les petits boulots pour payer les factures et remplir le frigo. On a plus rien.

— Il a frappé son patron?

— Le PDG de sa boite harcelait une assistante. Elle a porté plainte mais ses avocats étaient moins bon que ceux du patron. Un jour, il a été le voir pour lui dire de se calmer. Son patron lui a ri au nez et a mis une main au fesses de sa secrétaire pour lui montrer qu'il faisait ce qu'il voulait. Mon père l'a frappé.

— Il a eu la bonne réaction si tu veux mon avis.

— Oui, je pense aussi, mais maintenant, si les gens le savait...

Je colle mon front contre le sien pour qu'elle puisse voir mes yeux malgré la pénombre.

— Tu te préoccupes trop de ce que les gens pensent.

— Oui, tu as raison.

Elle me scrute des ses yeux bleus et me bouleverse totalement avant d'ajoutée:

— Amy, embrasse moi.

— Quoi? Non! Je n'ai pas envie de me recevoir un coup moi aussi.

Elle me repousse sur le dos et avant que je n'ai le temps de protester vient s'assoir sur les hanche. Je retiens mon souffle tan il est difficile de me retenir.

— Ça resterai entre nous, ajoute-t-elle en s'approchant jusqu'à ce que je sente son souffle sur mes lèvres. On aura pas a se préoccuper du reste du monde.

— Mais...

— J'en ai très très envie. 

Dix minutes par jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant