Le Souverain Gelé - Tome 1 [En Cours]

Partie I - 4 hinvels avant.3 : Désolation

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Préférant garder son fils à l'œil, elle l'emmena avec elle rejoindre les troupes encore debout plus loin dans la ville.

Khurt en profita pour constater les dégâts de Kalveran et s'en mordit les lèvres en voyant des coins de murailles effondrés. Certaines tours aux toits pointus, couverts de tuiles, étaient encore en flammes ; aussi craignait-il que l'une d'entre elles ne s'écroulent également.

Auparavant une magnifique cité agencée en un cercle uni protégée par des murailles avec deux grandes portes pour contrôler les sorties et les entrées, Kalveran respirait désormais la désolation. Cette constatation fit pincer le cœur de l'adolescent : Adalon finirait-elle un jour dans le même état ?

Sa mère l'aida finalement à traverser un quartier qu'il avait bien connu : des rues espacées et fleuries, emplie de marchands vivaces et de personnes aux sourires joyeux malgré la menace constante. Les habitations à base de bois furent relativement belles : chaque maison possédait sa propre tourelle et son gâble, dont les couleurs et ornements variaient d'un édifice à l'autre. Les balcons ainsi que les corbeaux caractérisaient l'architecture de cette ville autrefois merveilleuse, mais désormais bien sinistre : très peu d'habitats avaient survécu au carnage.

Les yeux de Khurt s'écarquillèrent en remarquant un bras tendu vers le ciel s'échappant de sous une décombre. Il eut un mouvement de recul et détourna son visage vers celui de sa mère. L'expression affligée de cette dernière confirma ses doutes.

Si certains avaient échappé aux Fataks, d'autres avaient été ensevelis par les ruines.

Instinctivement, Khurt se rapprocha de sa mère mais ses yeux restèrent rivés sur ce spectacle désastreux. Il ne souhaitait pas s'en détourner. Il préférait affronter la réalité, aussi dur soit-elle.

Pourtant, au plus profond de son être, il désirait ardemment la changer.

Que fallait-il faire pour que ce monde cesse de se détruire ?

Une fois la ville traversée, ils s'arrêtèrent devant l'un des seuls édifices encore debout : le temple de Kalya, où la majorité des guerriers et Apôtres s'étaient réunis.

Khurt glissa son regard sur la grande statue argentée dansante de la déesse ; de cette femme qu'il n'avait jamais vue, ni jamais entendue.

Il sentit une haine profonde l'envahir lorsqu'il vit le sourire ignoblement chaleureux de l'idole figée sur son visage trop parfait.

Il la détestait.

Elle semblait si heureuse, si accueillante, si bienveillante qu'il eut envie de vomir.

Kalya, les Apôtres et leur Dévoués... Que faisaient-ils réellement pour le monde ?

Existait-elle vraiment par ailleurs ?

Ces questions le tourmentaient depuis son plus jeune âge, mais les événements récents ne faisaient qu'accroître ses doutes par rapport au monde actuel.

— Saphire ! Khurt ! cria une voix d'homme fatigué mais vibrante.

Khurt fut tiré de ses pensées lorsqu'il remarqua que son plus proche mentor s'approchait précipitamment vers lui. Soudainement ému de le savoir vivant, Khurt ne put retenir la joie égayer ses lèvres, ni le soulagement se refléter dans ses yeux.